Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

vendredi 5 octobre 2012

Hommage à Pierre Chaulet

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SlateAfrique,  5 octobre 2012

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Lorsqu’on évoque l’histoire de l’Algérie coloniale et de la Guerre d’indépendance (ou Guerre d’Algérie) il est une catégorie d’hommes et de femmes dont on parle trop peu souvent que cela soit en Algérie ou en France. Il s’agit de ces enfants nés dans des familles issus de la colonisation européenne de l’Algérie et qui se sont engagés dans le combat pour l’indépendance de ce pays. Pierre Chaulet en faisait partie. Né en 1930 dans une famille imprégnée de valeurs catholiques et sociales, son père Alexandre a été un grand syndicaliste qui a notamment bataillé pour que les lois sociales françaises s’appliquent aussi dans l’Algérie coloniale, cette grande figure de l’engagement « pied-noir » au sein du FLN vient de mourir parmi les siens le vendredi 5 octobre 2012 des suites d’une longue maladie.



Contrairement à nombre de membres de sa communauté, Pierre Chaulet a rapidement pris conscience de la sordide condition des indigènes, ces « Français de souche musulmane », parqués pour leur grande majorité au seuil des lois et des bienfaits de la République française. Dès novembre 1954, Pierre Chaulet, qui termine alors ses études de médecine, s’est donc engagé aux côtés du FLN, estimant que la seule solution à la guerre qui débute alors est l’indépendance de l’Algérie. Côtoyant des hommes illustres comme Frantz Fanon, Salah Louanchi (lequel a été son beau-frère), Abdelhamid Mehri, Réda Malek ou Abbane Ramdane, Pierre Chaulet n’a pas louvoyé ou tergiversé quant à la nécessité de faire don de soi à la Révolution algérienne et cela quelque soit les excès et les errements de cette dernière. L’Algérie et les Algériens devaient être indépendants, c’était là le crédo de cet humaniste très vite repéré et persécuté par l’administration coloniale. Huit années plus tard, après avoir rejoint, en compagnie de son épouse Claudine Guillot, le FLN à Tunis et participé à la rédaction de plusieurs numéros d’El-Moudjahid, il rentre à Alger et devient citoyen algérien. Dans les années qui suivent, il se consacra à l’édification du système de santé algérien, luttant sans relâche contre ce fléau qu’était la tuberculose mais aussi en alertant contre les choix erratiques en matière de politique de santé publique.

Son itinéraire et son engagement, ainsi que celui de son épouse Claudine, sont décrits dans un récent ouvrage publié en Algérie : «Le Choix de l’Algérie, deux voix, une mémoire (Barzakh Editions)». Il faut absolument lire ce livre. C’est un document riche, dense, qui restitue ce qu’a été la vie d’un pied-noir, de son enfance à sa participation à la Guerre d’Algérie jusqu’à ces dernières années marquées par une Guerre civile qui a failli emporter ce pays. Pierre Chaulet est de ceux qui ont contribué à l’indépendance de l’Algérie et à son édification en tant qu’Etat moderne. Il est le symbole de l’engagement, du courage de celui qui va à l’encontre de sa communauté au nom de la justice et de la fraternité. En cela, l’Algérie et les Algériens lui doivent beaucoup et son parcours mérite d’être cité en exemple aux jeunes générations qui, trop souvent, ignorent tout de ce que fut son engagement et celui d’autres pieds-noirs ayant pris le parti de l’indépendance.

Vendredi 5 octobre 2012, l’Algérie a perdu un Grand Homme. Il faut espérer que l’hommage qui lui sera rendu dans les prochains jours à Alger sera à la hauteur de son parcours.

Akram Belkaïd


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