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Lu dans la brochure de Philippe Herlin candidat du Front national pour le 15ème arrondissement de Paris :
- "Non à l'immigration et à la tiers-mondisation de quartiers entiers : Je supprimerai toutes les aides aux associations immigrationnistes. Les sans-papiers n'auront pas leur place dans le 15°".
- "Non aux tours : les tours vont défigurer Paris et attirer l'immigration. Stop."
et dans la rubrique "qui suis-je ?" :
"Auteurs favoris : Maurice G. Dantec, Alain Finkelkraut, George Steiner"
Je ne ferai aucun commentaire.
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Blog au fil des jours, quand la chose et l'écriture sont possibles.
Lignes quotidiennes
vendredi 14 mars 2008
La chronique économique : le blues de l'industrie du disque
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Le Quotidien d'Oran, mercredi 12 mars 2008
C’est un chiffre qui en dit long sur l’état calamiteux du marché de la musique. Aux Etats-Unis, 48 % des adolescents n’ont pas acheté le moindre CD musical en 2007 contre 38 % l’année précédente. Cela signifie qu’une grande majorité d’entre eux ont encore eu recours au téléchargement illégal sur internet. Ce phénomène n’est pas près de s’estomper et de nombreux experts estiment que nous en sommes à l’aube de bouleversements majeurs qui pourraient bien faire disparaître l’industrie du disque.
En effet, avec la montée en puissance de l’internet à haut débit et la progression incessante des capacités de stockage, il n’y a aucune raison pour qu’un CD légalement acheté ne se démultiplie pas en millions de copies pirates aux quatre coins de la planète.
Les dégâts du piratage sur internet
Un autre chiffre est encore plus parlant : il y aurait plus d’un milliard de titres téléchargés illégalement chaque mois dans le monde, soit l’équivalent de plusieurs dizaines de milliards de dollars de pertes financières pour les éditeurs de musique. Ces derniers accusent donc le coup et paient ainsi le prix de leurs erreurs.
La première, la plus ancienne, a été sans conteste l’arrogance de cette industrie qui continue encore d’imposer des produits à prix élevés, alors qu’une grande partie du public s’en détourne et cherche la gratuité même si elle passe par des moyens illégaux.
La seconde erreur réside dans le fait que les producteurs de musique ont longtemps négligé le piratage, estimant à tort qu’il n’était qu’une maladie infantile de l’internet. Lorsque les courbes de vente ont définitivement plongé et qu’il s’est avéré qu’un public de plus en plus jeune n’achetait plus de CD, il était déjà trop tard.
Enfin, la réaction brutale (plaintes pénales, harcèlement juridique,...) de l’industrie du disque contre les pirates, parfois de jeunes adolescents, a été contreproductive et a abouti à l’effet inverse avec des internautes qui, du jour au lendemain, sont devenus solidaires avec leurs pairs poursuivis pour avoir téléchargé de la musique de manière illégale.
Pour autant, et malgré le peu de sympathie que l’on peut éprouver vis-à-vis de la traditionnelle âpreté au gain des majors de la musique, il faut tout de même rappeler que le piratage est à l’origine de la destruction de plusieurs milliers d’emplois. Par sa faute, des auteurs ont tout simplement été lâchés par leurs maisons de disque qui ne les considéraient plus comme rentables.
Plus grave encore, il existe certains secteurs totalement sinistrés comme c’est le cas pour la musique classique. Le piratage mais aussi les compilations à bas prix, freinent le développement de cette branche particulière qui vit actuellement sur ses acquis et la masse conséquente de ses enregistrements passés. Mais cette profusion est trompeuse puisqu’elle cache une réalité inquiétante : il y a très peu de disques de musique classique de bonne qualité qui sont actuellement enregistrés et le déclin semble bel et bien entamé.
Une nouvelle stratégie
Les « majors » sont-elles condamnées ? Pas si sûr. Comme l’ont fait d’autres entreprises dans d’autres secteurs d’activité, elles s’adaptent en essayant de mettre au point de nouvelles stratégies. D’abord, elles ont décidé d’être plus ou moins tolérantes avec les jeunes pirates, en axant leur discours sur l’éthique et le respect du travail des artistes. Aux Etats-Unis, cela donne quelques résultats puisque les téléchargements légaux de musique sur internet ont progressé de 21 % en 2007 par rapport à l’année précédente.
Ensuite, l’industrie du disque est en train de se transformer en industrie du concert. Les artistes qui signent avec un label doivent le plus souvent s’engager à faire des tournées qui s’avèrent souvent très rentables au plan financier. Si un CD peut-être piraté, il faut débourser en moyenne 80 euros pour voir jouer un artiste en live. A terme, l’album de musique pourrait même devenir gratuit et ne constituer qu’un simple produit d’appel pour les concerts.
Akram Belkaïd
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Le Quotidien d'Oran, mercredi 12 mars 2008
C’est un chiffre qui en dit long sur l’état calamiteux du marché de la musique. Aux Etats-Unis, 48 % des adolescents n’ont pas acheté le moindre CD musical en 2007 contre 38 % l’année précédente. Cela signifie qu’une grande majorité d’entre eux ont encore eu recours au téléchargement illégal sur internet. Ce phénomène n’est pas près de s’estomper et de nombreux experts estiment que nous en sommes à l’aube de bouleversements majeurs qui pourraient bien faire disparaître l’industrie du disque.
En effet, avec la montée en puissance de l’internet à haut débit et la progression incessante des capacités de stockage, il n’y a aucune raison pour qu’un CD légalement acheté ne se démultiplie pas en millions de copies pirates aux quatre coins de la planète.
Les dégâts du piratage sur internet
Un autre chiffre est encore plus parlant : il y aurait plus d’un milliard de titres téléchargés illégalement chaque mois dans le monde, soit l’équivalent de plusieurs dizaines de milliards de dollars de pertes financières pour les éditeurs de musique. Ces derniers accusent donc le coup et paient ainsi le prix de leurs erreurs.
La première, la plus ancienne, a été sans conteste l’arrogance de cette industrie qui continue encore d’imposer des produits à prix élevés, alors qu’une grande partie du public s’en détourne et cherche la gratuité même si elle passe par des moyens illégaux.
La seconde erreur réside dans le fait que les producteurs de musique ont longtemps négligé le piratage, estimant à tort qu’il n’était qu’une maladie infantile de l’internet. Lorsque les courbes de vente ont définitivement plongé et qu’il s’est avéré qu’un public de plus en plus jeune n’achetait plus de CD, il était déjà trop tard.
Enfin, la réaction brutale (plaintes pénales, harcèlement juridique,...) de l’industrie du disque contre les pirates, parfois de jeunes adolescents, a été contreproductive et a abouti à l’effet inverse avec des internautes qui, du jour au lendemain, sont devenus solidaires avec leurs pairs poursuivis pour avoir téléchargé de la musique de manière illégale.
Pour autant, et malgré le peu de sympathie que l’on peut éprouver vis-à-vis de la traditionnelle âpreté au gain des majors de la musique, il faut tout de même rappeler que le piratage est à l’origine de la destruction de plusieurs milliers d’emplois. Par sa faute, des auteurs ont tout simplement été lâchés par leurs maisons de disque qui ne les considéraient plus comme rentables.
Plus grave encore, il existe certains secteurs totalement sinistrés comme c’est le cas pour la musique classique. Le piratage mais aussi les compilations à bas prix, freinent le développement de cette branche particulière qui vit actuellement sur ses acquis et la masse conséquente de ses enregistrements passés. Mais cette profusion est trompeuse puisqu’elle cache une réalité inquiétante : il y a très peu de disques de musique classique de bonne qualité qui sont actuellement enregistrés et le déclin semble bel et bien entamé.
Une nouvelle stratégie
Les « majors » sont-elles condamnées ? Pas si sûr. Comme l’ont fait d’autres entreprises dans d’autres secteurs d’activité, elles s’adaptent en essayant de mettre au point de nouvelles stratégies. D’abord, elles ont décidé d’être plus ou moins tolérantes avec les jeunes pirates, en axant leur discours sur l’éthique et le respect du travail des artistes. Aux Etats-Unis, cela donne quelques résultats puisque les téléchargements légaux de musique sur internet ont progressé de 21 % en 2007 par rapport à l’année précédente.
Ensuite, l’industrie du disque est en train de se transformer en industrie du concert. Les artistes qui signent avec un label doivent le plus souvent s’engager à faire des tournées qui s’avèrent souvent très rentables au plan financier. Si un CD peut-être piraté, il faut débourser en moyenne 80 euros pour voir jouer un artiste en live. A terme, l’album de musique pourrait même devenir gratuit et ne constituer qu’un simple produit d’appel pour les concerts.
Akram Belkaïd
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dimanche 9 mars 2008
La chronique économique : Unilever, acteur et révélateur de la mondialisation
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Le Quotidien d'Oran, mercredi 5 mars 2008
La vie interne et la transformation continue des multinationales sont, sans conteste, une large source d’enseignements et peuvent même s’avérer bien plus instructives que nombre d’analyses géopolitiques. C’est le cas par exemple d’Unilever, ce géant de l’agroalimentaire et des produits de grande consommation, dont chaque mouvement sur l’échiquier global ne passe jamais inaperçu.
Il y a quelques jours, cette firme, présente sur les cinq continents, a annoncé que son conseil de direction ne comporterait plus de membres de nationalité britannique ou néerlandaise. L’annonce n’a rien d’anodin car c’est bien une page qui se tourne dans l’histoire de ce groupe, dont les origines et la matrice sont anglo-hollandaise. En effet, c’est en 1930 que la société anglaise Lever - qui fabriquait alors des savons et des produits d’entretien - a fusionné avec Unie, qui, de son côté, fabriquait de la margarine aux Pays-Bas.
INTERNATIONALISATION DES DIRIGEANTS
Le fait qu’Unilever ne comptera plus parmi ses hauts dirigeants de membres ayant l’une de ses deux nationalités « originelles » confirme que les grandes multinationales deviennent peu à peu des transnationales, passant au-dessus des Etats et des drapeaux, et étant même capables - cela arrivera bien un jour - de s’acheter une terre pour en faire leur propre « pays ».
Mais il n’y a pas que cette question de l’aspect hors-nationalité des grandes sociétés. Ce qu’il y a d’intéressant dans le cas Unilever, c’est que le nouveau conseil de direction comportera 7 membres, dont un Français, trois Américains et, surtout, deux Indiens et un Zimbabwéen. Voilà, représentée de manière concrète, une autre réalité de la mondialisation. Jusqu’à présent, on parlait beaucoup des cadres supérieurs qui passaient d’un continent à l’autre. Aujourd’hui, ce sont les directions des grands groupes qui deviennent internationales. Il y a vingt ans, qui aurait pu prédire que l’un des patrons d’Unilever serait de nationalité indienne ? Et ce n’est qu’un début en attendant que Chinois, Vietnamiens ou Egyptiens ne rejoignent le cercle fermé des grands dirigeants d’entreprises globalisées.
Ces dernières sont-elles pour autant multiculturelles ? Le débat n’est pas tranché. Ce qui lie des Français, des Américains, des Indiens et un Zimbabwéen à la tête d’une grande entreprise comme Unilever, c’est avant tout le partage des mêmes conceptions de l’économie de marché et de la nécessité de rémunérer comme il se doit les actionnaires. Bref, la vision libérale de l’économie est le premier ciment qui peut unir ces hommes.
Pour autant, même s’il a été éduqué dans les plus grandes écoles occidentales, un haut cadre indien n’aura jamais une vision exactement identique à celle de son homologue américain ou français. Du coup, la manière dont ces multinationales font cohabiter ces nationalités est donc, à elle seule, un vaste sujet d’étude dont la partie visible est le développement fulgurant des activités de conseil en environnement multiculturel.
CAP SUR LES PAYS EMERGENTS
L’autre annonce d’Unilever, qui mérite d’être signalée, concerne sa décision de créer une grande division incluant non seulement l’Asie et l’Afrique mais aussi l’Europe de l’Est qui, jusque-là, était rattachée à la division d’Europe de l’Ouest. Cette réorganisation témoigne de la volonté d’Unilever d’axer ses efforts sur les pays émergents, là où les niveaux de consommation restent bien en deçà de ce qui existe dans les pays développés. Unilever n’est pas la seule transnationale à opérer ce basculement, et cela promet de grandes batailles à coup de millions de dollars pour le contrôle des marchés émergents.
Pour des pays qui tentent, vaille que vaille, de s’insérer dans le commerce international, c’est le cas par exemple du Maroc ou de la Tunisie, le mouvement d’Unilever démontre qu’il est temps pour eux de commencer à regarder vers l’Est et le Sud plutôt que de tout miser sur les marchés européens et nord-américains, qui sont certes les plus solvables mais aussi les plus saturés et les plus limités en matière de potentiel de développement. C’est ce qui explique, entre autres, pourquoi de nombreux pays du Sud tentent aujourd’hui de signer des accords de libre-échange entre eux.
Le Quotidien d'Oran, mercredi 5 mars 2008
La vie interne et la transformation continue des multinationales sont, sans conteste, une large source d’enseignements et peuvent même s’avérer bien plus instructives que nombre d’analyses géopolitiques. C’est le cas par exemple d’Unilever, ce géant de l’agroalimentaire et des produits de grande consommation, dont chaque mouvement sur l’échiquier global ne passe jamais inaperçu.
Il y a quelques jours, cette firme, présente sur les cinq continents, a annoncé que son conseil de direction ne comporterait plus de membres de nationalité britannique ou néerlandaise. L’annonce n’a rien d’anodin car c’est bien une page qui se tourne dans l’histoire de ce groupe, dont les origines et la matrice sont anglo-hollandaise. En effet, c’est en 1930 que la société anglaise Lever - qui fabriquait alors des savons et des produits d’entretien - a fusionné avec Unie, qui, de son côté, fabriquait de la margarine aux Pays-Bas.
INTERNATIONALISATION DES DIRIGEANTS
Le fait qu’Unilever ne comptera plus parmi ses hauts dirigeants de membres ayant l’une de ses deux nationalités « originelles » confirme que les grandes multinationales deviennent peu à peu des transnationales, passant au-dessus des Etats et des drapeaux, et étant même capables - cela arrivera bien un jour - de s’acheter une terre pour en faire leur propre « pays ».
Mais il n’y a pas que cette question de l’aspect hors-nationalité des grandes sociétés. Ce qu’il y a d’intéressant dans le cas Unilever, c’est que le nouveau conseil de direction comportera 7 membres, dont un Français, trois Américains et, surtout, deux Indiens et un Zimbabwéen. Voilà, représentée de manière concrète, une autre réalité de la mondialisation. Jusqu’à présent, on parlait beaucoup des cadres supérieurs qui passaient d’un continent à l’autre. Aujourd’hui, ce sont les directions des grands groupes qui deviennent internationales. Il y a vingt ans, qui aurait pu prédire que l’un des patrons d’Unilever serait de nationalité indienne ? Et ce n’est qu’un début en attendant que Chinois, Vietnamiens ou Egyptiens ne rejoignent le cercle fermé des grands dirigeants d’entreprises globalisées.
Ces dernières sont-elles pour autant multiculturelles ? Le débat n’est pas tranché. Ce qui lie des Français, des Américains, des Indiens et un Zimbabwéen à la tête d’une grande entreprise comme Unilever, c’est avant tout le partage des mêmes conceptions de l’économie de marché et de la nécessité de rémunérer comme il se doit les actionnaires. Bref, la vision libérale de l’économie est le premier ciment qui peut unir ces hommes.
Pour autant, même s’il a été éduqué dans les plus grandes écoles occidentales, un haut cadre indien n’aura jamais une vision exactement identique à celle de son homologue américain ou français. Du coup, la manière dont ces multinationales font cohabiter ces nationalités est donc, à elle seule, un vaste sujet d’étude dont la partie visible est le développement fulgurant des activités de conseil en environnement multiculturel.
CAP SUR LES PAYS EMERGENTS
L’autre annonce d’Unilever, qui mérite d’être signalée, concerne sa décision de créer une grande division incluant non seulement l’Asie et l’Afrique mais aussi l’Europe de l’Est qui, jusque-là, était rattachée à la division d’Europe de l’Ouest. Cette réorganisation témoigne de la volonté d’Unilever d’axer ses efforts sur les pays émergents, là où les niveaux de consommation restent bien en deçà de ce qui existe dans les pays développés. Unilever n’est pas la seule transnationale à opérer ce basculement, et cela promet de grandes batailles à coup de millions de dollars pour le contrôle des marchés émergents.
Pour des pays qui tentent, vaille que vaille, de s’insérer dans le commerce international, c’est le cas par exemple du Maroc ou de la Tunisie, le mouvement d’Unilever démontre qu’il est temps pour eux de commencer à regarder vers l’Est et le Sud plutôt que de tout miser sur les marchés européens et nord-américains, qui sont certes les plus solvables mais aussi les plus saturés et les plus limités en matière de potentiel de développement. C’est ce qui explique, entre autres, pourquoi de nombreux pays du Sud tentent aujourd’hui de signer des accords de libre-échange entre eux.
lundi 3 mars 2008
La chronique de l'économie : Agflation
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Le Quotidien d'Oran, mercredi 27 février 2008
Le terme n’est pas nouveau -il a été utilisé au début des années 1970 - mais il commence à peine à entrer dans le langage commun. En contractant agriculture et inflation, il désigne la hausse brutale des prix des produits agricoles et alimentaires, un phénomène dont on parle désormais aux quatre coins de la planète, avec tout ce que cela englobe comme tensions sociales et défis imposés aux gouvernements.
A la fin de l’été dernier, la « grève des pâtes », lancée en Italie pour dénoncer la hausse des prix de cet aliment incontournable pour les Italiens n’a ainsi été qu’un maillon parmi tant d’autres dans la longue chaîne des protestas qui, de la Chine au Mexique, ont poussé des milliers de personnes à investir la rue pour manifester contre cette inflation d’un genre nouveau.
C’est le cas aussi en France où une récente enquête vient de mettre en exergue des hausses de prix stupéfiantes pour certains produits alimentaires comme les laitages ou les céréales (plus de 30 % en quelques mois). Certes, pour cet exemple précis, il est difficile de savoir si le problème réside en amont, c’est-à-dire au niveau des producteurs ou alors en aval, c’est-à-dire au niveau des distributeurs ou des intermédiaires.
Mais le plus important, c’est que ces hausses n’ont pu intervenir que parce qu’il existe bel et bien une tendance haussière des matières premières agricoles, phénomène qui encourage certains opérateurs économiques à profiter de l’aubaine.
Les explications à propos de l’agflation sont nombreuses et complémentaires. La première est la plus logique mais aussi la plus inquiétante. Dans un monde globalisé, où la population de la planète ne cesse d’augmenter alors que les surfaces cultivées diminuent, il est normal, par effet mécanique, d’assister à la hausse des prix agricoles, la demande étant plus importante que l’offre. De plus, la mondialisation fait se diffuser et s’uniformiser les modes de consommation de manière plus rapide. Hier, la Chine et l’Inde réussissaient à préserver leurs modèles d’alimentation traditionnelle.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : laitages, céréales voire même café et chocolat sont presque autant recherchés par leurs consommateurs qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Résultat, il existe aujourd’hui une compétition pour l’acquisition de produits alimentaires qui, sans être aussi féroce que celle existant pour le pétrole, est certainement appelée à s’exacerber.
La seconde explication réside dans les conséquences pour le moins néfastes des accords de libre-échange signés par des pays à vocation agricole. C’est le cas par exemple du Mexique, l’un des principaux producteurs mondiaux de maïs et dont les récoltes sont en chute libre parce que ses paysans ne peuvent pas lutter contre les importations de produits américains lesquels, signalons-le au passage, bénéficient de subventions huit fois plus élevées que celle que Mexico accorde à ses agriculteurs.
Résultat, ces derniers remplacent leurs cultures de maïs ou de céréales par du pavot ou de la marijuana et c’est ainsi que le Mexique est en passe actuellement de devenir le premier producteur mondial de cette plante. Voilà comment la combinaison du libre-échange et le trafic de drogue contribuent à l’agflation en encourageant la disparition de cultures de produits alimentaires.
Enfin, la lutte contre le réchauffement climatique a parfois des mauvais côtés. La montée en puissance des biocarburants ou, pour être plus précis, des agrocarburants est aussi responsable de l’agflation. En favorisant le marché du carburant « propre », certains agriculteurs ont fait le choix de l’automobile contre celui de l’alimentation de l’être humain.
Il y a d’ailleurs là un véritable problème éthique qui n’est pas suffisamment abordé : comment peut-on privilégier la voiture au détriment de l’alimentation dans le monde ? Conséquence : dans les pays les plus pauvres, le Programme alimentaire mondial de l’ONU, le PAM, n’arrive plus à répondre à la demande. En vendant leur production à des fabricants d’éthanol, les agriculteurs n’avivent pas simplement l’agflation, ils contribuent à aggraver le drame de la faim dans le monde. C’est l’un des scandales majeurs de notre monde globalisé.
Le Quotidien d'Oran, mercredi 27 février 2008
Le terme n’est pas nouveau -il a été utilisé au début des années 1970 - mais il commence à peine à entrer dans le langage commun. En contractant agriculture et inflation, il désigne la hausse brutale des prix des produits agricoles et alimentaires, un phénomène dont on parle désormais aux quatre coins de la planète, avec tout ce que cela englobe comme tensions sociales et défis imposés aux gouvernements.
A la fin de l’été dernier, la « grève des pâtes », lancée en Italie pour dénoncer la hausse des prix de cet aliment incontournable pour les Italiens n’a ainsi été qu’un maillon parmi tant d’autres dans la longue chaîne des protestas qui, de la Chine au Mexique, ont poussé des milliers de personnes à investir la rue pour manifester contre cette inflation d’un genre nouveau.
C’est le cas aussi en France où une récente enquête vient de mettre en exergue des hausses de prix stupéfiantes pour certains produits alimentaires comme les laitages ou les céréales (plus de 30 % en quelques mois). Certes, pour cet exemple précis, il est difficile de savoir si le problème réside en amont, c’est-à-dire au niveau des producteurs ou alors en aval, c’est-à-dire au niveau des distributeurs ou des intermédiaires.
Mais le plus important, c’est que ces hausses n’ont pu intervenir que parce qu’il existe bel et bien une tendance haussière des matières premières agricoles, phénomène qui encourage certains opérateurs économiques à profiter de l’aubaine.
Les explications à propos de l’agflation sont nombreuses et complémentaires. La première est la plus logique mais aussi la plus inquiétante. Dans un monde globalisé, où la population de la planète ne cesse d’augmenter alors que les surfaces cultivées diminuent, il est normal, par effet mécanique, d’assister à la hausse des prix agricoles, la demande étant plus importante que l’offre. De plus, la mondialisation fait se diffuser et s’uniformiser les modes de consommation de manière plus rapide. Hier, la Chine et l’Inde réussissaient à préserver leurs modèles d’alimentation traditionnelle.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : laitages, céréales voire même café et chocolat sont presque autant recherchés par leurs consommateurs qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Résultat, il existe aujourd’hui une compétition pour l’acquisition de produits alimentaires qui, sans être aussi féroce que celle existant pour le pétrole, est certainement appelée à s’exacerber.
La seconde explication réside dans les conséquences pour le moins néfastes des accords de libre-échange signés par des pays à vocation agricole. C’est le cas par exemple du Mexique, l’un des principaux producteurs mondiaux de maïs et dont les récoltes sont en chute libre parce que ses paysans ne peuvent pas lutter contre les importations de produits américains lesquels, signalons-le au passage, bénéficient de subventions huit fois plus élevées que celle que Mexico accorde à ses agriculteurs.
Résultat, ces derniers remplacent leurs cultures de maïs ou de céréales par du pavot ou de la marijuana et c’est ainsi que le Mexique est en passe actuellement de devenir le premier producteur mondial de cette plante. Voilà comment la combinaison du libre-échange et le trafic de drogue contribuent à l’agflation en encourageant la disparition de cultures de produits alimentaires.
Enfin, la lutte contre le réchauffement climatique a parfois des mauvais côtés. La montée en puissance des biocarburants ou, pour être plus précis, des agrocarburants est aussi responsable de l’agflation. En favorisant le marché du carburant « propre », certains agriculteurs ont fait le choix de l’automobile contre celui de l’alimentation de l’être humain.
Il y a d’ailleurs là un véritable problème éthique qui n’est pas suffisamment abordé : comment peut-on privilégier la voiture au détriment de l’alimentation dans le monde ? Conséquence : dans les pays les plus pauvres, le Programme alimentaire mondial de l’ONU, le PAM, n’arrive plus à répondre à la demande. En vendant leur production à des fabricants d’éthanol, les agriculteurs n’avivent pas simplement l’agflation, ils contribuent à aggraver le drame de la faim dans le monde. C’est l’un des scandales majeurs de notre monde globalisé.
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