(La scène se déroule vers 1922, sur un navire reliant la
Tunisie à la France).
Sur le bateau, Raouf était l'un des rares Maghrébins à
voyager en première classe, et le seul à ne pas porter la djellaba ; on le
regardait comme une curiosité, un indigène habillé à l'européenne c'est
quelqu'un qui ne joue pas le jeu. « Vos compatriotes n’acceptent pas que
je sois en complet gris, avait-il dit à Ganthier, ils sont plus aimables avec
les deux vieux en burnous, j’ai même entendu une femme dire qu’elle les
trouvait plus beaux là-dedans que
dans un costume occidental. »
Ganthier répondant : « Les Français n’aiment
pas qu’on les imite.
- C’est plutôt qu’ils n’aiment pas qu’on les rattrape.
- Ça n’est pas une question d’imitation ou de rattrapage…
ils sentent qu’ensuite vous ne voudrez plus d’eux… »
(Une équipe américaine de cinéma s'est installée pour un tournage dans une ville du sud de la Tunisie).
Elles [des Américaines invitées par des Françaises] montrèrent qu'elles savaient prendre un thé entre gens de bonne compagnie, soutenir une conversation dans un français sans fautes et rester assises sur le bord de leur chaise pendant que Mme Doly leur expliquait ce que voulait dire le mot "Prépondérants", c'est très simple, nous sommes beaucoup plus civilisés que tous ces indigènes, nous pensons beaucoup plus, donc nous avons le devoir de les diriger, pour très longtemps, car ils sont très lents, et nous nous groupons pour le faire du mieux possible, nous sommes l'association, l'organisation la plus puissante du pays !"
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