Le Quotidien d'Oran, mercredi 30 mai 2012
Akram Belkaïd, Paris
L’Inde ne brillerait-elle plus ? On se souvient de ce slogan (« India is shining ») du milieu des années 2000, quand New Delhi prétendait vouloir (et pouvoir) rattraper son voisin chinois en matière de performances économiques. Aujourd’hui, ce pays est l’objet de toutes les inquiétudes, même si le taux de croissance de son Produit intérieur brut (PIB) devrait être compris entre 6 et 7% en 2012. Un niveau envié par tous les pays occidentaux mais qui reste insuffisant pour réduire une pauvreté endémique. De fait, il faudrait un taux de croissance supérieur à 8%, voire à 10% selon certains économistes, pour que la plus vieille démocratie du monde s’engage dans un cycle durable, et non réversible, de diminution des inégalités.
LA ROUPIE PLONGE
Mais les problèmes de l’Inde ne concernent pas uniquement son taux de croissance. Depuis un an, la roupie, sa monnaie, est en chute libre, ayant perdu plus du quart de sa valeur face au dollar américain. Alors que la devise indienne est actuellement autour de 56 roupies pour un billet vert, les spécialistes du marché de change s’attendent à ce qu’elle glisse encore à un rapport historique de 60 pour 1. Comment expliquer une telle baisse dont l’une des conséquences est la persistance d’une inflation élevée à 7% (ce qui pénalise encore plus les catégories les plus pauvres de la population) ?
LA ROUPIE PLONGE
Mais les problèmes de l’Inde ne concernent pas uniquement son taux de croissance. Depuis un an, la roupie, sa monnaie, est en chute libre, ayant perdu plus du quart de sa valeur face au dollar américain. Alors que la devise indienne est actuellement autour de 56 roupies pour un billet vert, les spécialistes du marché de change s’attendent à ce qu’elle glisse encore à un rapport historique de 60 pour 1. Comment expliquer une telle baisse dont l’une des conséquences est la persistance d’une inflation élevée à 7% (ce qui pénalise encore plus les catégories les plus pauvres de la population) ?
Pour de nombreux économistes, la chute de la roupie est la preuve d’une défiance des milieux économiques indiens et internationaux à l’égard de la politique économique menée par le gouvernement de Manmohan Singh. Longtemps présenté comme l’un des pères du miracle économique indien, le Premier ministre est à la tête d’une coalition hétéroclite empêtrée dans ses conflits et rivalités. Résultat, l’Inde est paralysée sur le plan politique et n’est plus capable de mener des réformes de grande envergure. Qu’il s’agisse de la réforme fiscale, du lancement de nouveaux grands chantiers d’infrastructures ou de la réduction de sa facture énergétique (le pays importe 80% de ses besoins en hydrocarbures) ou encore de la modernisation de l’appareil industriel, l’Inde s’avère ainsi incapable de la moindre initiative pour répondre à ses problèmes structurels.
C’est donc un pays en panne dont semblent se méfier les investisseurs. Alors que les agences de notation menacent de dégrader son rating, New Delhi se retrouve confrontée à une crise de confiance qui menace de se transformer en crise de liquidités. En effet, pour assurer leurs arrières, de nombreux opérateurs économiques indiens achètent actuellement des dollars en prévision d’une dépréciation plus accrue de la roupie. Cela pourrait obliger la Banque centrale indienne à intervenir en vendant directement des dollars à ces opérateurs afin de les dissuader d’écouler de la roupie sur le marché des changes (et donc de contribuer à une plus forte baisse de cette devise). Seul problème, ce procédé n’est pas soutenable dans la durée et peut déboucher sur une baisse conséquente des réserves de change.
LES PAYS ÉMERGENTS TOUS CONCERNES ?
Il reste à savoir si l’Inde est un cas isolé ou si ses difficultés n’annoncent pas un revirement de fortune pour les autres pays émergents. Déjà, la Chine annonce une croissance moins importante que prévu (elle restera tout de même de l’ordre de 8%), tandis que le Brésil reste confronté à une menace de surchauffe de son économie. A bien des égards, la deuxième partie de l’année 2012 dira si les pays émergents ont été rattrapés à leur tour par la crise économique qui frappe déjà les pays avancés. Si tel est le cas, l’économie mondiale serait gravement pénalisée par une crise généralisée aux conséquences dévastatrices en matière d’emploi mais aussi de stabilité politique.
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