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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

jeudi 22 octobre 2020

La chronique économique : La Chine devient verte

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Le Quotidien d’Oran, mercredi 30 septembre 2020

Akram Belkaïd, Paris

 

 

Simple effet d’annonce destiné à mettre sous pression d’autres pays dont les États-Unis ou véritable engagement annonçant une véritable révolution politique et technologique ? Dans son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies, le président chinois Xi Jinping a déclaré que son pays entendait désormais parvenir à la neutralité carbone d’ici 2060 et qu’il s’engagerait pour cela dans une réduction des gaz à effet de serre (ges) à partir de 2030. Pour mémoire, la neutralité carbone signifie qu’un émetteur (pays, entreprise, ville, région, etc.) compense la totalité de ce qu’il laisse s’échapper dans l’atmosphère comme dioxyde de carbone en capturant et en stockant des quantités équivalentes de ges.

 

Vitrine technologique

 

Si une telle annonce traduit une vraie volonté des autorités chinoises, alors cela signifie que la Chine est décidée à jouer le rôle de vitrine technologique et de locomotive dans la lutte contre le réchauffement climatique. C’est ce dernier qu’a d’ailleurs évoqué le président Xi Jinping en affirmant que l’humanité ne pouvait plus ignorer les dérèglements de la nature. Alors que les États-Unis sont aujourd’hui dirigés par un climato-sceptique et que leurs émissions de ges repartent à la hausse, Pékin a d’ores et déjà le beau rôle en reconnaissant l’urgence d’agir pour le climat.

 

Il reste à savoir si la Chine y arrivera vraiment. Aujourd’hui, ce pays est le premier émetteur de dioxyde de carbone avec 10 milliards de tonnes en 2018, soit près du double des émissions aux États-Unis (5,4 milliards de tonnes). L’image de villes chinoises plongées dans un brouillard de suie noire due aux industries polluantes et aux centrales à charbon est connue de tous. Et même si la situation semble s’améliorer peu à peu, on se demande comment les autorités vont planifier en si peu de temps le remplacement des énergies carbone par du renouvelable ou du nucléaire.

 

De nombreuses informations incitent toutefois à prendre au sérieux les déclarations de Xi Jinping. Les programmes de constructions sont désormais tenus d’incorporer des solutions technologiques englobant l’énergie solaire ou d’autres sources renouvelables (éoliennes, marées, etc.). Dans certaines provinces, les opérateurs de communication baissent les capacités des réseaux internet la nuit afin de diminuer la facture énergétique. Même la 5G qui compte déjà près de 100 millions d’abonnés est concernée. De nombreuses universités investissent dans des programmes diplômants concernant les énergies vertes et la transition écologique. Bref, il est fort possible qu’il soit nécessaire de suivre de près la Chine pour être à la page en ce qui concerne le développement durable.

 

Complot anti-américain

 

Bien entendu, les sceptiques demeurent nombreux. Pays gigantesque, énergétivore et soucieux de garder une large place au sein du commerce international, la Chine est, selon eux, condamnée à toujours polluer plus. Pour d’autres observateurs, les déclarations de Xi Jinping sont d’abord destinées à rapprocher son pays de l’Europe, qui se veut elle aussi irréprochable en matière d’environnement tout en isolant les États-Unis et d’autres pays émergents dont le Brésil. D’ailleurs, pour les climato-sceptiques américains, la lutte contre le réchauffement climatique n’est rien d’autre qu’un complot chinois pour brider la croissance américaine. Une certitude que les feux récents en Californie n’arrive pas à ébranler.

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