Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mercredi 9 octobre 2019

Quand Boumediene parlait de démocratie...

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L'échange qui suit, rapporté par Ahmed Bedjaoui, homme de cinéma qui fut longtemps en charge de la très célèbre émission Télé ciné-club, témoigne de la mentalité des dirigeants algériens. Certes, la scène remonte à juin 1974 mais elle éclaire assez bien la situation actuelle, à l'heure où le pouvoir algérien persiste à refuser les revendications du Hirak populaire en maintenant l'élection présidentielle du 12 décembre.

Lotfi El Khouli, scénariste de Youssef Chahine pour le film Le Moineau et ami de Houari Boumediene dont il fut le condisciple à Al Azhar se trouvait à Alger en juin 1974 en tant qu'invité personnel du président.  Lors d'un entretien privé, il lui tint ces propos : [extrait]
"Nous sommes presque dix ans après ta prise de pouvoir. Tu as réussi te concilier l'adhésion de tous et tu n'as pas d'opposition. Qu'est-ce qui t'empêche de mettre en place une constitution et de rentrer dans l'histoire comme celui qui a introduit la démocratie dans le monde arabe ?"
Réponse, étonnée, de Houari Boumediene :
"La démocratie ne s'octroie pas. Les gens doivent souffrir pour elle et accepter d'aller en prison comme toi, pour la mériter. Le jour où je verrai des élites algériennes accepter le prix de la démocratie, nous en reparlerons."

Source : Ahmed Bedjaoui, Quand le cinéma scintillait dans la nuit, in Les Années Boum, ouvrage collectif sous la direction de Mohamed Kacimi, Chihab Editions, Alger, octobre 2016.

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