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La Tunisie fait face à une inquiétante radicalisation des salafistes. Comment empêcher leur montée en puissance?
Des manifestants salafistes à Tunis en mars 2012, REUTERS/Zoubeir Souissi
L'AUTEUR
Mais où va la Tunisie? La question est récurrente, désormais angoissante. À chaque nouvelle en provenance de ce pays qui fut à l’origine du Printemps arabe, elle se pose avec urgence et inquiétude. Certes, toutes les informations ne sont pas négatives. Cette année, le tourisme redémarre y compris en provenance d’Algérie. Sur le plan macro-économique, et même si les exportations ont encore baissé par rapport à leur niveau de 2010, l’inquiétude des grandes institutions financières reste modérée.
Mais il y a les salafistes… Pas un jour sans que l’on n’entende parler d’eux et de leurs méfaits. Agressions verbales et physiques, fermetures forcées de bars, invitation de prédicateurs étrangers plus ou moins recommandables, organisation de rassemblements comme autant d’occasions de montrer les muscles : les salafistes sont omniprésents sur la scène médiatique tunisienne et constituent l’un des principaux sujets de conversation sur le mode de «mais quelle provocation vont-ils encore inventer?»
On le sait, et cela a déjà été écrit à plusieurs reprises, Ennahda a besoin des salafistes. Ces derniers lui servent de repoussoir vis-à-vis du reste de la société tunisienne qui ne peut donc qu’être rassurée par le côté bonhomme, du moins affiché comme tel, du parti vainqueur des élections de l’assemblée constituante en octobre 2010. Mais, dans le même temps, les choses ont peut-être été trop loin.
Il y a quelques jours, Noureddine Bhiri, le ministre tunisien de la Justice, a signifié aux salafistes que «la promenade était terminée» en leur promettant des sanctions et une plus grande vigilance. Dans le même temps, de nombreux incidents ont opposé la population à des groupuscules entendant faire régner leur loi. Un signe que les Tunisiens sont prêts à défendre les acquis de leur révolte contre le régime de Ben Ali.
En effet, Ennahda n’a jamais cessé de clamer que son but était de prouver qu’un parti islamiste pouvait diriger la Tunisie sans heurts et sans effusion de violence. Souvenons-nous des comparaisons appuyées avec la situation en Turquie –où l’AKP gouverne depuis 2002– mais aussi de l’évocation de l’Algérie des années 1990 comme exemple sanglant à ne pas suivre.
Aujourd’hui, les turbulences politiques, la radicalisation d’une partie de la base d’Ennahda sont en train de démentir les propos apaisants prononcés par ses dirigeants au lendemain de la chute du régime de Ben Ali. Non, contrairement à ce qu’avait promis Rached Ghannouchi, les choses ne se passent pas bien, des Tunisiens craignent pour leurs libertés et le pays est en passe de profondément se diviser.
Dans le même temps, la rédaction de la nouvelle constitution traîne en longueur et l’on est en droit de se demander si, finalement, l’élection d’une Assemblée Constituante était une bonne idée. En tout état de cause, les prochaines élections ne devraient pas avoir lieu avant mars 2013. Une éternité dans un pays qui se cherche…
«La Tunisie résiste bien malgré l’agitation politique. C’est un vrai exploit. Cela n’a rien à voir avec le chaos égyptien», confie à ce sujet l’analyste d’une grande banque parisienne.Mieux, le pays pourrait même retrouver la croissance en 2013 et cela même si les investisseurs étrangers restent encore rétifs.
Mais il y a les salafistes… Pas un jour sans que l’on n’entende parler d’eux et de leurs méfaits. Agressions verbales et physiques, fermetures forcées de bars, invitation de prédicateurs étrangers plus ou moins recommandables, organisation de rassemblements comme autant d’occasions de montrer les muscles : les salafistes sont omniprésents sur la scène médiatique tunisienne et constituent l’un des principaux sujets de conversation sur le mode de «mais quelle provocation vont-ils encore inventer?»
Ennahda a besoin des salafistes
Il est d’ailleurs très difficile de savoir ce que ce mouvement représente réellement à la fois sur l’échiquier politique mais aussi sécuritaire. Inquiets, nombre de Tunisiens craignent que les salafistes ne profitent de la période actuelle de liberté retrouvée pour s’organiser, mettre en place des structures clandestines qui, demain pourraient s’attaquer au pouvoir et à leurs adversaires non islamistes. De même, ils se demandent aussi jusqu’à quel point le parti d’Ennahda pourra contrôler cette aile droite et radicale. Comme l’indique un syndicaliste tunisien, n’y-a-t-il pas un risque de «voir l’enfant terrible de l’islamisme tunisien devenir le principal parti politique du pays?»On le sait, et cela a déjà été écrit à plusieurs reprises, Ennahda a besoin des salafistes. Ces derniers lui servent de repoussoir vis-à-vis du reste de la société tunisienne qui ne peut donc qu’être rassurée par le côté bonhomme, du moins affiché comme tel, du parti vainqueur des élections de l’assemblée constituante en octobre 2010. Mais, dans le même temps, les choses ont peut-être été trop loin.
Il y a quelques jours, Noureddine Bhiri, le ministre tunisien de la Justice, a signifié aux salafistes que «la promenade était terminée» en leur promettant des sanctions et une plus grande vigilance. Dans le même temps, de nombreux incidents ont opposé la population à des groupuscules entendant faire régner leur loi. Un signe que les Tunisiens sont prêts à défendre les acquis de leur révolte contre le régime de Ben Ali.
Non, les choses ne se passent pas bien
Il est indéniable qu’Ennahda a commis une erreur tactique à l’égard des salafistes. Croyant que leur radicalisme servait ses intérêts, ce parti a laissé faire et a donc été coupable d’indulgence. Aujourd’hui, cette stratégie montre ses limites car elle remet en cause ce qui, au départ, était l’objectif principal du parti de Ghannouchi.En effet, Ennahda n’a jamais cessé de clamer que son but était de prouver qu’un parti islamiste pouvait diriger la Tunisie sans heurts et sans effusion de violence. Souvenons-nous des comparaisons appuyées avec la situation en Turquie –où l’AKP gouverne depuis 2002– mais aussi de l’évocation de l’Algérie des années 1990 comme exemple sanglant à ne pas suivre.
Aujourd’hui, les turbulences politiques, la radicalisation d’une partie de la base d’Ennahda sont en train de démentir les propos apaisants prononcés par ses dirigeants au lendemain de la chute du régime de Ben Ali. Non, contrairement à ce qu’avait promis Rached Ghannouchi, les choses ne se passent pas bien, des Tunisiens craignent pour leurs libertés et le pays est en passe de profondément se diviser.
Dans le même temps, la rédaction de la nouvelle constitution traîne en longueur et l’on est en droit de se demander si, finalement, l’élection d’une Assemblée Constituante était une bonne idée. En tout état de cause, les prochaines élections ne devraient pas avoir lieu avant mars 2013. Une éternité dans un pays qui se cherche…
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