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mercredi 25 août 2021

La chronique économique : Hydrogène, le retour

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Le Quotidien d’Oran, mercredi 23 juin 2021

Akram Belkaïd, Paris

Faut-il y croire ou est-ce encore de la science-fiction que chercherait à utiliser la communication ? En début de semaine, trois entreprises françaises, Air Liquide, Airbus et Aéroports de Paris (ADP), ont annoncé avoir signé un protocole d’accord pour développer la filière hydrogène. L’objectif est que les principaux aéroports français disposent dès 2035 d’infrastructures garantissant l’approvisionnement en hydrogène pour les futurs aéronefs qui utiliseront ce composé pour voler. En clair, ces trois acteurs font officiellement le pari du replacement du kérosène par l’hydrogène.

Aérien et automobile

Pour mémoire, en septembre dernier, le constructeur français avait annoncé vouloir développer trois avions qui utiliseraient l’hydrogène comme principal carburant. Un pari ambitieux qui exige la refonte totale de circuits logistiques entièrement basés sur les hydrocarbures. Pour reprendre le terme à la mode, un tel basculement serait « disruptif » car il mettrait fin à plus d’un siècle d’usage carboné. Certes, l’aviation développe aussi d’autres alternatives moins disruptives comme des carburants moins riches en carbone ou des biocarburants voire des mélanges. Mais l’hydrogène alimente toutes les passions.

Très présent sur notre planète, il est, pour l’économiste américain Jérémy Rifkin, l’avenir de la civilisation moderne car il serait le substitut idéal aux hydrocarbures. Déjà, des expérimentations existent avec la pile à hydrogène pour générer de l’électricité verte. Certes, il faudra toujours de l’énergie pour obtenir de l’hydrogène à partir de l’eau mais la consommation carbonée sera sans commune mesure avec les niveaux d’aujourd’hui. En tous les cas, Airbus a dans ses plans trois projets distincts d’appareils à hydrogène. On n’en sait pas plus mais on parle notamment d’une « aile volante » dont l’avènement permettrait à l’aviation civile de ne plus être pointée du doigt en tant que principal émetteur de gaz à effet de serre (ges).

L’aérien n’est pas le seul secteur à envisager une telle rupture. Dans le monde entier, des projets de voiture à hydrogène avancent. En France, la société Hopium a présenté il y a dix jours un prototype d’une berline, la « Machina » qui devrait être commercialisée dès 2025. Avec 1 000 kilomètres d’autonomie et un « plein » en trois minutes pour une vitesse maximale de 200 kilomètres/heure, le projet est désormais en phase de test. Une fois commercialisée, la voiture visera le marché citadin, à condition que les infrastructures d’approvisionnement suivent.

Défis importants

L’hydrogène, pétrole de demain ? Il ne faut pas aller vite en besogne. Les défis technologiques demeurent important. On ne sait pas encore à quoi ressemblera le réseau de distribution de l’hydrogène. On ne sait pas aussi comment stocker ce dernier à grande échelle. On n’a encore aucun recul quant aux rendements des futurs véhicules à l’hydrogène, notamment ceux dédiés aux transports publics. Il n’empêche. La piste de l’hydrogène mérite d’être suivie de près. En Algérie, pays qui dispose de quantités importantes de gaz naturel, cela pourrait permettre de trouver un bon substitut à une production pétrolière désormais en déclin.

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