Le Quotidien d'Oran, mercredi 15 février 2012
La Grèce sera-t-elle sauvée ? C’est la question que se posent nombre d’observateurs alors que sa rue continue de s’embraser et que la classe politique locale paraît de plus en plus désemparée.
Dimanche dernier, l’adoption par le Parlement grec de mesures d’austérité - dont une réduction d’un milliard d’euros des dépenses de médicament (contre à peine 270 millions de dollars de coupe dans le budget de la défense) - a mis le feu aux poudres. A Athènes, une vingtaine d’immeubles ont brûlé tandis que manifestants et policiers s’affrontaient de manière violente. Des élections législatives anticipées auront bien lieu en avril prochain mais rien ne dit que le calme sera revenu d’ici là, les Grecs refusant de subir la cure d’austérité réclamée (dictée ?) à leur pays par les bailleurs de fonds.
UNE ECONOMIE TROP FAIBLE
De fait, on est en droit de se demander si tous ces sacrifices imposés à une population déjà éprouvée par plusieurs mois de crise seront payants au final. On connaît les grandes lignes du «deal» entre, d’un côté, la Grèce, et de l’autre, la «troïka» composée du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Commission européenne. En 2012, Athènes doit rembourser 50 milliards d’euros. Une somme que le pays ne possède pas, d’où l’importance du prêt de 130 milliards d’euros que la troïka ne débloquera qu’en contrepartie des mesures d’austérité adoptées dimanche (dont des baisses de salaires généralisées sans oublier la suppression de plusieurs milliers d’emplois publics et une réduction des minima sociaux). Sur un plan comptable, l’aide européenne devrait permettre à la Grèce de se sortir d’affaire et d’éviter la faillite, du moins au premier semestre 2012.
A l’inverse, les problèmes structurels de ce pays resteront inchangés. En effet, l’économie grecque est trop faible et pas assez compétitive. Surtout que l’industrie de ce pays n’est guère développée (elle contribue à 8% du Produit intérieur brut contre 20% en Italie) et ne peut constituer un levier efficace pour un retour à la croissance. La Grèce aura donc encore besoin de s’endetter y compris après l’assainissement de ses comptes et la réduction drastique de ses dépenses publiques. Du coup, il est évident que d’autres crises de la dette grecque sont à attendre dans les prochaines années. Une perspective qui fait que l’on est en droit de se demander si les sacrifices imposés actuellement à la population sont nécessaires ou s’il ne faut pas que les Grecs aient le droit de choisir la solution la moins douloureuse pour eux, fût-elle une sortie de la zone euro.
Cette option, qui équivaut, entre autres, à une grosse dévaluation, est combattue par plusieurs capitales européennes qui craignent l’effet contagion (les marchés de la dette parieraient immédiatement sur une possible sortie de l’Espagne ou du Portugal). Elle aurait pourtant pour avantage de réduire le niveau des sacrifices imposés à la population. Cela effacerait de manière mécanique une partie de la dette tout en relançant les exportations même si ces dernières ne seront jamais suffisantes pour contribuer à la réduction des déséquilibres budgétaires. Pour autant, la sortie de la zone euro aura pour conséquence vraisemblable l’augmentation des taux d’intérêts imposés à la Grèce, et ce pays risquerait fort de retomber dans la spirale infernale de l’endettement.
LA SOLIDARITE FEDERALE, UNE SOLUTION
On le voit, la situation de la Grèce n’est guère reluisante. Faute de solidarité plus importante de la part de ses partenaires européens, ce pays risque de glisser vers des désordres de plus en plus graves. La solution se trouve peut-être au niveau d’une action plus forte de l’Europe avec la mise en place institutionnalisée de transferts financiers entre pays riches et moins riches - un peu à l’image de ce qui existe entre l’Italie du Nord et celle du Sud. Outre l’impact budgétaire, ce transfert financier permettrait aussi de reconstruire l’industrie grecque et d’augmenter à terme ses exportations. Mais cette ébauche de solution implique que l’Union européenne (UE) évolue vers plus de fédéralisme, ce qui semble être exclu pour l’instant. A moins qu’une aggravation du cas grec n’oblige les Européens à se décider à bâtir enfin leur union politique.
Dimanche dernier, l’adoption par le Parlement grec de mesures d’austérité - dont une réduction d’un milliard d’euros des dépenses de médicament (contre à peine 270 millions de dollars de coupe dans le budget de la défense) - a mis le feu aux poudres. A Athènes, une vingtaine d’immeubles ont brûlé tandis que manifestants et policiers s’affrontaient de manière violente. Des élections législatives anticipées auront bien lieu en avril prochain mais rien ne dit que le calme sera revenu d’ici là, les Grecs refusant de subir la cure d’austérité réclamée (dictée ?) à leur pays par les bailleurs de fonds.
UNE ECONOMIE TROP FAIBLE
De fait, on est en droit de se demander si tous ces sacrifices imposés à une population déjà éprouvée par plusieurs mois de crise seront payants au final. On connaît les grandes lignes du «deal» entre, d’un côté, la Grèce, et de l’autre, la «troïka» composée du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Commission européenne. En 2012, Athènes doit rembourser 50 milliards d’euros. Une somme que le pays ne possède pas, d’où l’importance du prêt de 130 milliards d’euros que la troïka ne débloquera qu’en contrepartie des mesures d’austérité adoptées dimanche (dont des baisses de salaires généralisées sans oublier la suppression de plusieurs milliers d’emplois publics et une réduction des minima sociaux). Sur un plan comptable, l’aide européenne devrait permettre à la Grèce de se sortir d’affaire et d’éviter la faillite, du moins au premier semestre 2012.
A l’inverse, les problèmes structurels de ce pays resteront inchangés. En effet, l’économie grecque est trop faible et pas assez compétitive. Surtout que l’industrie de ce pays n’est guère développée (elle contribue à 8% du Produit intérieur brut contre 20% en Italie) et ne peut constituer un levier efficace pour un retour à la croissance. La Grèce aura donc encore besoin de s’endetter y compris après l’assainissement de ses comptes et la réduction drastique de ses dépenses publiques. Du coup, il est évident que d’autres crises de la dette grecque sont à attendre dans les prochaines années. Une perspective qui fait que l’on est en droit de se demander si les sacrifices imposés actuellement à la population sont nécessaires ou s’il ne faut pas que les Grecs aient le droit de choisir la solution la moins douloureuse pour eux, fût-elle une sortie de la zone euro.
Cette option, qui équivaut, entre autres, à une grosse dévaluation, est combattue par plusieurs capitales européennes qui craignent l’effet contagion (les marchés de la dette parieraient immédiatement sur une possible sortie de l’Espagne ou du Portugal). Elle aurait pourtant pour avantage de réduire le niveau des sacrifices imposés à la population. Cela effacerait de manière mécanique une partie de la dette tout en relançant les exportations même si ces dernières ne seront jamais suffisantes pour contribuer à la réduction des déséquilibres budgétaires. Pour autant, la sortie de la zone euro aura pour conséquence vraisemblable l’augmentation des taux d’intérêts imposés à la Grèce, et ce pays risquerait fort de retomber dans la spirale infernale de l’endettement.
LA SOLIDARITE FEDERALE, UNE SOLUTION
On le voit, la situation de la Grèce n’est guère reluisante. Faute de solidarité plus importante de la part de ses partenaires européens, ce pays risque de glisser vers des désordres de plus en plus graves. La solution se trouve peut-être au niveau d’une action plus forte de l’Europe avec la mise en place institutionnalisée de transferts financiers entre pays riches et moins riches - un peu à l’image de ce qui existe entre l’Italie du Nord et celle du Sud. Outre l’impact budgétaire, ce transfert financier permettrait aussi de reconstruire l’industrie grecque et d’augmenter à terme ses exportations. Mais cette ébauche de solution implique que l’Union européenne (UE) évolue vers plus de fédéralisme, ce qui semble être exclu pour l’instant. A moins qu’une aggravation du cas grec n’oblige les Européens à se décider à bâtir enfin leur union politique.
Akram Belkaïd, Paris
_
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire