Lignes quotidiennes

Lignes quotidiennes
Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

dimanche 27 février 2011

D'abord Ghannouchi, ensuite MAM,...

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Première info : Le Monde Alerte International Dimanche 27 février 2011Tunisie : le premier ministre Ghannouchi annonce sa démission. Le premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi, dont les manifestants réclamaient le départ, a annoncé dimanche sa démission au cours d'une conférence de presse à Tunis. (AFP)


Deuxième info : Le Monde Alerte Politique Dimanche 27 février 2011Michèle Alliot-Marie annonce sa démission La ministre des affaires étrangères, dans la tourmente suite à son séjour en Tunisie fin 2010, annonce qu'elle quitte ses fonctions ministérielles dans une lettre à Nicolas Sarkozy. (Agences)

Drôle de coïncidence, n'est-ce pas ?

Un peu d'air frais...
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jeudi 17 février 2011

A lire sur Slate Afrique : France - Tunisie, je t'aime moi non plus

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Le soutien tardif de la France et de l'Union européenne à la révolution du Jasmin irrite les Tunisiens.

http://www.slateafrique.com/463/france-tunisie-soutien-europe-diplomatie

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Le point de la situation

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Résumons la situation :
Tunisie et Egypte : ok
Libye, Yemen et Bahrein : en cours
Algérie et Maroc : à venir
France : ras (pour le moment)
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Bahrein, interdit de révolte ?

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Tiens ! Bahrein se révolte et là, personne ou presque ne moufte. Ah, oui, il est vrai que c'est le siège de V° flotte US. Ah oui, il est vrai aussi que la majorité de la population est chiite (oh, les vilains !) et qu'elle en a assez d'une famille royale sunnite. Qu'entendons-nous ? Ce seraient des Iraniens qui fomenteraient les troubles. Aha ! Comme c'est curieux...
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La chronique économique : Croissance et vulnérabilité

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 16 février 2011
Akram Belkaid, Paris

Ce qui vient de se passer en Tunisie et Egypte doit nécessairement interpeller les économistes et tous ceux qui réfléchissent au modèle de développement du monde arabe. Certes, les chutes de Ben Ali et de Moubarak ne relèvent pas simplement de questions liées à la situation sociale ou aux effets de la crise internationale. Il y a plus important, à commencer par la volonté de dignité et l’exigence de respect des droits et libertés les plus fondamentaux. Il ne suffit donc pas, comme le font nombre d’officiels algériens, d’agiter le chiffre de la croissance ou du montant des réserves de change pour se croire à l’abri d’une explosion populaire, voire d’une révolution.

Analyser les critères de vulnérabilité

En tout état de cause, le caractère sacré des chiffres vient de prendre un sérieux coup. Les cas de la Tunisie et de l’Egypte nous montrent une nouvelle fois que certaines statistiques ne servent plus à rien ou, du moins, qu’elles ont perdu de leur pertinence. Il y a bien sûr la croissance du Produit intérieur brut (PIB). Ce thème a déjà été évoqué dans cette chronique mais il n’est pas utile de redire que cet indicateur doit désormais être systématiquement complété par d’autres informations.

En 2010, l’Egypte a enregistré une croissance de près de 5% et, pour mémoire, la banque HSBC a intégré ce pays parmi les CIVETS (Colombie, Indonésie, Vietnam, Egypte, Turquie et Afrique du Sud), c’est-à-dire les économies émergentes à haut potentiel de croissance susceptible de rejoindre celles des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). A l’opposé, le rapport sur le développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a démontré une autre réalité puisque l’Egypte pointait à la 101e position du classement annuel sur la richesse des nations (La Tunisie était 81e, l’Algérie 84e et le Maroc 114e).

A lui seul, ce chiffre aurait nécessairement dû relativiser les satisfécits décernés à l’Egypte par les grandes institutions internationales. Il aurait dû obliger à de la prudence mais aussi à développer de nouvelles grilles d’analyse pour être sûr que l’affichage macro-économique ne cachait aucune faille sérieuse. Comme l’explique l’économiste tunisien Azzam Mahjoub, présent lors des Rencontres de Cybèle à Paris, le 17 décembre dernier, il est fondamental d’examiner les vulnérabilités de chaque pays avant de juger globalement de sa situation économique.

Ces critères de fragilité sont multiples et dépendent aussi de facteurs exogènes. Dans le cas de l’Egypte, ils concernent par exemple la dépendance alimentaire de ce pays, et donc son exposition à la hausse des cours des matières premières agricoles. On peut aussi estimer que le chômage des jeunes diplômés est une fragilité structurelle dans un monde où il suffit d’un clic de souris pour réaliser de manière concrète à quel point d’autres peuples vivent mieux.

Une vision culturaliste ?

A ces critères de vulnérabilité économique, doivent bien entendu s’ajouter des considérations d’ordre politique.Certes, il est aisé de se poser la question suivante après coup mais comment a-t-on pu sérieusement ne pas douter du caractère fragile de l’Egypte en sachant que son dirigeant était au pouvoir depuis 30 ans ? Plus encore, pourquoi aucun clignotant ne s’est allumé quand il a décidé de se représenter à la présidentielle après avoir subi une lourde opération chirurgicale ? Aucune agence de notation n’a alors dégradé le rating de l’Egypte. On peut se demander si une certaine vision culturaliste ne s’impose pas à ces institutions dès lors qu’il s’agit des dictatures arabes.
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vendredi 11 février 2011

Et de deux !

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"Rahala !"
Il a dégagé.
Moubarak n'est plus président malgré son discours de la veille.
Le pharaon a pris la porte.
Et de deux!
A qui le tour maintenant ?
Algérie ? Maroc ? Arabie Saoudite ? Bahrein ?
Bien sûr, comme pour la Tunisie, rien n'est encore joué. La route de la démocratie et de la liberté sera longue.
Il n'empêche : c'est beau un peuple qui gagne.
Allez, Algériens : Debout !

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jeudi 10 février 2011

Un sourire

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Hier.
Acheté, comme chaque matin, Libération et Les Echos. Et puisque c'était mercredi, j'ai aussi pris le Canard Enchaîné, histoire de mettre à jour mes connaissances sur les voyages en avion des ministres de la République...

Et puis, j'ai laissé traîner mon regard sur le présentoir et mes yeux ont tout de suite vu la une de l'Equipe. Majuscules, caractères gras : "ZIDANE SE LIVRE". Petit chapô : "Le Brésil, Materazzi, le Real Madrid, le Qatar : dans l'entretien qu'il nous a accordé, Zinédine Zidane n'évite aucun sujet qui fâche. (Page 2)".

"Je prends aussi L'Equipe" ai-je aussitôt lancé. Le marchand de journaux n'a rien dit. Il a juste eu un léger sourire en coin et un petit éclair de malice dans les yeux.

J'ai souri aussi.
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Chronique économique : La libéralisation privatisée

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 9 février 2011
par Akram Belkaid, Paris

Depuis la révolution tunisienne et la révolte égyptienne, et cela en attendant d’autres ébullitions à venir, il ne se passe pas un jour sans que la santé économique du monde arabe ne soit auscultée. Il est vrai que les dégradations des niveaux de vie ainsi que les difficultés quotidiennes des populations contribuent beaucoup à cette aspiration au changement. Cela explique d’ailleurs pourquoi l’une des réactions préventives les plus communes de Rabat à Mascate a été de diminuer les prix des denrées alimentaires de base. Ouvrons tout de même une parenthèse pour rappeler que l’économie n’explique pas tout et que ces mouvements de protestation relèvent aussi de l’exigence d’une dignité longtemps bafouée. Fin de la parenthèse.

La libéralisation dévoyée

L’un des grands enseignements de ce qui se passe actuellement est l’insuccès des politiques de libéralisation économique. Est-ce à dire que c’était une fausse voie ou faut-il nuancer le jugement et expliquer d’où est venu cet échec ? Personne ne conteste que les pays arabes devaient se réformer. La marche du monde, les exigences de modernisation et les attentes des populations étaient telles que le modèle de l’Etat centralisateur et omniprésent ne pouvait subsister.

C’est à ce moment-là que sont intervenues les politiques d’ajustement structurel conduites sous la houlette de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). En s’y résignant, les Etats arabes ont marqué des points sur le plan extérieur en s’assurant notamment de la bienveillance des grands de ce monde. Qu’importe que les libertés ne soient pas respectées, tant que le consensus de Washington avait prise à Rabat, Alger, Tunis ou Le Caire. Mais dans le même temps, des pans entiers des populations se sont retrouvés face à la précarité voire à la pauvreté. A cet effet, souvenons-nous des dizaines de milliers d’Algériens qui se sont retrouvés sans emploi après la dissolution des entreprises publiques locales.

On aurait pu penser que la libéralisation de l’économie aurait décuplé les énergies et permis la création de nouveaux emplois. Pourtant, les résultats n’ont guère été à la hauteur et aucun pays arabe n’a pu accéder au stade d’économie émergente quoi qu’en disent les propagandes des uns et des autres à commencer par celle du gouvernement égyptien qui n’a cessé de multiplier les effets d’annonce en ce sens. La raison est simple : la libéralisation a été privatisée. Pour dire les choses plus clairement, cela signifie que des intérêts privés se sont substitués à la mainmise de l’Etat, empêchant en cela d’autres acteurs économiques d’émerger.

Monopoles privés

Il suffit de regarder qui détient quoi, dans n’importe quel pays arabe, pour le comprendre. Ici, la licence téléphonique a été accordée à tel clan, là-bas, c’est l’importation de tel type de véhicule. Ailleurs, c’est l’agroalimentaire qui est tenu d’une main de fer. Partout, des monopoles privés verrouillent l’activité économique, empêchent une libre concurrence et font obstacle à de nouvelles réformes et au progrès. En Tunisie, de nombreux projets énergétiques ont ainsi dû être annulés car le clan Trabelsi prétendait être l’acteur incontournable de ce secteur. En économie comme en politique, les façades formalistes du monde arabe ne doivent plus tromper personne. Il n’y a pas plus de démocratie qu’il n’y a de libéralisme économique. C’est ce qui a perdu le régime de Ben Ali. C’est ce qui en perdra d’autres...


http://www.lequotidien-oran.com/?news=5149069

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mardi 8 février 2011

Monde arabe : l'aveuglement européen

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Lu dans le Monde Economie daté du mardi 8 février :

"L'Europe a soutenu jusqu'au bout des pouvoirs moribonds dont les rivalités nationalistes ont fait échouer l'Union pour la Méditerranée. Elle persévère dans cette erreur historique en négligeant ceux qui pourraient bien modeler le renouveau du monde arabe"

Tout est dit. Malgré la révolution tunisienne, malgré la révolte égyptienne et les aspirations de nombre de peuples arabes, l'Europe continue à se fourvoyer et à faire preuve de frilosité. Elle se demande, la pauvre, si son intérêt est d'aider ceux qui brandissent le poing ou ceux qui manient la matraque. L'avenir le dira, mais cette erreur risque d'être historique.
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lundi 7 février 2011

La lecture du samedi : Beyrouth Canicule


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Le Quotidien d'Oran, samedi 5 février 2011
Akram Belkaïd, Paris

Nous avions laissé Djilali Bencheikh au seuil de l’adolescence en refermant les pages de son précédent roman, « Tes yeux bleus occupent mon esprit » (Elyzad, prix Maghreb 2007 de l’Association des Ecrivains de langue française). Nous le retrouvons perdu à Beyrouth, menant une mission pour la Palestine, cette cause suprême que tous les Algériens ont rêvé un jour de défendre.

Beyrouth… L’été, les restaurants du bord de mer et l’insouciance malgré les nuages noirs qui menacent. Nous sommes dans les années 1970. A Paris, l’opposition au régime de Boumediene tente de s’organiser tandis que certains militants - de gauche car comment pourrait-il en aller en autrement ? - se mettent au service d’autres combats. Petits cafés dans le quartier latin, longues joutes politiques. Un temps désormais oublié.

Dans cette mouvance discrète, une figure émerge, celle de Mohamed Boudia, révolutionnaire et homme de théâtre, assassiné, vraisemblablement par le Mossad, le 28 juin 1973. C’est lui, où le plutôt son personnage, Nadir, qui envoie Kamel, étudiant algérien, dans la capitale libanaise. Ce dernier y découvre l’Orient, ses dépaysements et ses surprises. Très vite dépassé, l’homme comprend que la mécanique des événements est plus forte que lui. En cela, il est le symbole d’un monde arabe impuissant face aux tragédies et aux défaites qui s’annoncent. Son aventure, ses rencontres, les conversations qu’il partage avec des policiers brutaux ou désabusés, des feddayin ou de simples habitants de la montagne restituent à merveille l’ambiance de cette époque révolue.

Mais la trame de ce roman est aussi un pan largement ignoré de l’histoire des Algériens de France. Cela sonne vrai, cela provoque quelques poussées de nostalgie à propos d’engagements héroïques et désintéressées, remplacés aujourd’hui par le nihilisme et la violence aveugle. Toutes celles et ceux qui ont connu Beyrouth à cette époque apprécieront ce roman qui leur restituera un peu de leur jeunesse. Les autres se laisseront séduire par le rythme indolent des pérégrinations de Kamel, soldat naïf d’une cause inaboutie.

Extraits

« Emu de fouler la terre du poète Khalil Gibran, j’erre comme un perdu dans les sinusoïdes de la foule. Les voyageurs cosmopolites, hâtifs et insouciants, vaquent à leurs occupations avec une bonhomie qui fait envie. Heureusement, ma petite valise orange apparaît en bout de piste. Avec la chaleur, elle commence même à virer au bordeaux. Aussi discrète que le complet jersey. On aurait voulu me dénoncer qu’on ne s’y serait pas pris autrement. L’Organisation est pauvre avait plaidé Meliani. Meliani, le gars trapu des groupes de choc. Un compatriote prêt à tout pour la cause palestinienne. Surnommé Tarzan, autant pour son audace insolente que pour les épaules musclées dont il cultive avec soin le carénage.

« La lourde fusion des sueurs au creux de la sieste, heures où tout est torpeur et douceur. Ce moment si honni dans l’enfance, je le savoure à présent avec une sensualité de pacha. Le figuier généreux dont les branches se fondent dans le feuillage épars de la treille me fait un point d’ombre dans la canicule du mois d’août. Depuis mon transat, mon regard se noie dans la vallée en contrebas, en une perspective qui se faufile vers la mer et Beyrouth. Une oasis mentholée, suspendue au-dessus de la ville. Le Chouf ! Jusque-là, ce nom mythique évoquait pour moi un avatar de maquis abritant le fief de l’autre Kamel : Kamel Joumblatt, intraitable chef druze et fidèle partisan de la cause palestinienne. Un allié, donc. »

La citation

« Vous savez, jeune homme, le sous-sol de chaque maison libanaise, quel que soit son courant, abrite un véritable arsenal… Le jour où cela va exploser, ce sera l’enfer ! Et je crains qu’il ne reste plus rien du Liban. »

Le livre

Beyrouth Canicule, Djilali Bencheikh, Elyzad, 279 pages, 650 dinars, 15,90 euros.

dimanche 6 février 2011

Tenir bon

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Après l'euphorie, vient le temps de la fatigue et du doute.
Tapis dans l'ombre, c'est le moment que choisissent les salauds pour refaire parler d'eux.
Ils attaquent, volent, tuent, démoralisent et cherchent à faire regretter l'ordre ancien.
C'est ainsi.
Toute révolution doit affronter la réaction, les tentatives de récupération et ses propres contradictions.
Elle doit se battre contre le temps qui file trop vite et le progrès qui avance trop lentement.
En Tunisie, la route pour la liberté est encore longue mais c'est normal. Le pire, serait d'oublier le souffle du 13 janvier comme il serait dommage que les Egyptiens oublient celui du 25 janvier.
Tenir bon, y croire, ne pas cesser de réfléchir et de parler.
Surtout, ne pas se taire.

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samedi 5 février 2011

Mais qui était l'ami de Zine el-Abidine Ben Ali ?

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Sur facebook le dictateur déchu aurait eu des milliers d'amis avant qu'un administrateur zélé ne retire son profil. Par curiosité, j'ai donc entamé une investigation destinée à retrouver tous les anciens amis de l'ex-patron de Carthage.
Je n'ai reçu que des réponses laconiques. "Moi ? Jamais !" ou alors "Moi ? Mais prouvez-le donc !".
Il a tout de même eu des fuites et quelques blogueurs qui ont bien voulu m'envoyer des indices sous la forme d'initiales.
Voici les premiers envois : "MAM, NS, CB, FM et BD".
Je vous avoue être perdu.
Quelqu'un pourrait-il m'aider ?
Merci d'avance.
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vendredi 4 février 2011

Lu dans La Presse, Tunisie, octobre 2008

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Lu, ou plutôt relu, dans le quotidien tunisien La Presse du dimanche 19 octobre 2008.

"Discours du Président Ben Ali au Sommet de la Francophonie au Qébec : La Tunisie a initié un processus continu de réformes pour la promotion des droits de l'Homme dans leur globalité".

autre titre :

"Satisfaction générale après l'acceptation du Président Ben Ali de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle" (celle de 2009, note du blogueur).

Et ce slogan :

"Liberté, prospérité et invulnérabilité"


Et un dernier titre pour la route :

"Visite présidentielle effectuée à Bizerte dans la ferveur. Atmosphère de ferveur, de recueillement et de fierté".

Bon, il va falloir se passer de tout ça. Terminée la rigolade, du moins je l'espère pour la Tunisie et les Tunisiens.

Remarquez, il nous reste Le Figaro et sa couverture de l'activité sarkozienne. Chanceux Tunisiens, va !

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Soudain, Le Caire, me manque

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Cette ville m’a toujours épuisé. A chaque fois que j’y vais, j’en reviens malade. Au sens propre comme au sens figuré. Le vacarme, la circulation, la sensation d’être cerné par la foule. Le sentiment qu’elle est volontairement abandonnée à son triste sorte et que les maîtres de l’Egypte se sont résignés à sa ruine.

Les vapeurs d’essence mal brûlée, le concert permanent des klaxons, la puanteur des ruelles jamais nettoyées, la misère, le bakchich, les mendiants. La fatigue des gens, leur sort peu enviable, les discussions stériles à propos du monde arabe.

Et pourtant. Aujourd’hui, soudain, Le Caire me manque. Nulle envie journalistique (quoique). Juste l’envie d’y marcher de nouveau.

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jeudi 3 février 2011

Borissov et Finkielkraut disent ce qu'ils pensent des révoltes arabes

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Lu aujourd’hui cette petite brève dans Libération : « Le Premier ministre bulgare, Boïko Borissov, a affirmé hier craindre un afflux d’immigrants ‘cherchant à se rendre dans la riche Europe’, suite aux troubles en Egypte et en Tunisie. »


On croît rêver ! Mais de quoi ce Coïko est-il le nom ? Voilà le dirigeant d’un pays, miné par la corruption et diverses mafias, qui se permet de la ramener, n'en revenant peut-être pas de faire partie des dirigeants européens. Ton pays, cher Bourrïko, pose bien plus de problèmes à l’Europe que les immigrants égyptiens et tunisiens. C'est un fait, cette riche Europe qui a bien voulu admettre ton pays en son sein et dont l’aide ne cesse de s’évaporer sait très bien où sont ses vrais problèmes. Garde donc tes inquiétudes et occupe-toi de ton pays.

Mais il y a mieux. Ou pire. Il faut lire le (petit) entretien accordé par Alain Finkielkraut au même quotidien. L’avez-vous entendu ou lu appeler à soutenir la révolution tunisienne ou les marches égyptiennes ? Moi non plus. Pourquoi ? La peur de la révolution islamique. Extrait : « Bien sûr, il y a quelque chose de merveilleux à voir un peuple se révolter contre un pouvoir autocratique et prédateur. Mais nous savons aussi que, pendant ce temps, les coptes sont en très mauvaise posture et que cela n’est pas le fait de Mobarak, mais d’une partie du peuple ». Ah, tiens ! Voilà donc « Finki » aussi expert que l’ami Sfeïr ! Petite leçon adressée au philosophe : Moubarak et son système sont bel et bien responsables de ce qui arrive aux coptes. Ce sont eux qui soufflent sur les braises, divisent les Egyptiens et font mine d’être les protecteurs des minorités religieuses pour que de faux naïfs comme vous les défendiez !

Autre éxtrait édifiant : « Si les Frères musulmans devaient prendre le pouvoir, leur situation (celle des coptes, note du blogueur) se détériorerait encore et le traité de paix avec Israël pourrait être dénoncé ». Nous y voilà ! L’avenir d’un peuple jugé à l’aune de celui d’Israël. Qu’importe la dictature chez les Egyptiens, pourvu que Camp David ne soit pas remis en cause. Qu’importe la misère et la corruption, pourvu que l’Egypte reste bien sagement dans sa niche. Mais, juste une question : l’ineffable faylasouf est-il sûr que les Frères musulmans sont les seuls parmi les Egyptiens à remettre en cause le traité de paix avec Israël ?
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mercredi 2 février 2011

La chronique économique :Le zèle déplacé de Moody’s

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 2 février 2011


L’affaire a fait couler beaucoup d’encre alors que la révolution tunisienne battait son plein et que débutait la révolte légitime des Egyptiens contre l’ordre dictatorial du président Moubarak. De quoi s’agit-il ? Il y a dix jours, l’agence de notation financière Moody’s a abaissé d’un cran la note souveraine de la Tunisie « en raison des incertitudes économiques et politiques qui pèsent sur le pays en proie à de graves troubles depuis le changement inattendu de régime ». Dans le détail, Moody’s a dégradé de Baa2 à Baa3 la note de la dette souveraine de la Tunisie et a changé la perspective de stable à négative. De leur côté, Fitch et Standard & Poors ont placé la note de la dette souveraine de la Tunisie sous «surveillance négative», ce qui est un moindre mal.

Du zèle formaliste

Moody’s a donc déclenché un tollé général un peu partout dans le monde à commencer par la Tunisie où de nombreux cadres et officiels, notamment ceux de la Banque centrale, ont critiqué une mesure jugée à la fois honteuse et provocatrice. Il est vrai que la première conclusion que l’on peut tirer de cette affaire est que cette agence de notation préfère les dictatures aux démocraties. Pour se défendre, les analystes de Moody’s avancent un seul et même argument. Leur travail n’est pas de faire de la politique ou de juger de la qualité démocratique de tel ou tel pays mais bien de défendre les intérêts des prêteurs. En clair, pour l’agence, il était urgent de signaler à tous ceux qui détiennent de la dette tunisienne que le risque de non-remboursement augmentait du fait des événements et de l’instabilité provoquée par la chute de Ben Ali.
On peut comprendre que Moody’s cherche à démontrer sa capacité d’anticipation et sa volonté de ne pas être débordée par les événements. Souvenons-nous que les agences de notation n’ont rien vu venir des grandes crises récentes à commencer par celle des subprimes dont l’économie mondiale paie encore le prix. En dégradant la note de la Tunisie, Moody’s joue donc pleinement son rôle qui est celui d’être une vigie pour les marchés obligataires internationaux quitte à paraître jeter de l’huile sur le feu.
Reste que cette attitude relève plus du pur formalisme zélé que d’une quelconque rigueur professionnelle. Dans cette affaire, la Tunisie a bon dos, elle qui paie Moody’s pour être notée comme le font tous les Etats qui émettent de la dette. Il y a plusieurs éléments qui auraient dû inciter l’agence de notation à être plus prudente et à se contenter de mettre la note souveraine de la Tunisie sous surveillance sans aller à une dégradation. Il y a d’abord le fait que ce pays a toujours remboursé sa dette et n’a jamais fait défaut. De plus, la proximité avec l’Union européenne et l’existence d’un accord d’association aurait dû plaider pour plus de retenue.
Quel rôle pour les agences de notation ?


Cette affaire remet donc sur le tapis le débat sur la pertinence des agences de notation. Certes, elles sont essentielles car elles permettent à l’investisseur de savoir quel risque il prend quand il acquiert l’obligation souveraine d’un pays. Mais dans le même temps, on voit bien qu’elles ne sont pratiquement jamais à la hauteur dès lors que l’on sort du ronron quotidien de la vie des marchés. Une révolution en Tunisie, demain en Egypte, ne sont pas des événements neutres et mériteraient des procédures exceptionnelles - et plus prudentes - de la part des agences. La chute d’un régime implique peut-être des turbulences à court terme mais dessine de véritables perspectives à long terme. En l’ignorant, Moody’s a fait une erreur d’appréciation qui réduit la portée de son zèle professionnel. Et le marché et les investisseurs le lui reprocheront tôt ou tard.

Akram Belkaïd

http://www.lequotidien-oran.com/?news=5148775
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Celles et ceux qui n'ont rien compris

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Je viens d'entendre R. Solé du Monde affirmer sur France Inter que le peuple adorait Moubarak il y a encore quelques jours... Chaque pays arabe a son Tahar Bendjeloun (l'esclavage expliqué à ma fille) lequel a affirmé il y a quelques jours que la presse est libre au Maroc et qu'elle peut tout dire (France 3) et qu'il n'y a pas de tension au Maroc ! Cela me rappelle cette intellectuelle tunisienne qui, la veille du départ de Ben Ali, nous expliquait sur France 3 que son discours était important avant de blêmir quand une autre personne sur le plateau a cité le nom des Trabelsi...

mardi 1 février 2011

Lu au bistrot

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Lu au comptoir d’un café, rue de Lille, Paris, septième arrondissement (Rachidatiland).

« Nous n’acceptons plus les tickets restaurants 2010 jusqu’à fin janvier ».

Je manquais de sommeil, j’avais une réunion stressante en vue et c’est pourquoi j’ai noté soigneusement cette phrase. Je n’arrivais pas à en comprendre le sens. Depuis, quelques jours ont passé. J’ai dormi, la réunion s’est plutôt bien passée mais je n’arrive toujours pas à saisir.

Résumons. « Le café n’accepte plus les tickets restaurants 2010 ». Ça, c’est normal puisque nous sommes en 2011. Ensuite, le trouble commence avec cette précision : « jusqu’à fin janvier ». Faut-il comprendre qu’ils seront acceptés à partir du premier février ?

Allez savoir.

De toutes les façons, ce n’est pas un endroit où je reviendrai souvent.

Et puis, je n’ai pas de tickets restaurants.
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