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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

lundi 7 novembre 2016

La chronique économique : Menace chinoise, le retour

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Le Quotidien d’Oran, mercredi 2 novembre 2016
Akram Belkaïd, Paris

Il y a bien longtemps que le thème de la Chine comme menace pour l’économie occidentale n’avait pas été agité. Depuis la crise financière de 2008, l’habituel débat sur la faiblesse artificielle du yuan (destinée à favoriser les exportations) ou bien sur les mesures protectionnistes mises en place par Pékin, était, en effet, peu à peu passé au second plan. Bien entendu, il n’a jamais totalement disparu mais certaines questions, comme la possible guerre des monnaies en raison de la hausse annoncée des taux américains (et donc du dollar) ont plus mobilisé l’attention.


Acquisitions technologiques…

Mais voici que deux pays européens, l’Allemagne et la France semblent vouloir remettre au goût du jour la fameuse « menace chinoise ». A Berlin, le ministre de l’économie Sigmar Gabriel, qui est aussi le président du Parti social-démocrate et vice-chancelier, a dénoncé les « pratiques déloyales » de la Chine. Cette dernière est accusée de profiter des législations ouvertes de l’Europe pour acquérir des entreprises technologiques tout en fermant son propre marché. En clair, Pékin serait engagé dans une phase d’acquisition de technologies allemande tout en pratiquant un protectionnisme hermétique. Il faut dire que les chiffres témoignent d’une tendance réelle : Pour les dix premiers de 2016, les Chinois ont mené 47 acquisitions en Allemagne pour un montant de 10,3 milliards d’euros. C’est bien plus qu’en 2015, année où l’activisme des groupes chinois avait pourtant déjà attiré l’attention avec 29 opérations d’achat ou de prise de contrôle pour un montant de 263 millions d’euros.

L’Allemagne, dont la Chine est le premier partenaire commercial, estime que la prise de contrôle stratégique d’entreprises allemandes doit favoriser la réciprocité. Et comme cette dernière n’existe pas, Berlin a décidé de bloquer certaines opérations de rachat à l’image de l’acquisition par des groupes chinois de la société d’éclairage Osram ou de l’équipementier de semi-conducteurs Aixtron. Normalement, la législation ne permet au gouvernement allemand de ne s’opposer qu’aux opérations présentant un risque pour la sécurité, la défense ou la stabilité financière du pays. Mais Sigmar Gabriel est formel, il n’est pas question de faciliter le dépeçage du parc industriel allemand par des intérêts chinois. Et il exige même de l’Europe qu’elle se réveille enfin en cessant d’adopter la position d’ouverture conciliante quand d’autres régions du monde demeurent très protectionnistes.

… et agraires


De son côté, la France réalise quant à elle que c’est son patrimoine agraire qui est dans le viseur chinois. Au printemps 2016, l’achat de 1700 hectares dans le Berry (centre de la France) par des intérêts chinois a créé l’émotion. L’idée que la production agricole française puisse être totalement destinée au marché asiatique alimente les craintes. C’est d’autant plus vrai, que la France est un pays où la terre agricole est un bien rare et où des milliers d’agriculteurs, notamment les jeunes, ne possèdent pas le moindre hectare à cultiver. Des économistes mettent en garde contre les opérations spéculatives qui feraient que ces terres puissent passer de main en main et, pour l’heure, le gouvernement semble vouloir mettre un frein à ces opérations après avoir longtemps temporisé. La terre et la technologie comme objectifs d’achat : On le voit, la Chine franchit un nouveau pallier et sa stratégie de placement d’une partie de ses réserves de change conforte celles et ceux qui mettent en garde contre la menace d’un nouvel impérialisme économique dont l’Europe serait la nouvelle cible.
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