Depuis le début de la crise pandémique et de la mise en
place du confinement général, nous sommes submergés d’injonctions de continuer « à
faire ». Nous voilà bombardés de listes de livres à lire, de musiques à
écouter, de spectacles à visionner, tout cela comme si l’idée de « ne rien
faire » en ces temps difficiles était inacceptable ou honteuse. Or, il n’y
a rien de grave à faire un repli sur soi, à écouter le silence, à s’emplir de
ce vide forcé et à utiliser cette vacuité pour résister à la panique et au
stress ambiants. Nous sommes en jachère forcée, et ce n’est pas la fin du
monde.
Mais il y a pire. Les adeptes de la « continuité d’activité »
sont déchaînés. Exemple, cette structure qui devait m’accueillir pour une
conférence à la fin du printemps et qui tient absolument à ce que je tienne la
dite conférence via internet. Et de me bombarder de liens pour télécharger tel
ou tel logiciel et pour apprendre à l’utiliser « convenablement ». Dans
le lot, et nombre d’amis m’en parlent car cela ne me concerne pas, il y a aussi
les dingues de la visio-conférence alors que jamais les réunions, déjà
inutiles, n’ont été aussi inutiles…
Dans les circonstances que nous vivons, il est des
continuités d’activité qui sont inutiles et qu’il convient de reporter. Que l’on
fonctionne a minima, soit. Que chacun mène sa mission dans son coin, d’accord.
Mais faire feu de tout bois en se la jouant Londonien subissant avec courage le
Blitz et les V2, non. Cela vaut pour les écoles aussi. A quoi bon bombarder de
devoirs des gamins anxieux qui, de toutes les façons, les traiteront par-dessus
la jambe ?
Nous vivons une grave crise sanitaire. Ces injonctions « à faire » atteignent parfois des
malades, des parents de malades, des gens angoissés qui se savent dans la
catégorie à risque. Croyez-vous qu’ils aient l’esprit à ça ? Il serait plus
humain et censé de faire une pause et d’accepter, pour celles et ceux qui le
peuvent, cette inactivité forcée. En un mot, calmez-vous les gars, laissez
filer et foutez-nous la paix.
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