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jeudi 24 octobre 2013

La chronique économique : Le yuan, référence montante

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 23 octobre 2013
Akram Belkaïd, Paris

La monnaie nationale chinoise, le renminbi (« monnaie du peuple »), que l’on désigne à l’étranger par son autre appellation, le yuan, a souvent fait parler d’elle à propos de sa parité controversée avec le dollar américain. On le sait, Washington a longtemps reproché à Pékin de maintenir artificiellement sa devise à des niveaux bas (par rapport au billet vert) afin de soutenir ses exportations (une monnaie faible permet de vendre plus à l’étranger). Ce débat n’a pas totalement disparu mais ce n’est plus lui qui fait l’actualité.

Une monnaie d’échange qui monte

Désormais, c’est la place du yuan dans les échanges internationaux qui mobilise l’attention. Au début des années 2000, cette monnaie n’existait pratiquement pas en tant que référence. Aujourd’hui, elle représente 16% des paiements dans le commerce extérieur chinois, cette proportion devant atteindre 30% d’ici à 2020. Cela signifie tout simplement que les partenaires commerciaux de la Chine libelleront de moins en moins leurs échanges en dollars ou en euros mais qu’ils achèteront et vendront en Chine contre des yuans.

Cela signifie aussi que la monnaie chinoise va de plus en plus être traitée par les marchés des changes et cela même si sa convertibilité n’est pas encore totale (les autorités continuent à agir de manière directe sur sa valeur contrairement à ce qui est le cas pour le dollar, l’euro, le yen ou d’autres devises convertibles comme le won coréen ou le dollar canadien). En 2004, le yuan pointait à la 35ème place en terme de monnaies échangées. Aujourd’hui, il pointe à la 10ème et de nombreux cambistes s’attendent à ce qu’il rentre dans le « top 5 » d’ici 2020.

Preuve de cet essor, une trentaine de pays a d’ores et déjà décidé de passer des accords avec la Chine pour libeller une partie des importations ou exportations avec la Chine en yuan. Parmi eux, on compte la Turquie, le Chili, le Nigéria et la Thaïlande. Il y a une semaine, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque populaire de Chine (PBoC) ont mis en place un échange de devises (« swap ») d’un montant de 45 milliards d’euros (350 milliards de yuans). Cet accord permettra donc aux opérateurs européens de payer leurs opérations de commerce dans la devise chinoise. Dans le même temps, les places de Paris et de Londres sont bien décidées à devenir le premier centre européen pour les opérations de change sur le yuan. Visas facilités pour les ressortissants chinois, relèvement des plafonds autorisés en matière de transferts bancaires : les deux capitales rivalisent en initiatives pour capter les flux monétaires en yuans et leur bataille ne fait que commencer.

Mais toujours pas une monnaie de réserve

Mais si le yuan est désormais une monnaie d’échange, il lui reste un long chemin à parcourir avant d’atteindre le statut de devise de réserve à l’image du dollar, de l’euro ou du franc suisse. A ce jour, le billet vert compte pour 63% des dépôts des Banques centrales contre à peine 1% pour le yuan. Les récentes péripéties sur le plafond de la dette américaine et la paralysie de l’appareil fédéral (« shutdown) n’ont guère changé les choses. Quand il s’agit de mettre de côté son épargne, le monde continue de miser sur le dollar, étant persuadé que l’Etat le plus sûr – c’est à dire celui qui, entre autres, ne fera jamais faillite – demeure les Etats-Unis et pas la Chine.

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