Le Quotidien d’Oran, mercredi 6 février 2019
Akram Belkaïd, Paris
Un slogan concernant cette nouvelle
technologie pourrait être « le futur est déjà là ». Il s’agit de la
cinquième génération de téléphonie mobile, appelée plus communément 5G. Alors
que certains pays en sont encore à la troisième génération (3G) et qu’ils
commencent à peine à passer à la 4G, les grandes puissances économiques se
préparent au big-bang de la nouvelle génération qui permettra d’augmenter la
vitesse de connexion et de transmission. La 5G, c’est effectivement de 1,4
giga-octets par seconde (Go/s) à 4,5 Go/s soit un débit vingt fois plus rapide
que la 4G. Mieux, des articles parient déjà sur un débit encore plus
impressionnant de 10 à 15 Go/s à moyen terme.
La
Chine en pointe
La 5G ne va pas simplement bouleverser le
quotidien des particuliers avec des applications internet plus puissantes et
une connectivité encore plus étendue. Elle va coupler le web aux objets dit
intelligents ou encore les objets mobiles. Exemple, les voitures sans
conducteurs, les drones, les robots. Autrement dit, la 5G associée à de
nouvelles techniques liées à l’intelligence artificielle est susceptible de
provoquer une nouvelle révolution industrielle sans que l’on sache où tout cela
mènera l’humanité. A cela s’ajoute aussi le fait que la 5G nécessitera un grand
nombre d’antennes relais et que cela veut dire une multiplication des
radiofréquences et des champs électromagnétiques. Le plus prudent serait de
faire des tests et de vérifier l’innocuité de ces champs et ondes que l’on
soupçonne pourtant de provoquer des cancers. Oui, mais voilà. Le marché est
énorme. Plusieurs centaines de milliards de dollars sont en jeu. Et la bagarre
et les grandes manœuvres ont déjà commencé.
Un équipementier brigue la place de champion
du monde de la 5G. Il s’agit du groupe chinois Huawei, dont les équipements de
4G lui confèrent déjà le deuxième rang mondial de vendeur de téléphones
intelligents (« smartphones »). Huawei est aussi le premier fabricant
planétaire d’antennes pour la téléphonie mobile et ses ventes devraient
exploser avec le développement de la 5G.
Oui, mais voilà : de nombreux pays
occidentaux ne veulent pas de la technologie chinoise. Ou, plus exactement, de
nombreux gouvernements occidentaux sont inquiets à l’idée que leurs réseaux de
5G dépendent de la Chine. C’est le cas des Etats-Unis entrés en confrontation
directe avec Pékin avec l’arrestation, il y a près de deux mois, de la n°2 de
Huawei alors qu’elle faisait escale à Vancouver au Canada. La justice
américaine demande son extradition au prétexte que la compagnie chinoise
n’aurait pas respecté les sanctions imposées à l’Iran. En réalité, Washington
cherche à affaiblir Huawei dont il ne veut pas comme équipementier pour sa 5G.
Quel
choix pour l’Europe ?
Il y a quelques jours les services secrets
norvégiens ont mis en garde leur gouvernement contre tout choix de Huawei pour
la 5G, estimant que cela rendrait vulnérables la protection d’un certain nombre
d’informations sensibles. Ici ou là en Occident, on reproche ainsi à Huawei sa
trop grande proximité avec le gouvernement chinois. C’est oublier dans la
foulée que les firmes de Silicon Valley travaillent souvent main dans la main
avec les autorités américaines. La réalité est que la bataille est surtout
commerciale car où que l’on soit, en matière de technologies de la
communication, il n’y a pas d’indépendance à l’égard des pouvoirs politiques.
Dans cette affaire, l’Europe qui a du mal à développer sa propre technologie de
5G voit donc se profiler trois options délicates : un, elle s’appuie sur
les Etats-Unis (et en dépend) ; deux, elle acquiert une technologie chinoise
au risque de se fragiliser (et d’irriter Washington) ; trois, elle
développe sa propre 5G mais paie le prix de son retard technologique en la
matière. Car, comme indiqué en début de chronique, la 5G c’est pour 2019 avec
une montée en puissance dès 2021.
_
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire