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Le Quotidien d'Oran, mercredi 19 mars 2014
Akram Belkaïd, Paris
C’est un chiffre qui donne le tournis et dont il est
difficile d’apprécier l’ordre de grandeur. 100.000 milliards de dollars, c’est,
en effet, le montant total de la dette mondiale et cela d’après les calculs de
la Banque des règlements internationaux (BRI), une institution basée à Bâle en
Suisse et qui sert, entre autre, d’instance de concertation entre les Banques
centrales. 100.000 milliards de dollars donc : c’est bien plus que le
Produit intérieur brut (PIB) mondial annuel - autrement dit toute la richesse
créée en un an dans toute la planète - qui est estimé quant à lui à 75.000
milliards de dollars. Dans le détail, ce chiffre de la dette mondiale comprend
les dettes d’Etats mais aussi celles des entreprises et des sociétés
financières. Par contre, la BRI n’a pas inclus les dettes des ménages dans ses
calculs ce qui aurait rendu le montant en question encore plus astronomique.
L’impact de la baisse
des recettes fiscales
Un point important concernant cet endettement est qu’il a
vraiment explosé au cours des quinze dernières années. En 2000, il n’était
« que » de 40.000 milliards de dollars – et cela ne posait guère de
problèmes aux institutions financières internationales - avant de passer à
70.000 milliards de dollars en 2007 et d’atteindre récemment le seuil des
100.000 milliards de dollars. Comment expliquer une telle dérive qui pèse sur
le développement et la croissance (plus la dette augmente plus les intérêts à
payer sont élevés ce qui prive Etats et entreprises de ressources) ? La
majorité des économistes s’accordent à dire que c’est la faute à la crise,
notamment celle de 2008. Pour eux, le mécanisme est simple : la crise
provoque un ralentissement économique lequel engendre des baisses de recettes,
fiscales pour les États, financières pour les entreprises. Résultat, il leur
faut s’endetter. Une explication certes fondée mais qui ne l’est qu’en partie,
du moins en ce qui concerne les États.
En effet, le point de départ de l’endettement de ces
derniers n’est pas la baisse de l’activité (en 2000, la croissance mondiale
tournait à plein régime) mais bien l’impact des politiques fiscales
accommodantes à l’égard des entreprises et qui ont été mises en place depuis au
moins trois décennie. En se privant de recettes fiscales, les Etats ont été
obligés de chercher d’autres moyens de financer leurs dépenses et c’est en
toute logique qu’ils se sont tournés vers la dette. Certains objecteront que
ces mêmes Etats n’ont pas été capables de réduire leurs dépenses mais c’est là
un argument fallacieux et idéologique dans la mesure où, pour la majorité des
pays industrialisés, le ratio des dépenses publiques rapportées au Pib est
stable depuis plus de vingt ans.
Encore plus
d’austérité ou l’effacement ?
Une chose est sûre, ce niveau de dette est, à moyen terme,
insoutenable et des crises sont plus que probables en raison du risque de faillite
de certains Etats sans oublier les dégâts sociaux qu’une telle situation peut
générer. Or, dans leurs recommandations, de nombreux experts continuent de
préconiser des solutions qui ont montré leurs limites à l’image des politiques
d’austérité que même le Fonds monétaire international (FMI) a tendance à
critiquer aujourd’hui. Cela signifie que la question de l’effacement de cette
dette se posera un jour ou l’autre cela d’autant que de nombreux Etats ne
cessent de payer (les intérêts) pour une dette qu’ils ont déjà remboursée
plusieurs fois. Il ne faut pas s’y tromper, la question de l’endettement global
sera un thème majeur de ce début de siècle.
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