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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mardi 24 septembre 2013

Entretien accordé à Courrier international : FRANCE “Le Front national profite de l’absence d’idées

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Courrier International, jeudi 19 septembre 2013

Courrier international – Le Front national semble être l’épicentre de la vie politique française. Cela vous semble justifié ?
Akram Belkaïd – C’est effectivement le cas car la classe politique traditionnelle est incapable de trouver une parade efficace à la crise sociale qui mine le Vieux Continent. A gauche comme à droite, on manque d’idées pour lutter efficacement contre le chômage et réduire les inégalités engendrées notamment par la mondialisation financière. Les affaires DSK et Cahuzac, pour ne citer qu’elles, ont aussi écœuré des millions de Français, dont la colère profite directement au Front national. Ce parti est désormais au centre du jeu politique pour les prochaines élections, y compris la présidentielle de 2017.

Un tiers des Français se sentiraient “proches des idées” défendues par Le Pen. Faut-il s’en inquiéter ?
Absolument. Certes, on peut se rassurer en disant que nombreux sont ceux qui trouvent dans le FN le seul recours pour exprimer leur colère. Mais un tel raisonnement revient à nier la réalité de la radicalisation d’une partie de la société française sur les questions des inégalités sociales, de l’insécurité, de l’immigration ou même de la peine de mort. Aujourd’hui, le discours humaniste et tolérant est en partie déconsidéré parce qu’il est tenu par des élites politiques et économiques complètement déconnectées de la réalité sociale et, à mon sens, coupables de désinvolture à l’égard des classes populaires et moyennes.

Quel est votre point de vue sur les positions peu claires de l’UMP concernant les reports de voix aux municipales de mars 2014 ?
Cela fait plus de vingt ans que la droite est tentée de faire alliance avec le FN. A chaque rendez-vous électoral, les garde-fous et les rappels à l’ordre au sein de cette famille politique ont empêché ce rapprochement. Mais, quand on regarde ce qui se passe dans le reste de l’Europe, y compris en Scandinavie, où les partis d’extrême droite sont devenus fréquentables, on se rend compte que la France demeure une exception. Est-ce que cela va durer ? Rien n’est moins sûr, car on sent bien qu’une bonne partie de l’opinion publique française est prête à accepter une alliance UMP-FN, que la présidence Sarkozy et ses dérapages divers (discours sur les Roms, débat sur l’identité nationale…) ont contribué à préparer.
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