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Dans un texte récent, l'essayiste et journaliste Jean-Claude Guillebaud (Réflexion faite, L'Obs, 24 septembre 2015) dénonce "le discours belliqueux qui revient en force", mélange d' "emportement irréfléchi" et de "pure bêtise".
Extraits :
"Nous ne savons plus 'penser' la guerre. Nous avons dramatiquement désappris la réflexion 'polémologique'. J'emprunte cet adjectif au grand sociologue Gaston Bouthoul (1896-1980), fondateur, avec la journaliste féministe - et pacifiste - Louise Weiss, de l'Institut français de Polémologie (du grec 'polemos', la guerre), afin d'étudier scientifiquement le phénomène guerrier. Pour le contenir.
Pour Bouthoul, on est souvent tenté d'expliquer que les démocraties et les républiques ne sont jamais belliqueuses. Il s'inscrivait en faux contre cette assertion. Il se trouve que, même en démocratie, la guerre flatte les décideurs et reste une tentation permanente. Elle permet au pouvoir exécutif d'obtenir l'obéissance des citoyens et, aujourd'hui, de gagner des points dans les sondages. Elle reste la 'solution la plus flatteuse pour les gouvernants'.
'Aussitôt la guerre déclarée, ajoutait Bouthoul, le plus terne des hommes politiques devient une sorte de pontife sublime et auréolé.' ".
(...)
Après avoir rappelé l'exemple de différents conflits : Malouines (1982), Première Guerre du Golfe (1991), Afghanistan (2001), Invasion de l'Irak (2003) et Libye (2011), Jean-Claude Guillebaud rappelle en guise de conclusion que : "quand une entrée en guerre est irréfléchie et bêtement émotionnelle, des hommes meurent pour rien et des peuples lointains, ensuite, en paient les conséquences sur plusieurs générations."
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