_
OrientXXI, 26 mai 2020
DOCUMENTAIRE
« Algérie, mon amour » · Algérie, mon amour, un documentaire du journaliste Mustapha Kessous, donne la parole à de jeunes Algériens, actrices et acteurs du Hirak, le mouvement de protestation populaire né en février 2019. Diffusé sur France 5, le 26 mai à 20 h 50 et suivi d’un débat, ce film raconte à sa façon une période exceptionnelle de l’histoire de l’Algérie indépendante.
Le vendredi 22 février 2019, des centaines de milliers d’Algériennes et d’Algériens occupaient les rues pour s’opposer à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, grabataire et invisible depuis cinq ans. Durant plus d’un an, et jusqu’à ce que la pandémie de Covid-19 stoppe ce mouvement populaire historique, chaque vendredi a été l’occasion pour le Hirak de fustiger le système autoritariste qui dirige l’Algérie. Dans un documentaire à hauteur d’homme, Mustapha Kessous, journaliste au quotidien Le Monde a choisi quelques jeunes pour raconter cette épopée citoyenne pacifique. Un choix à saluer, car c’est bien cette jeunesse qui fut au cœur de cet éveil d’une société que l’on croyait définitivement résignée.
La suite est à lire ici :
Blog au fil des jours, quand la chose et l'écriture sont possibles.
Lignes quotidiennes
vendredi 29 mai 2020
La chronique du blédard : Exhaustivité, narcissisme et complotisme
_
Le Quotidien d’Oran, jeudi 28 mai 2020
Akram Belkaïd, Paris
D’abord, il y a l’exigence de tout raconter. C’est un
travers et une exigence que nombre d’Algériennes et d’Algériens partagent.
Quand il s’agit d’évoquer l’Algérie et son actualité quelle qu’elle soit, il faut
que tout soit dit depuis le début quitte à se lancer dans de longs
développements historiques. Cela se vérifie souvent pendant les colloques ou
les tables-rondes concernant le pays. Combien de fois ai-je entendu tel ou tel
orateur commencer son intervention par un état des lieux de la situation
coloniale avant d’entrer (parfois très tardivement) dans le vif d’un sujet bien
plus contemporain. Et si, d’aventure, quelque chose manque dans l’exposé
(événement, repère chronologique), la salle saura le rappeler.
Je m’inclus sans peine dans la généralisation qui précède et
qui suit. Nous sommes obsédés par la nécessité du récit complet, détaillé à
l’extrême et contextualisé avec un souci méticuleux du détail. Pourquoi ?
Parce que nous considérerons que c’est cela le récit du « vrai ». On
en guérit mais il faut en avoir conscience. Dans la rédaction d’un texte ou d’un
livre à propos de l’Algérie, j’ai (douloureusement) appris à ne pas me faire
confiance. Il y a en face de moi un écriteau qui dit : « concision !
il faudra sabrer, charcuter, couper à l’extrême et sarcler ». Dans ce
genre d’exercice, le parfait est nécessairement incomplet et réducteur.
Ensuite, vient le rapport narcissique à la France. Que
disent-ils de « nous » ? est la question-clé. Encore adolescent,
j’avais intériorisé le fait qu’un article sur l’Algérie publié dans Le Monde, Le Nouvel Observateur, Paris-Match
ou même France Soir déclenchait une
agitation générale, chacun y allant de son commentaire. Quatre décennies plus
tard, nous en sommes au même point. En pire. Si l’historien Benjamin Stora diffusait
aujourd’hui sa série Les Années
Algériennes, il provoquerait un tsunami de réactions dans les réseaux
sociaux. Et on aurait droit à toutes les diatribes possibles doublées des
inévitables propos complotistes.
En suivant avec consternation la bronca – parfois très
haineuse - qui a suivi la diffusion du documentaire du journaliste Mustapha
Kessous (*), j’ai réalisé que l’un des pires cocktails qui soit est la
combinaison de cette exigence d’exhaustivité et la surréaction pavlovienne à
tout ce qui se dit, se publie ou se diffuse en France à propos de l’Algérie. Un
documentaire est un point de vue. Il y a un angle. On peut aimer ou pas mais on
ne peut exiger qu’il dise tout, qu’il explique tout. Le Hirak n’est pas
capturable en 72 minutes, ce serait mission impossible. Et il n’y aurait rien
de pire que de proposer au spectateur un exposé des motifs ou un article
encyclopédique. Sur ce sujet, chaque journaliste aura son point de vue sur la
question de l’angle, du traitement et du mode de narration. Et aucun choix ne
sera totalement satisfaisant.
Beaucoup de gens sont contents de ce qu’ils lisent ou
regardent parce qu’ils y retrouvent ce qu’ils pensent et croient. Si leur
cahier des charges n’est pas respecté, c’est l’hallali. Or, ce qu’il y a
d’intéressant c’est aussi, et surtout, ce qui nous dérange, ce qui ne colle pas
à notre schéma habituel de pensée et d’évaluation des situations. Ce qui
bouleverse nos certitudes. Dans le documentaire de Kessous, plusieurs personnes
abordent la question de la frustration sexuelle et de ses conséquences. Cela a
indisposé nombre de spectateurs. Dans un monde idéal cela devrait pourtant permettre
d’ouvrir un débat, fut-il limité aux réseaux sociaux. Mais non, les
condamnations se sont multipliées et l’on pouvait presque entendre le bruit des
chaînes mentales qui entravent la liberté de pensée de ces contempteurs
pudibonds.
Maintenant, il convient de poser la question
essentielle : pourquoi un documentaire diffusé par une télévision
française pour un public français (même si chacun sait que cela sera regardé au
pays) provoque-t-il autant de passions en Algérie ? La réponse n’est pas
simple. Mais il y a des pistes. Premièrement, le narcissisme national pousse à
penser que le documentaire est d’abord (et uniquement ?) destiné aux
Algériens. Que c’est un message transmis par l’ancienne puissance coloniale et
que cela entre certainement dans un schéma stratégique qui n’a rien à voir la programmation
ordinaire d’une chaîne de télévision. Deuxièmement, comme cela vient de France,
cela provoque nécessairement des réactions épidermiques. Lesquelles, hélas,
mille fois hélas, sont bien moins importantes quand une télévision algérienne
diffuse un « débat » où le Hirak est qualifié de complot ourdi en
France (encore elle…).
J’aurais ainsi aimé que naisse une bronca comparable en
raison du fait que, de sa prison, Karim Tabou n’a pas le droit d’appeler les
siens. Voilà un vrai sujet d’indignation. Mais là, silence radio pour beaucoup
de e-hirakistes ou hirak-clickistes. Troisièmement, il est temps d’arrêter de
n’attendre de ce qui vient de France que des choses gentilles et positives. On
a le nationalisme ombrageux mais on est fiers comme Artaban quand un compliment
traverse la Méditerranée. Et si ce n’est pas le cas, c’est le drame. Un peu
d’indifférence ne ferait pas de mal. Peut-être que si le Hirak l’emporte et que
nos télévisions ne sont plus aux ordres, alors les polémiques
algéro-algériennes prendront le pas, signalant ainsi l’avènement d’une
sensibilité moindre.
Le plus fatiguant dans tout cela est cette obsession
permanente du complot. Pour le régime, le Hirak est une machination de la main
de l’étranger. Pour certains de ceux qui n’ont pas apprécié le documentaire de
Kessous, ce film est un complot destiné à discréditer et à abattre (excusez du
peu) le Hirak. Comment expliquer à ces gens que, non, l’Algérie n’est pas au centre
du monde. Qu’il existe des centaines de millions d’êtres humains qui ont une
vague d’idée de ce qui se passe chez nous (la réciproque étant vraie aussi). Bref.
Un documentaire n’est qu’un documentaire. Il y en aura d’autres. Il faudra
qu’il y en ait d’autres. Mais, en attendant, tant d’hystérie ne peut
qu’interpeller.
(*) Algérie, mon amour, diffusé sur France 5.
_
samedi 23 mai 2020
La chronique du blédard : Du bon lobbying…
_
Le Quotidien d’Oran, jeudi 21 mai 2020
Akram Belkaïd, Paris
Ces derniers jours, il a été beaucoup question de lobbying
en Algérie. Le contrat avec le cabinet américain Keene Consulting, pour un
montant de 360 000 dollars sur un an, a refait parler de lui à la faveur d’une
tribune laudatrice publiée par David Keene, patron du dit cabinet, dans le Washington Times (1). D’emblée, une
remarque s’impose. Le Washington Times
est l’un des deux quotidiens de la capitale fédérale américaine mais son aura,
son tirage (100 000 exemplaires) et même ses idées, n’ont rien à voir avec le Washington Post (700 000 exemplaires).
Propriété de la secte Moon, ce quotidien est connu pour sa ligne éditoriale
ultra-conservatrice, lui qui fut jadis pour Ronald Reagan l’équivalent de ce
qu’est Fox News pour Donald Trump.
Certes, le « Post » ne doit pas être non plus
magnifié. A celles et ceux qui ont encore en tête son rôle dans le Watergate on
rappellera que c’est de l’histoire ancienne et que ce quotidien a soutenu
l’invasion de l’Irak en 2003 (et seule la présence de Trump à la Maison-Blanche
semble l’empêcher de militer ouvertement pour une guerre avec l’Iran). Pour
autant publier un texte dans le Washington
Post a bien plus de crédit et d’impact médiatique, pour ne pas dire
politque, qu’un papier dans le « Times » (celui de Washington, pas la
vedette de New York). Cela fait plus sérieux, plus professionnel, sauf à
vouloir absolument faire la cour à la droite-extrême et aux milieux
évangélistes américains.
Cette bizarrerie ne date pas d’hier car le Washington Times est depuis longtemps un
canal très accueillant pour l’expression d’opinions favorables à l’Algérie.
Dans les archives du site, on trouve un texte datant de 2002 où notre pays est
présenté comme un « ami » des Etats-Unis avec, en bas de document, la
mention selon laquelle Abdelaziz Bouteflika est le président algérien (2).
Signature ? Précision de la rédaction ? On ne le sait pas mais il est
tout de même étrange de s’adresser ainsi à un lectorat intrinsèquement hostile
à tout ce qui peut venir du monde arabo-berbero-musulman. Soyons francs, une
tribune dans un quotidien comme le Washington
Times n’a guère d’intérêt sur le plan de la perception américaine du monde.
Certains lecteurs se seront dit « Ah bon ? », d’autres, plus
perspicaces ou mieux informés, auront souri au texte de l’ancien président de
la National Riffle Association (NRA), le puissant lobby en faveur des armes à
feu.
Le lobbying, le vrai, c’est autre chose. C’est travailler au
corps les parlementaires de la Chambre des représentants et du Sénat. C’est
monter des dîners, des voyages sur le terrain. C’est convaincre des stars de la
presse « mainstream » de se déplacer sur place pour s’en revenir
vanter ce qu’on aura bien voulu leur montrer sans qu’ils aient accès au reste.
Thomas L. Friedman, jouant au golf à Alger – comme il l’a fait à Dubaï – puis
pondant deux feuillets enthousiastes dans le New York Times sur les réformes en cours : voilà qui aurait du
chien ! Mais il faut pouvoir assurer…
A supposer qu’elle en possède les moyens financiers, l’Algérie
a-t-elle besoin de faire du lobbying ? La réponse par l’affirmative est
évidente. Exportateur de gaz et de pétrole, le pays a besoin de garder un œil
sur l’évolution de la législation européenne sur les questions énergétiques.
Aux Etats-Unis, le lobbying des États – autorisé mais soumis à déclaration -
est une précaution nécessaire même si elle ne garantit rien pour l’avenir. Pour
Alger, il s’agit de rester aussi en cours à Washington, de serrer de près le
Maroc sur la question du Sahara et, au besoin, de se garantir une bonne image
ce qui est toujours un atout quand survient une crise.
Cela exige beaucoup d’efforts mais aussi de bons arguments.
N’importe quel lobbyiste de « K Street » à Washington ou du centre
européen de Bruxelles le confirmera : il est plus facile de
« vendre » l’image d’un pays qui n’a pas grand-chose à se reprocher
ou qui a de bons arguments pour atténuer les critiques. Ensuite, tout est
question d’habillage. Exemple : quand l’Arabie saoudite lève
l’interdiction de conduire des automobiles pour les femmes, ses lobbyistes – et
ils sont nombreux à Washington, applaudissent. Mais qui est vraiment
dupe ? Les dépenses en lobbying consenties par les monarchies du Golfe ne
sont en réalité qu’une facette du recyclage en Occident des pétrodollars et des
gazodollars. La perception de l’opinion publique américaine, elle, ne change
pas.
Aucun Algérien ne critiquera un lobbying mené pour défendre
les intérêts structurels du pays (accès au marché américain, facilité de
circulation pour ses citoyens, transfert de technologie, appel aux
investisseurs). Par contre, il n’y a pas lieu de se réjouir d’un lobbying juste
destiné à redorer l’image d’un régime qui envoie des jeunes en prison au
prétexte qu’ils réclament haut et fort le changement. Autrement dit, un texte
élogieux dans le Washington Times –
écrit par quelqu’un payé pour cela (!) – peut être brandi comme une victoire ou
une reconnaissance. Mais ce n’est rien d’autre qu’une forme de publicité
achetée dont la médiatisation vise surtout la catégorie de citoyens algériens
toujours prompts à être impressionnés quand quelqu’un, qu’il soit ou non
recommandable, dit du bien de leur pays à l’étranger.
(1) « What Algeria can teach about coping with an
economic crisis », 11 mai 2020.
(2) « A Friend in Algeria », 25 novembre 2002.
_
La chronique du blédard : Essor du télétravail
_
Le Quotidien d’Oran, jeudi 14 mai 2020
Akram Belkaïd, Paris
Comme chaque crise d’envergure, la pandémie de Covid-19 est
aussi un révélateur de tendances lourdes ou de réalités plus ou moins
évidentes. On ne reviendra pas (pour le moment) sur l’incompétence et la
désinvolture criminelle de nombre de dirigeants à travers le monde (France,
Grande-Bretagne, Etats-Unis, Brésil,…). Encore une fois, on ne peut pas
empêcher les épidémies de survenir mais on peut, et on doit, avoir mis en place
le maximum de mesures et d’investissements sanitaires pour y faire face avec le
moins de pertes humaines possibles. Mais parlons d’autre chose.
Depuis la vague de confinements instaurés dans de nombreux
pays, il est beaucoup question de télétravail, une évolution notable dans
l’organisation des entreprises. Plusieurs secteurs ont ainsi pu continuer à
fonctionner grâce à l’usage de l’ordinateur et de l’Internet. La chose vaut
aussi pour l’enseignement puisqu’une « continuité pédagogique » a pu
être mise en place dans la plupart des établissements. Concernant le secteur
éducatif, il est légitime de douter de l’efficacité à moyen terme d’un tel
dispositif, surtout pour les plus jeunes. Mais le débat ne fait que commencer
et les défenseurs de l’enseignement à distance – synonyme de moindre frais de
structures – sont bien décidés à profiter de l’aubaine pour avancer leurs
pions.
Revenons au télétravail en entreprise avec cette remarque de
taille. Tout le monde ne peut y avoir accès. Dans les métiers manuels, cela est
tout simplement impossible. Un ouvrier, un maçon ou un libraire, ça ne peut pas
télétravailler. Cela crée donc une ligne de séparation claire dans la société. De
fait, les métiers à faibles revenus – souvent d’ailleurs les plus exposés à la
mortalité du Covid-19 (*) – sont exclus de ce qui est vu aujourd’hui comme un
avantage majeur : le fait de pouvoir travailler de chez soi.
Le problème est posé de manière encore plus épineuse au sein
d’une même structure. Télétravail pour des cadres, présence obligatoire sur
site pour les manuels et autres « petites mains ». Confort sanitaire
pour les uns, dangerosité pour les autres. De quoi aggraver le ressentiment des
seconds et même de générer un sentiment de déclassement pour celles et ceux qui
ne bénéficient pas du « privilège » de travailler à domicile. C’est
dans ces situations hybrides que les tensions les plus vives ne manqueront pas
d’apparaître et l’on imagine mille stratégies et marchandages pour gérer cela.
Dans certains cas, le télétravail est présenté comme un avantage accordé au
salarié, ce qui justifierait moins de concessions dans d’autres domaines comme
le nombre de jours de congés accordés ou les possibilités d’augmentation voire
d’avancement (« tu veux être augmenté, mais tu télétravailles déjà, ça ne
te suffit pas ? »
Encore faut-il pouvoir télétravailler. Car tout dépend
d’abord de la qualité de la connexion internet. Tout le monde n’a pas la chance
de disposer du haut débit supersonique dont bénéficient les internautes
algériens... Au-delà de ça, il y a aussi la question de l’équipement. Des
entreprises rechignent à ce que leurs salariés emportent chez eux le matériel
informatique qu’ils utilisent habituellement au bureau. Un ordinateur portable,
ça peut aller, mais c’est loin d’être le cas pour de grands écrans, une
imprimante ou un scanner. On relèvera au passage, pour en revenir à la question
de l’enseignement, que toutes les familles n’ont pas plusieurs ordinateurs ou
tablettes pour assurer un accès simultané aux cours. Sans oublier les foyers
qui n’ont pas le moindre équipement informatique, n’accédant à Internet que via
des téléphones intelligents.
Quand à celles et ceux qui télétravaillent, il ne faut pas
croire qu’il n’y a que des avantages à leur situation. Il s’agit d’un mode
d’organisation où les frontières entre vies privée et professionnelle sont
facilement brouillées. Cela peut paraître évident mais il est bon de rappeler
qu’il y a une différence entre tarder à rentrer du travail pour cause de
réunion de dernière minute et être obligé de se mettre derrière son ordinateur
dans sa chambre à l’heure où le reste de la famille dîne ou est devant la
télévision…
Il est aussi beaucoup question d’un maintien voire d’une
hausse de la productivité chez les gens qui télétravaillent. Rien d’étonnant à
cela. Les sollicitations sont moins nombreuses, le temps économisé du fait de
ne pas avoir à prendre les transports ainsi que le bienfait offert par la possibilité
d’être dans son propre environnement, sont autant de facteurs qui contribuent à
cette bonne productivité. Mais il ne faut pas se leurrer. L’enfer n’est jamais
loin dans cette affaire. Télétravail ou pas, la maladie de la réunion continue
de faire des dégâts. En pire. Vingt personnes qui conversent à travers Skype,
Zoom, Meet ou tout autre logiciel, c’est l’assurance de migraines répétées.
Imaginons alors quand le nombre de ces « meetings » est de quatre ou
cinq par jours voire plus…
Et ne parlons pas du stress provoqué à distance par les
« n+1 », ces fameux managers de rangs intermédiaires pour qui le
télétravail est perçu comme un risque de perte de pouvoir sur les
subordonnés. Résultat, nombre de petits chefs cherchent à exercer encore plus
de pression, vérifiant sans cesse que les intéressés sont bien derrière leur
ordinateur. Pendant longtemps les entreprises, à l’écoute notamment de ces
managers, ont rechigné à autoriser le télétravail. Aujourd’hui, la crise du
Covid-19 a modifié la donne et ouvert de nouvelles perspectives notamment en
matière d’économies faites grâce à la réduction de la superficie des locaux. Au
début des années 2000, les entreprises de conseil avaient déjà compris qu’il ne
servait à rien – sauf en de rares occasions – d’avoir tout le personnel réuni
en même temps. Désormais, il est plus que probable que de nombreux métiers
seront exercés en alternance entre le domicile et le bureau. Il reste à savoir
dans quel type de relations sociales cette mutation se fera.
_
(*) C’est ce que montre notamment un étude de l’organisme
national des statistiques (ONS) de Grande-Bretagne intitulée « Coronavirus
(COVID-19) related deaths by occupation, England and Wales: deaths registered
up to and including 20 April 2020 », 11 mai 2020.
_
Inscription à :
Articles (Atom)