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Tout va bien, jeudi 5 janvier 2023
Akram Belkaïd, Paris.
Dans une chronique publiée par La Croix (4 janvier 2023), l’écrivain Emmanuel Godo prend la défense de Michel Houellebecq et dénonce la décision de la Mosquée de Paris de poursuivre en justice l’auteur d’Anéantir pour « provocation à la haine contre les musulmans ». « Même dans ses excès ou dans les désaccords de fond que nous avons avec lui, il est toujours fructueux de regarder du côté de ses questions », écrit ainsi Godo. Fructueux ? J’imagine alors que l’on va bientôt nous expliquer qu’il aurait été (qu’il serait encore) fructueux de regarder du côté des questions abordées par des auteurs tels Charles Maurras ou Robert Brasillach…. « Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, c’est qu’ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien autre solution, qu’ils s’en aillent », voilà ce qu’affirme Houellebecq. On imagine quel serait le débat « fructueux » à propos de cette déclaration nauséabonde.
Entendons-nous bien, on peut – et c’est ce que je pense – déplorer l’initiative de la Mosquée de Paris d’attaquer en justice un écrivain, quelles que soient ses idées. Cela ne devrait pas être de son ressort et nombre de musulmans de France n’ont certainement pas envie que cette institution prétende parler en leur nom. Michel Houellebecq peut écrire ce qu’il a envie d’écrire et l’on n’est pas obligé de le lire et encore moins de lui offrir l’occasion de se parer des habits de l’auteur opprimé. Mais il y a une différence entre défendre la liberté d’expression et donner du crédit à de tels propos.
« Porter plainte contre un écrivain de la trempe (sic) de Houellebecq est une forme d’aveu » affirme Godo qui ajoute plus loin : « Dans un pays qui a vu tomber sous les balles de fanatiques islamistes des dessinateurs joyeusement impertinents, décapiter un professeur de la République, museler dans l’autocensure une part considérable de son intelligentsia, un écrivain a le droit de dire haut et fort son pessimisme, ses rages, ses inquiétudes face à la montée de l’intolérance et de la tartufferie. Ceux qui l’accusent de jouer au pyromane ont à se demander quelle conception des libertés publiques ils défendent au juste. »
Le message d’Emmanuel Godo est sans équivoque. Les violences terroristes subies par la France et sa population imposent aux musulmans de la fermer et de faire profil bas quelles que soient les insultes et les mises en causes subies. On peut les agonir d’injures et, pire encore, les essentialiser en les mettant tous dans le même sac d’infamie, leur seul droit est le silence et la contrition. Cela en dit long sur l’installation définitive de l’islamophobie dans la vie intellectuelle française.
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