Il y a quelques jours, la presse algérienne a annoncé, de manière plutôt lapidaire, la fin officielle du projet d’installation d’une usine de fabrication de véhicules de marque Fiat à Tiaret, dans l’Ouest du pays. Cette discrétion n’était pas dictée par une quelconque volonté de minimiser cet échec pour l’Algérie qui perdait là une occasion d’attirer un investissement étranger à la fois conséquent et symbolique.
En réalité, c’est le caractère attendu et peu original de l’information qui explique son traitement modeste. Depuis son lancement au début des années 1980, ce projet est très vite devenu un serpent de mer (un peu à l’image du métro d’Alger qui, à l’inverse, va enfin être finalisé, près de trente ans après son lancement !). De reports en vrais-faux redémarrages, « l’usine Fatia » - telle était sa dénomination – a alimenté une chronique de l’impuissance dont il a été très vite évident qu’elle se solderait par un échec.
Mais si l’abandon de ce qui devait être la première usine automobile d’Afrique du nord n’a surpris personne, il faut tout de même le mettre en perspective avec l’annonce, faite par Renault, d’investir 1 milliards de dollars dans la zone franche de Tanger au Maroc pour y construire une usine d’assemblage « low cost » avec une capacité maximale de 400.000 voitures par an dont 90% seront destinés au marché européen.
A moins d’une semaine d’élections législatives à haut risque – avec la perspective d’une percée importante des islamistes – le Maroc vient ainsi de confirmer sa capacité à attirer l’investissement étranger quelles que soient les inquiétudes que sa situation politique et sociale engendre et, surtout, quand son voisin algérien peine en faire de même (exception faite dans le secteur des hydrocarbures et de la construction).
Comment expliquer cela ? Il faut d’abord relever le choix stratégique du Maroc dans sa volonté de développer Tanger et d’en faire une plate-forme logistique incontournable en Méditerranée. A cela, il faut ajouter une certaine bienveillance des milieux d’affaires hexagonaux à l’égard du pays de Mohammed VI. Depuis plusieurs années, un certain nombre de grands patrons français militent ouvertement pour aider le Maroc et mettent leur carnet d’adresse et leur influence au service du Royaume qui sait bien leur renvoyer l’ascenseur.
A l’inverse, l’Algérie a du mal à « se vendre » comme terre d’investissement et ne semble représenter pour les firmes occidentales qu’une grande surface commerciale où il est plus rentable d’écouler des produits finis plutôt que les fabriquer sur place, cela alors que, dans bien des secteurs, une implantation locale serait cohérente avec la taille du marché et de la demande.
A cet égard, il serait intéressant de savoir comment le gouvernement algérien compte réagir à l’investissement de Renault au Maroc. C’est d’autant plus important que la marque au losange fait partie des principaux fournisseurs du marché algérien qui, avec en moyenne 180.000 véhicules importés par an, reste le plus grand du Maghreb. Va-t-on voir demain une Logane assemblée au Maroc être exportée à destination de l’Europe avant d’être revendue en Algérie ?
De façon générale, c’est toute la stratégie économique algérienne qui est interpellée par l’investissement de Renault au Maroc. Avec un baril de pétrole à 70 dollars qui lui offre une réelle aisance financière – et une tranquillité sociale, le gouvernement algérien fait-il suffisamment pour attirer l’investissement étranger – et donc l’emploi ? Ses réformes sont-elles vraiment prises au sérieux ? N’est-il pas temps, pour lui de prendre lui aussi en compte le fameux principe de réciprocité dont on entend parler en Europe, y compris dans cet antre libéral qu’est la Commission européenne. « Pas d’investissement, pas de marchés » est une expression qui, certes, ne définit pas une politique économique mais, au moins, aurait-elle le mérite de la clarté…
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Sur les importations de véhicules en Algérie :
En réalité, c’est le caractère attendu et peu original de l’information qui explique son traitement modeste. Depuis son lancement au début des années 1980, ce projet est très vite devenu un serpent de mer (un peu à l’image du métro d’Alger qui, à l’inverse, va enfin être finalisé, près de trente ans après son lancement !). De reports en vrais-faux redémarrages, « l’usine Fatia » - telle était sa dénomination – a alimenté une chronique de l’impuissance dont il a été très vite évident qu’elle se solderait par un échec.
Mais si l’abandon de ce qui devait être la première usine automobile d’Afrique du nord n’a surpris personne, il faut tout de même le mettre en perspective avec l’annonce, faite par Renault, d’investir 1 milliards de dollars dans la zone franche de Tanger au Maroc pour y construire une usine d’assemblage « low cost » avec une capacité maximale de 400.000 voitures par an dont 90% seront destinés au marché européen.
A moins d’une semaine d’élections législatives à haut risque – avec la perspective d’une percée importante des islamistes – le Maroc vient ainsi de confirmer sa capacité à attirer l’investissement étranger quelles que soient les inquiétudes que sa situation politique et sociale engendre et, surtout, quand son voisin algérien peine en faire de même (exception faite dans le secteur des hydrocarbures et de la construction).
Comment expliquer cela ? Il faut d’abord relever le choix stratégique du Maroc dans sa volonté de développer Tanger et d’en faire une plate-forme logistique incontournable en Méditerranée. A cela, il faut ajouter une certaine bienveillance des milieux d’affaires hexagonaux à l’égard du pays de Mohammed VI. Depuis plusieurs années, un certain nombre de grands patrons français militent ouvertement pour aider le Maroc et mettent leur carnet d’adresse et leur influence au service du Royaume qui sait bien leur renvoyer l’ascenseur.
A l’inverse, l’Algérie a du mal à « se vendre » comme terre d’investissement et ne semble représenter pour les firmes occidentales qu’une grande surface commerciale où il est plus rentable d’écouler des produits finis plutôt que les fabriquer sur place, cela alors que, dans bien des secteurs, une implantation locale serait cohérente avec la taille du marché et de la demande.
A cet égard, il serait intéressant de savoir comment le gouvernement algérien compte réagir à l’investissement de Renault au Maroc. C’est d’autant plus important que la marque au losange fait partie des principaux fournisseurs du marché algérien qui, avec en moyenne 180.000 véhicules importés par an, reste le plus grand du Maghreb. Va-t-on voir demain une Logane assemblée au Maroc être exportée à destination de l’Europe avant d’être revendue en Algérie ?
De façon générale, c’est toute la stratégie économique algérienne qui est interpellée par l’investissement de Renault au Maroc. Avec un baril de pétrole à 70 dollars qui lui offre une réelle aisance financière – et une tranquillité sociale, le gouvernement algérien fait-il suffisamment pour attirer l’investissement étranger – et donc l’emploi ? Ses réformes sont-elles vraiment prises au sérieux ? N’est-il pas temps, pour lui de prendre lui aussi en compte le fameux principe de réciprocité dont on entend parler en Europe, y compris dans cet antre libéral qu’est la Commission européenne. « Pas d’investissement, pas de marchés » est une expression qui, certes, ne définit pas une politique économique mais, au moins, aurait-elle le mérite de la clarté…
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Sur les importations de véhicules en Algérie :