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Le Quotidien d'Oran, mercredi 11 septembre 2013
Akram Belkaïd, Paris
Ils étaient cités en exemple pour leur dynamisme, les
voici accusés de menacer la reprise de l’économie mondiale. Et pourtant, ce n’est
pas entièrement leur faute… De fait, depuis plusieurs semaines, les alertes se
multiplient quant à la baisse des performances des principaux pays émergents
cela alors même que les Etats-Unis mais aussi la zone euro s’éloignent de la
zone dangereuse de la récession. Or, si le ralentissement est bien tangible
chez les fameux BRIICS (Brésil, Russie, Inde, Indonésie, Chine et Afrique du
Sud), ses raisons sont, en grande partie, à rechercher du côté des pays
développés.
La Fed a allumé l’incendie
En annonçant, le 22 mai dernier, qu’elle envisageait de
cesser ses injections massives de liquidités dans l’économie (85 milliards de
dollars par mois), la Réserve fédérale américaine (Fed) a enclenché un
mouvement d’ajustement des flux de capitaux qui dessert les pays émergents. En
effet, la perspective de la fin de ce programme d’ « assouplissement
quantitatif » a provoqué une hausse des taux d’intérêts aux Etats-Unis. Du
coup, nombre d’investisseurs rapatrient en masse leurs capitaux placés dans les
pays émergents car cette hausse des taux longs américains leur garantit de
meilleures rentabilité et liquidité.
En moins de trois mois, les fonds placés dans les pays
émergents ont perdu près de 60 milliards de dollars et ont été rapatriés vers
les Etats-Unis et la zone euro. Un reflux plus important encore que lors de la
crise financière de 2008. Pays soumis à des déficits de paiements structurels,
l’Inde et le Brésil sont les plus affectés par ce réajustement et leurs
monnaies ont perdu près de 20% de leur valeur par rapport au billet vert depuis
mai dernier. Du jamais vu depuis 1995, ce repli faisant écho aux grandes crises
monétaires ayant ébranlé les pays émergents durant les années 1980 et 1990.
Cette fuite des capitaux jusque-là placés dans les pays
émergents vers les Etats-Unis et l’Europe a plusieurs conséquences négatives.
En provoquant la dépréciation des devises comme la roupie ou le real, elle
engendre des tensions inflationnistes lesquels dissuadent les ménages
d’épargner ce qui aggrave la dégradation des comptes externes des pays concernés. Pour autant, les risques d’une grande crise
financière des pays émergents doivent être relativisés car la majorité des pays
émergents disposent de confortables réserves de change ce qui leur évitera, du
moins dans un premier temps, de faire appel au Fonds monétaire international
(FMI) pour équilibrer leurs comptes. Dans le même temps, l’Inde et le Brésil
envisagent de créer un fonds commun d’intervention sur le marché des
monnaies. Une intervention qui passera
par l’achat de dollars afin de provoquer l’appréciation du billet vert et,
inversement, de freiner la glissade de leurs monnaies.
Un G20 toujours vain
Comme l’avaient prédit de nombreux observateurs, la tenue
du G20 au cours du week-end dernier n’a débouché sur aucun accord concret pour
trouver une solution aux déboires monétaires des pays émergents. Certes, les gouverneurs des banques centrales
du G20 se sont engagés « sur le fait que les changements futurs de politiques
monétaires continueront d'être calibrés avec précaution » mais cela ne signifie
pas que la Fed renoncera à sa décision de ne plus injecter des fonds dans
l’économie américaine. En clair, l’hémorragie de capitaux dans les places
émergentes risque de se poursuivre. C’est là une nouvelle preuve du caractère
hautement volatil des investissements financiers étrangers et cela devrait
inciter les pays pénalisées à développer leurs marchés intérieurs et à
encourager l’épargne des ménages.
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