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vendredi 16 novembre 2007

Note de lecture : "5+5 = 32" : Un canevas pour l'Union méditerranéenne


La Tribune, 16 novembre 2006

Le Cercle des économistes avance des propositions pour mettre en place le projet d'Union méditerranéenne défendu par Nicolas Sarkozy. L'approche se base sur l'expérience réussie du partenariat des « 5 + 5 ».


Voilà un ouvrage qui devrait enfin donner de la consistance au projet d'Union méditerranéenne (UM) défendu par Nicolas Sarkozy (*). Des membres du Cercle des économistes se sont en effet penchés sur la question de l'avenir des pays du pourtour sud-méditerranéen en s'efforçant de « définir les contours d'une Union méditerranéenne » et en prenant au mot l'ancien président de la Commission européenne, Romano Prodi, qui, en mars 2003, promettait « moins que l'adhésion, plus que l'association aux pays du Maghreb ».

Loin de s'égarer dans les habituelles déclarations plus ou moins théâtrales sur « l'idée méditerranéenne », les auteurs de ce livre ont basé leur approche sur « l'idée d'association renforcée » entre pays du nord et pays du sud de la Méditerranée en prenant pour référence un mécanisme qui a prouvé son efficacité. Il s'agit du dialogue des « 5 + 5 » qui regroupe, d'un côté, l'Espagne, la France, l'Italie, le Portugal et Malte et, de l'autre, l'Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie.

En prenant appui sur cette coopération qui fonctionne, contrairement à un processus de Barcelone enlisé depuis l'interruption du processus de paix au Proche-Orient, l'Union européenne et les dix pays du Sud méditerranéen pourraient ainsi bâtir une interdépendance économique durable d'où le titre de l'ouvrage : 5 + 5 = 32.

Le projet défendu ne consiste pas en une injection massive de capitaux mais en une démarche ambitieuse en matière d'institutions. Huit réformes prioritaires sont ainsi recensées dont la création d'une banque pour le développement de la Méditerranée « et le triplement des sommes consacrées au capital-risque dans la région, avec en priorité une logique de relocalisation industrielle ».

À cela s'ajouteraient « la création d'une organisation euroméditerranéenne du textile », « le lancement d'un plan d'urgence euroméditerranéen consacré aux technologies de l'information » ainsi que « la création d'un observatoire des investissements directs euroméditerranéens ».

Réalistes, les auteurs notent que le projet d'Union méditerranéenne ne coule pas de source. Chiffres à l'appui, ils montrent que si l'Europe ne se rapproche pas des pays méditerranéens, « ce sera la Chine ou les États-Unis ». En la matière, il y a donc urgence. Mais il faudrait aussi compléter cette réflexion par le rôle fondamental que doit jouer l'Europe dans la région en matière de démocratisation. Dans cette optique, l'exigence d'acquis communautaire pourrait être étendue aux pays du Sud méditerranéen désireux de faire partie de l'UM.

Akram Belkaïd

(*) « 5 + 5 = 32, feuille de route pour une Union méditerranéenne »,
Le Cercle des économistes et Hubert Védrine, 217 pages, 13,80 euros.

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