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Musiciens je vous parle d’une vie dans l’œil du cyclone
fracassée par les assauts des vagues scélérates
d’une vie chavirée dans la zone des quarantièmes
rugissants
d’une vie lézardée à la merci des Puissants
Le grand frère d’Amérique qui agite frénétiquement
son hochet sur lequel est marqué Droit de veto
Dame Europe qui vêtue de sa belle robe
observe du haut de sa tour les peuples « inférieurs »
se débattant en enfer
Elle ne sait que répéter en dodelinant la tête
la même ritournelle
La mascarade continue pendant que les marchands
d’armes se frottent les mains
Décidément ces vauriens ne veulent pas
entendre raison
Lançons immédiatement la fabrication
d’instruments de morts plus puissants
Je vous parle d’un peuple magnifique
animé d’une volonté farouche
de faire la nique aux abominations
en cultivant l’art du café du petit matin
capable d’inventer la cinétique du cabossé
et de la tôle ondulée
de peindre les ânes en zèbre
pour amuser les enfants
Je vous parle d’un peuple qui tambourine
sans relâche aux portes de l’avenir
d’un pays relégué aux marges de l’histoire
Dans ce pays les petites Salma ont pour Nidal
Les yeux de Chimène et rêvent d’épousailles
Ils grandiront auront des enfants
qui auront des enfants jusqu’à ce qu’une balle
en plein cœur interrompe le fil du récit
A quoi rêvent les enfants de Gaza ?
Qui dira la peine des survivants ?
Comment font-ils pour traverser ces temps tragiques
en maintenant le désir d’être humain et vivant ?
Qui racontera la geste de ceux dont chaque acte
est un exploit ?
Olivia Elias, Ton nom de Palestine, Combats, Al Manar, 2017.
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