Lignes quotidiennes

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samedi 5 juillet 2008

La chronique économique : Pétrole et spéculation

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 2 juillet 2008


Alors que le baril de pétrole fait tranquillement route vers les 150 dollars, le débat à propos du rôle supposé des spéculateurs dans cette flambée des cours du brut est plus que jamais d’actualité.

On sait, par exemple, que les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) estiment que c’est la spéculation qui est responsable de cette hausse même si d’autres facteurs sont cités comme, par exemple, la dépréciation continue du dollar américain, le manque de capacités de raffinage, sans oublier la progression constante de la demande pétrolière en provenance des pays émergents.

Le spéculateur : une définition variable

Du côté des pays consommateurs on ne rejette pas l’hypothèse d’une responsabilité des spéculateurs. Mais, à la différence de l’Opep, on explique souvent qu’elle ne fait que suivre un mouvement de fond qui serait provoqué par le refus des pays producteurs de pomper plus de pétrole afin de faire baisser les prix. En tout état de cause, le débat est loin d’être tranché et l’une des raisons de cette différence d’appréciation réside dans la manière dont les uns et les autres définissent les spéculateurs. Pour le grand public, au Nord comme au Sud, le spéculateur est le «méchant» dont les opérations vont à l’encontre de l’éthique et de la morale.
Qualifier un investisseur de spéculateur est loin d’être un compliment et, par les temps qui courent, c’est même une mise en cause sérieuse.

Le problème, c’est que les acteurs des marchés et de tout ce qui gravite autour, n’ont pas du tout la même perception. La littérature consacrée aux Bourses explique, par exemple, que le spéculateur est indispensable au marché puisqu’il en garantit la liquidité. Explication: pour qu’un marché financier fonctionne bien -contrairement, par exemple, à la Bourse d’Alger-, il faut pouvoir acheter ou vendre des titres à tout moment. Cela s’appelle le besoin de liquidités et, en prenant des risques, le spéculateur apporte cette huile indispensable aux rouages boursiers.
D’autres analyses vont plus loin. Dans une étude récente, les experts de Goldman Sachs expliquent que le spéculateur est un intervenant qui agit au gré des informations qu’il détient ou des hypothèses qu’il formule à la suite de la prise en compte de plusieurs éléments d’informations même incomplètes (*).

Ce n’est donc pas un parieur, ni un manipulateur, termes qui sont souvent associés à la spéculation. Mieux, pour Goldman Sachs, la spéculation doit être prise en compte par les autres opérateurs car elle leur apporte des informations sur les fondamentaux du marché. En clair, si des acteurs sont acheteurs sur le marché pétrolier -ce qui signifie qu’ils anticipent une poursuite de la hausse- c’est parce qu’ils estiment que la demande pétrolière mondiale va continuer de progresser tandis que l’offre va stagner. On doit donc écouter ce que les spéculateurs ont à dire plutôt que de les critiquer…

Une influence exagérée

Bien entendu, il faut relativiser ce discours. Le spéculateur n’est ni un ange, ni un philanthrope et, quoiqu’en disent les défenseurs acharnés de l’efficience du marché, son action relève souvent de la manipulation et du pari pur et simple, l’objectif étant de maximiser ses gains même si cela n’a aucun rapport avec la cohérence économique. Quand les prix d’un actif financier s’emballent, sans raison apparente, c’est que quelqu’un, quelque part, l’a décidé et qu’il a mis en oeuvre tous les moyens pour y arriver: l’histoire récente des marchés en témoigne qu’il s’agisse de la bulle internet ou des variations sur les prix des denrées alimentaires.

Reste à connaître l’impact de la spéculation dans la hausse du brut. A ce sujet, et compte tenu des différences d’appréciation quant à la nature du spéculateur, les estimations divergent. Pour les uns, dans le prix actuel du baril, 20 dollars au maximum sont à mettre sur le dos de la spéculation. Pour les autres, c’est entre 40 et 60 dollars. Admettons que ces derniers aient raison. Cela signifierait que le «vrai» prix du baril serait au minimum de 80 dollars, soit un niveau élevé qui montre bien que la spéculation n’est finalement que l’écume qui accompagne la vague.

(*) Speculators, Index investors and commodity prices, 29 juin 2008.

1 commentaire:

Anonymous a dit…

besoin de verifier:)