Le Quotidien d'Oran, samedi 4 janvier 2014
Akram Belkaïd, Paris
En 2014, les regards de nombre d’économistes
se tourneront, une fois encore, vers la Chine. Mais, cette fois-ci, il ne
s’agira pas simplement pour eux de vérifier que la croissance du Produit
intérieur brut (PIB) est à son niveau habituel, c’est à dire autour de 7% voire
plus. En effet, plusieurs de ces experts craignent que la locomotive de
l’économie planétaire ne soit confrontée à une grave crise bancaire qui pourrait
avoir des répercussions mondiales.
Une
dette qui gonfle
Le problème réside dans l’explosion de
l’endettement des gouvernements locaux. A la mi-2013, la dette globale de ces
institutions incluant les provinces, les districts et les municipalités, atteignait
déjà 17.900 milliards de yuans soit l’équivalent de 2.100 milliards d’euros.
Selon les statistiques publiées par le Pékin, la dette des collectivités
locales a bondi de 67% en deux ans. De quoi donner des sueurs froides aux
responsables chinois qui savent pertinemment que ces institutions sont
incapables de générer des recettes suffisantes pour rembourser leurs créances.
D’où vient cet endettement ? Il est la
conséquence de la conjonction de plusieurs facteurs. D’abord, il faut rappeler
que le gouvernement central a longtemps fait pression sur ses provinces pour
qu’elles tiennent leurs objectifs de croissance. Dans une conjoncture
économique morose et marquée par un net ralentissement de l’activité, ces entités
se sont retrouvées obligées de lancer de grands travaux d’infrastructure tout
en incitant les usines de leurs régions à produire plus. Bien entendu, tout
cela a nécessité des ressources financières d’où l’obligation pour les
gouvernements locaux de s’endetter.
La question qui est désormais posée concerne
la stabilité du système financier et bancaire chinois. Que se passera-t-il si
les provinces s’avèrent incapables de rembourser leurs emprunts ? Quelle
sera alors la position du gouvernement central sachant que les banques
chinoises sont déjà fortement exposées en termes de créances douteuses ?
Faut-il craindre une panique bancaire qui obligerait Pékin à se porter au
secours des établissements concernés ? Un sauvetage qui, par effet
mécanique, réduirait les investissements chinois à l’étranger et aurait, par
conséquent, un impact direct sur la croissance mondiale. A cela s’ajouterait
aussi une incertitude sur les placements financiers chinois et donc sur la
capacité de Pékin de continuer à financer le déficit américain par l’achat
d’obligations émises par le Trésor étasunien.
Pékin
joue la transparence
De nombreux observateurs tendent toutefois à
relativiser le problème généré par cet endettement. Ils relèvent d’abord que la
Chine a les moyens de faire face à une crise financière interne puisque ses
réserves de change atteignent près de 3.500 milliards de dollars. Ensuite, ils notent
que l’endettement public n’équivaut qu’à 55% du PIB, ce qui, en comparaison
d’autres puissances économiques, est un ratio qui paraît des plus raisonnables.
Enfin, il y a le fait que le gouvernement chinois semble décidé à être
transparent sur cette question. Une position peu fréquente qui donne à penser
que le problème est en passe d’être réglé. A moins qu’il ne s’agisse du
contraire, la gravité de la situation obligeant Pékin à en parler publiquement…
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