Elle bosse. Elle trime. Elle sort le matin, prend une
respiration et se dit que cela ne sera pas pire qu’hier. Elle sait déjà qu’il y
aura des regards, des mots blessants, des insultes même. On la traitera de tous
les noms, parce qu’elle ne veut pas répondre, parce qu’elle passe son chemin. Au
bureau, un chefaillon, incapable parmi tant d’autres, fera encore des
allusions, lui glissera quelques propositions. Elle serrera les dents et continuera à travailler,
faisant mine de ne rien comprendre. Elle s’accrochera, comme elle s’est
accrochée à l’université. Le diplôme, malgré les autres, tous les autres. Puis,
le travail, la paie, une certaine indépendance. Est-ce cela qui les fait
enrager ? Ceux de l'extérieur, les inconnus mais, aussi et hélas, les siens, frères et cousins, oncles et neveux. Elle leur donne pourtant
de l’argent. Les habille, leur paie cigarettes et baskets. Est-ce cela qui les
rend aussi intransigeants ? Marie-toi lui disent-ils. Il est temps. Tu nous
fais honte. Les gens parlent. Mais elle résiste. Encore et encore.
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© Akram Belkaïd
© Akram Belkaïd
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