Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

jeudi 13 août 2020

La chronique du blédard : Khaled Drareni victime d’un système inique

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Le Quotidien d’Oran, jeudi 12 août 2020

Akram Belkaïd, Paris

 

Khaled Drareni, emprisonné depuis le 7 mars dernier, vient donc d’être condamné à trois ans de prison ferme. L’iniquité de ce jugement qui fait honte à l’Algérie, sans oublier le tort qu’il lui cause, n’est même pas à démontrer. Trois ans ferme pour avoir accompli son travail de journaliste, ce n’est pas de la justice mais une volonté de destruction et de mise au pas. Je connais peu Khaled Drareni, mais je sais que sa couverture du Hirak depuis le 22 février 2019 a été exemplaire sur le plan professionnel. Honnête, la plus complète possible et rigoureuse aussi. Et c’est bien ce que le pouvoir lui reproche.

 

Khaled a montré la réalité. Il a suivi au plus près les manifestations et les regroupements populaires. Aux médias étrangers qui ont sollicité ses commentaires, il a apporté éclaircissements et mise en perspective. En un mot, il a contribué à ce que la situation algérienne, vue souvent de l’extérieur comme opaque et indéchiffrable, soit claire et transparente. La situation d’un pays où la population n’en peut plus d’être gouvernée par des incapables et des voleurs. La situation d’un pays où un trafiquant de cocaïne a plus de chance de passer à travers les mailles de la dite justice qu’un journaliste qui rapporte simplement ce qu’il a vu et entendu.

 

Chez les hommes qui tiennent ce pays en otage, il y a encore et il y aura toujours un parti unique dans la tête. La pluralité des opinions, les contre-pouvoirs, l’existence d’une opposition politique constituent des éléments démocratiques inacceptables pour eux. En réalité, ils ne se sont jamais remis des changements apportés par octobre 1988. Un seul parti, une seule voix, une seule manière de voir le monde et tout le monde au garde-à-vous : voilà leur vision. Le Hirak a fait vaciller ce dogme. Incapable de se remettre en cause, incapable de reconnaître sa responsabilité dans l’état du pays et donc d’admettre le bien-fondé des manifestations populaires pacifiques, le pouvoir s’est mis en tête que la presse était responsable de cette agitation.

 

L’accusation est toujours la même, quelle que soit l’époque ou quel que soit le lieu. Au début de la guerre d’indépendance, le pouvoir colonial à Alger accusait la presse d’avoir fabriqué le Front de libération nationale (FLN). Aujourd’hui, quand Khaled Drareni est poursuivi pour « incitation à attroupement non armé » cela traduit la même logique débile. Journaliste, sa seule présence inciterait les gens à manifester (ce qui au passage est leur droit, mais cela est une autre histoire). Convoqué à plusieurs reprises par les services de sécurité, Khaled s’est vu ordonné de ne plus couvrir le Hirak. Ce qu’il a refusé et c’est ce qui lui vaut sa condamnation.

 

On voit aussi la médiocrité de cette stratégie qui consiste à supprimer le média pour agir sur le réel. Nous sommes au XXIème mais les chantres de « l’Algérie nouvelle » pensent encore comme dans les années 1970 quand le peuple algérien n’avait pas le droit à la parole et qu’il suffisait de saisir le quotidien Le Monde pour l’empêcher de savoir ce qui se passait dans son propre pays. Au milieu des années 1990, un futur ministre (influent) d’Abdelaziz Bouteflika, découvrant les possibilités infinies de l’Internet, s’était écrié : « mais il faut contrôler tout ça ! Il faut ‘‘les’’ empêcher d’y accéder ». « Les » empêcher… Qui ça ? Le peuple. Les sans-droits, les sans-piston. Les autres, ceux dont les dirigeants ne diront jamais « ta3na », les nôtres, signifiant ainsi la persistance de cette séparation féodale née des paradoxes et ambiguïtés du socialisme boumedieniste.

 

Le président Abdelmadjid Tebboune, ses ministres, clament à qui veut les entendre qu’une Algérie nouvelle se dessine. Ils ont peut être raison mais il convient de lever le malentendu. Ceux qui pensaient que cette Algérie nouvelle signifiait un État de droit et des réformes profondes en seront, naïfs qu’ils furent, pour leurs frais. L’Algérie nouvelle, c’est plutôt la persistance du verrouillage et du déni de liberté. Alors, certes, cela ne peut pas être la Corée du nord – il faudrait beaucoup de violences pour cela, mais la Russie de Poutine, la Biélorussie de Loukachenko ou, la Chine de Jinping donnent bien des idées aux successeurs du clan réuni autour d’Abdelaziz Bouteflika (lequel, signalons-le au passage, n’a jamais poussé aussi loin la répression contre les journalistes).

 

Je suis solidaire de Khaled Drareni. Il est l’honneur de notre profession, de sa famille et de l’Algérie. Être condamné de la sorte est une infamie dont la charge reposera à jamais sur le pouvoir algérien. Je suis solidaire de Khaled Drareni et, comme des milliers d’Algériennes et d’Algériens, je m’emploierai à faire connaître et savoir l’injustice dont il est la victime. On ne se taira pas. Pour nier le réel, pour faire croire que tout est pour le meilleur dans le meilleur des monde algérien, le pouvoir devra faire taire des millions de personnes. Un peu d’intelligence, juste une once, lui permettrait de comprendre que la partie est déjà perdue pour lui.

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vendredi 7 août 2020

La chronique du blédard : Une douleur nommée Liban

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Le Quotidien d’Oran, jeudi 6 août 2020

Akram Belkaïd, Paris

 

C’est la chronique d’une interminable descente aux enfers. Celle d’un pays martyr qui ne compte plus ses drames et ses tragédies. Le Liban est, hélas, cela. Une tragédie récurrente, qui ne lâche pas prise, qui ne veut pas céder, qui refuse l’espoir définitif, qui s’oppose à la banale tranquillité d’un pays normal. La double explosion dans le port de Beyrouth, quelles qu’en soient les causes, n’est pas un événement isolé. C’est le maillon d’une longue chaîne de douleurs et d’accablements. En apprenant la terrible nouvelle, en visionnant, incrédules, les images du blast diffusées en boucle sur les réseaux sociaux, nous sommes nombreux à avoir pensé : Mon Dieu, ils n’avaient pas besoin de cela.

 

Où que l’on se tourne, le pays du Cèdre fait face à d’immenses problèmes. Sans parler de l’état sanitaire catastrophique dû à l’épidémie de Covid-19, il y a d’abord cette immense crise économique et financière. Un pays ruiné, lourdement endetté (92 milliards de dollars de dette extérieure) où sévit désormais une extrême pauvreté et même la famine, témoins ces faits divers relatés par la presse locale à propos de bagarres pour une miche de pain ou pour quelques morceaux de sucre. Dans ce contexte, les « discussions » avec le Fonds monétaire international (FMI) sont présentées comme l’une des rares perspectives de solution. Personne ne contestera que le Liban a besoin de réformes profondes mais il ne faut pas être naïf. C’est un traitement à la grecque qui attend ce pays.

 

Encore faut-il que le grand argentier obtienne satisfaction car l’opposition sourde à ses injonctions de réformes ne vient pas actuellement de la population, du moins pas encore. C’est le système politico-financier qui ne veut rien entendre mais pas pour les bonnes raisons. Il ne s’agit pas ici de sentiment nationaliste ou de vigilance en matière de souveraineté mais de volonté de perpétuer les choses telles qu’elles sont et telles qu’elles ont toujours été. Le jeu de dupe des banques le démontre bien. Promptes à geler l’épargne des Libanais, elles refusent de payer leur écot à la crise et ne veulent pas entendre d’une remise en cause de leur mode de fonctionnement peu conforme aux exigences internationales en matière de transparence.

 

La nature du système politique libanais est aussi à mettre en accusation. Il ne s’agit pas ici d’aborder la question du confessionnalisme qui est bien plus délicate à aborder qu’on ne le croit. Il est facile de réclamer un État civil quand on vit tranquillement dans un pays laïc où il n’existe pas une mosaïque de confessions au passé commun souvent marqué par la violence et les divisions sectaires. Par contre, confessionnalisme ou pas, on ne peut qu’être écoeuré par l’immobilisme, le clientélisme et la corruption qui caractérisent l’ensemble des acteurs politiques majeurs, et cela sans aucune exception. 



 

Tous sont persuadés que, tôt ou tard, les grandes puissances se décideront à allonger l’argent qui servira à gagner quelques répits sans pour autant régler les problèmes de fond. Mais l’environnement international change. Même s’il a une place à part dans la perception occidentale, le Liban est aussi confronté à la volonté américaine de mettre au pas l’Iran et ses alliés régionaux dont le Hezbollah. Cela est porteur de risques importants de déstabilisation car l’on sent bien que l’habituelle rengaine des « chiites contre les sunnites » est agitée ici et là comme si le pays glissait irrémédiablement vers un nouveau type de confrontation confessionnelle. Et là encore, on se demande bien quelle est la stratégie des dirigeants libanais.

 

Le jour même de la catastrophe du port, la plupart des agences de presse et des médias internationaux commentaient encore la démission de Nassif Hitti de son poste de ministre des Affaires étrangères. Qu’a dit ce dernier après avoir constaté ses désaccords avec le gouvernement ? Il a souhaité que son pays puisse voir apparaître « des esprits créatifs, une vision claire, des intentions sincères, une culture d’institutions et d’État de droit. »Les deux derniers termes sont fondamentaux. Ils concernent tout le monde arabe, y compris l’Algérie. 

 

Le drame du Liban est la faiblesse entretenue de l’État. Interrogez n’importe quel chaland de la rue Hamra, c’est ce qu’il vous dira. Et l’exemple concret qui sera le plus souvent cité concerne l’entreprise publique Électricité du Liban qui détient un quasi-monopole sur la production, le transport et la distribution d’électricité et dont l’incurie est responsable des longues heures de coupure de courant. C’est en 1990 que le pays est sorti de la guerre civile. Comment expliquer que, trente ans plus tard, le réseau électrique soit toujours délabré ? Posez la question aux Libanais et les réponses afflueront : incompétence des ministres, désinvolture des dirigeants, mauvais choix d’investissements publics (le béton plutôt que le cuivre) et, pour reprendre l’expression d’un ami de Tripoli, « l’habitude » de composer sans sourciller avec les trop nombreuses choses qui clochent. Néanmoins, depuis au moins quinze ans, la société civile libanaise est en mouvement. Comme l’a montré le Hirak d’octobre dernier, elle exprime régulièrement sa colère et son ras-le-bol. C’est d’elle dont dépend l’avenir d’un pays dont le sort nous importe tous.

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P.S. : Sans des femmes et des hommes engagés, l’édification d’institutions et le renforcement de l’État sont impossibles. L’Algérie vient de perdre un grand homme qui a fait beaucoup pour elle et pour son système de santé publique : le Professeur Jean-Paul Grangaud. A sa famille, et plus particulièrement à son fils Pierre-Yves, ami et camarade de révisions, je présente mes condoléances attristées.

 

 

La chronique du blédard : Bas le masque !

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Le Quotidien d’Oran, Jeudi 30 juillet 2020

Akram Belkaïd, Paris

 

Un nouvel accessoire vestimentaire s’impose. De Paris à Alger en passant par New York, Madrid ou New Delhi, blanc, bleu ou multicolore, en coton, en toile ou en fibres synthétiques, il se porte au cou, de manière un peu négligée, un peu à la manière d’un foulard ou d’une barbe postiche. Si les circonstances l’exigent – comme en cas d’apparition d’une quelconque autorité susceptible d’exiger son port correct – contrôleur du métro, vigile de supermarché ou hôtesse de l’air, on peut le relever rapidement pour cacher sa bouche et son nez. Une variante, très répandue, consiste à se couvrir juste les lèvres mais à laisser libre l’appendice nasal pour pouvoir respirer normalement. En théorie, le masque chirurgical, puisque c’est de lui qu’il s’agit, doit être porté au plus près du visage car il sert à protéger autrui des risques d’une contamination au Covid-19. On peut éventuellement ajouter qu’il permet aussi dans de nombreux cas de se prémunir contre le virus mais l’affaire est loin d’être entendue. On ne cesse ici ou là de bretter à propos de l’efficacité de cet accessoire que, ceci expliquant peut-être cela, d’aucuns préfèrent appeler bavette, le même nom que la toile qui protège le cou des escrimeurs. 

 

Après plusieurs semaines de tergiversations et de propos contradictoires, la décision du gouvernement français de rendre obligatoire par décret le port du masque dans tous les établissements recevant du public dans des endroits clos (centres commerciaux, bibliothèques, services publics et administrations, musées, cinémas, salles de spectacle ou de sport, les lieux de culte) a ravivé les polémiques. Acte d’autoritarisme intolérable ou mesure prophylactique de bon sens ? Et le masque, talisman sanitaire indispensable ou simple produit de consommation bénéficiant d’un coup de pouce réglementaire pour doper ses ventes ? En disant tout et son contraire à son propos depuis le mois de février, les autorités françaises ont largement contribué à cette cacophonie (1).  

 

Fin février, alors que l’épidémie venue de Chine se propageait en Europe et ailleurs, le masque représentait pourtant un objet de convoitise et de trafics. Indisponible en France, il provoquait des vols dans des hôpitaux et des pharmacies, la police se retrouvant obligée de traquer les grossistes qui alimentaient un florissant marché noir (2). Dans certains établissements hospitaliers, on interdit aux personnel d’en porter afin de ne pas effrayer les patients. Puis on distribua des masques à la date de péremption depuis longtemps dépassée. A celles et ceux qu’indignaient une telle désinvolture, on expliqua que ce n’était pas la qualité de filtrage qui risquait d’être dégradée mais qu’il fallait juste veiller à vérifier la solidité des élastiques susceptibles de rompre après des années de stockage. 

 

Dans d’autres hôpitaux, on inventa quelques règles empiriques, comme par exemple repasser au fer chaud un masque usagé pour le désinfecter et le remettre en service. Même bricolage pour les surblouses chirurgicales jetables, indispensables en unités Covid, dont on décréta qu’elles pouvaient être recyclées à condition que le personnel de santé les lave en machine. Des solutions alternatives virent aussi le jour avec le façonnage de sacs poubelles à grande contenance transformés en vêtement protecteur grâce aux tutoriels disponibles sur Internet. Pénurie oblige, l’art de la débrouille, propre à certaines régions sous-développées du monde, refaisait son apparition en France, sixième puissance économique mondiale incapable de fabriquer des masques quand le Maroc ou le Vietnam se targuaient de pouvoir en exporter. 

 

A l’étranger, désireuses de faire oublier leur responsabilité dans l’aggravation de la pandémie, les autorités chinoises inaugurèrent la diplomatie du masque en approvisionnant certains pays parmi les plus touchés. Parfois en vain comme lorsque la République tchèque « récupéra » 680 000 bavettes envoyées par la province chinoise du Zhejiang à l’Italie où les morts au quotidien se comptaient par centaines (3). Officiellement, le gouvernement tchèque se justifia en affirmant que sa police luttait contre la contrebande et qu’une petite partie des saisies était effectivement un don chinois confisqué « par erreur ». Quoi qu’il en soit, les masques n’ont jamais été récupérés par l’Italie, Prague les ayant distribué à ses propres hôpitaux quelques heures à peine après la saisie. 

 

Tétanisés à l’idée de devoir rendre des comptes pour justifier la pénurie de masques, y compris en milieu hospitalier, et l’insignifiance des réserves stratégiques, les dirigeants français n’ont eu de cesse de modifier leur discours au gré des circonstances et de l’évolution des stocks. Le 28 février, M. Olivier Veran, le ministre de la santé, donnait le ton : nul besoin de masque pour les bien-portants. « Les masques sont inutiles si vous n’êtes pas malades ; si vous n’avez pas été en contact proche de personnes malades. »Le 6 mars, M. Jérôme Salomon, Directeur général de la Santé en remettait une couche : « Je pense qu’il y a un consensus très clair aujourd’hui pour dire qu’il ne faut pas avoir de masques pour le grand public. Ça n’a pas d’intérêt. C’est même faussement protecteur. »Pourtant, le même Jérôme Salomon modifiait le ton dès le 3 avril : « nous encourageons effectivement le grand public s’il le souhaite à porter un masque. »Depuis le 16 juillet, et la décision du premier ministre Jean Castex de rendre le masque obligatoire dans les milieux clos, le grand public n’a rien à souhaiter, il doit juste s’exécuter. Au vu de la multiplication de signaux attestant d’une reprise de l’épidémie, il faut peut-être même s’attendre à ce que l’obligation s’étende à tous les lieux, y compris en plein air. On regrettera alors que Mme Sybeth Ndiaye ne soit plus porte-parole du gouvernement, elle qui expliquait doctement ne pas porter de masque car ne sachant pas comment le mettre (4).

 

Pour la vox populi, l’affaire est entendue. C’est l’évolution des stocks qui a commandé l’évolution du discours officiel. Indisponible, le masque chirurgical n’était pas jugé nécessaire. Désormais vendu dans toutes les pharmacies au prix maximum de 95 centimes l’unité (prix encadré par décret jusqu’au 10 janvier 2021), son port serait devenu obligatoire, nous disent les réseau sociaux, parce qu’il y aurait urgence à écouler les quantités importantes qui ont été importées. Côté gouvernement, on essuie le couteau sur l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Longtemps réservée quant à son efficacité, cette dernière a attendu le mois de juin, 400 000 morts et 7 millions de cas confirmés d’infection à l’échelle de la planète pour changer d’avis et affirmer que la bavette réduit « la probabilité d’être contaminé par le coronavirus de 85 % en cas de rencontre avec une personne infectée. (5)» 

 

En France comme aux États-Unis ou ailleurs ces atermoiements sont pour partie responsables du refus du port du masque. Fin mai, le maire de la ville de Stillwater dans l’Oklahoma a dû revenir sur sa décision d’imposer le port du masque dans les commerces en raison des violences exercées contre les employés des magasins qui tentaient de faire appliquer cette directive. Dans un pays où il aura fallu attendre le 11 juillet pour que le président Donald Trump daigne enfin apparaître en public avec un masque à l’occasion d’une visite à l’hôpital militaire Walter Reed dans la banlieue de Washington, le refus de la bavette prend une dimension politique. « Je défends mes droits. C’est ma liberté que vous attaquez. Je ne veux pas de votre p… de masque. Vous n’avez pas à m’obliger à le porter. C’est contre la Constitution »hurle ainsi une cliente à l’encontre d’un employé d’un magasin Gelson en Californie. Partagée sur les réseaux sociaux le 17 mai dernier, la vidéo de l’algarade a été effacée depuis, mais la Constitution américaine est désormais invoquée par tous les récalcitrants. A tort, estiment la majorité des juristes américains dont certains font le parallèle avec l’interdiction de la cigarette dans les lieux publics pour des raisons de santé. Mais, sait-on jamais, un amendement au texte fondateur des Etats-Unis comportera peut-être un jour l’amendement suivant : « Nous, le peuple, refusons le port du masque. »Au Québec, une pétition en ligne réclamant l’annulation des mesures imposant le port du masque dans les lieux publics clos a réuni 60 000 signatures au bout de quelques heures avant d’être retirée du site web qui l’hébergeait pour infraction « aux règles de la communauté ». Partout, c’est au nom de la liberté que le refus du port du masque est brandi. On aimerait qu’une telle radicalité se manifeste pour des causes plus évidentes comme le droit à la santé pour tous.

 

(1) « ‘‘Inutile’’ pour le grand public, le masque devient ‘‘obligatoire’’, Le Figaro, 17 juillet 2020.

(2) « Covid-19 : les enquêtes sur les vols en série de masques se poursuivent », France inter, 25 mars 2020.

(3) « Coronavirus : la République tchèque saisit des milliers de masques destinés à l'Italie », Les Echos, 22 mars 2020.

(4) RMC, 20 mars 2020.

(5) « COVID-19 : l’OMS ajuste ses recommandations sur le port du masque », Département de la communication globale des Nations Unis, 10 juin 2020.

(6) « Can the government legally force you to wear a mask? », Poynter, 22 juin 2020.

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