Le Quotidien d'Oran, mercredi 13 mars 2013
Akram Belkaïd, Paris
La crise, quelle crise ? Selon l’office fédéral des statistiques (Desatis), les exportations allemandes sont reparties à la hausse au mois de janvier après un (léger) trou d’air au dernier trimestre 2012. Ainsi, l’excédent commercial allemand a-t-il atteint 13,7 milliards d’euros (12,1 milliards d’euros en décembre 2012) avec des exportations d’un montant de 88,6 milliards d’euros (+3,1%). Le moteur principal de l’économie germanique se porte donc bien dans un contexte régional où il n’est pourtant question que de la crise de l’euro et des nuages noirs qui s’accumulent sur le ciel européen.
Un rééquilibrage de l’économie allemande
Les chiffres du commerce extérieur allemand vont-ils donc relancer les polémiques à propos d’une Allemagne « égoïste » et peu pressée d’aider ses partenaires européens, à commencer par la France, qui baignent dans le marasme ? L’examen des chiffres publiés par Desatis plaide plutôt pour le contraire et c’est une grande première. En effet, les importations allemandes ont aussi progressé de 2,9% à 74,9 milliards d’euros. Plus important encore, l’excédent commercial de l’Allemagne vis-à-vis de la zone euro a fondu de moitié depuis 2008. A titre d’exemple, en janvier, les importations en provenance de la zone euro ont augmenté de 2,8% tandis que les exportations à l’égard de cette zone font du surplace (+0,4%). En clair, cela signifie deux choses. D’abord, l’Allemagne importe plus de produits en provenance de la zone euro qu’avant ce qui est une bonne nouvelle pour ses voisins. Ensuite, les exportations allemandes se dirigent plutôt vers des pays hors-zone euro ce qui signifie que le dynamisme commercial germanique ne se fait plus aux dépens des partenaires européens de l’Allemagne.
D’où vient un tel rééquilibrage ? L’explication se situe dans le moral retrouvé des ménages allemands puisque le commerce de détail ne cesse de progresser (+4% en janvier). Cette reprise de la consommation (après une croissance quasi-nulle entre 2000 et 2010) est motivée par le dynamisme du marché du travail avec 42 millions de travailleurs allemands et un taux de chômage en baisse. Dans le même temps, c’est aussi l’effet des hausses de salaires consenties depuis la fin 2010, élément incontournable pour toute relance des dépenses des ménages.
L’Allemagne a donc finalement répondu de manière positive aux attentes de ses voisins qui la pressaient de partager les fruits de son dynamisme. Ce pays montre que la relance de la consommation et, donc de l’économie, est chose possible par le biais d’efforts en matière de politiques salariales. Cela dans une conjoncture où toute l’Europe ne parle que d’austérité, de réduction des déficits et de baisse notable des dépenses courantes. Certes, Berlin n’a pas l’intention de relancer la machine de l’investissement public mais le dynamisme naissant de son marché intérieur devrait faire réfléchir les tenants d’une austérité totale.
Un rééquilibrage fragile
Reste que la persistance du bon moral des ménages allemands est loin d’être garantie. Des enquêtes d’opinions font état de craintes persistantes à l’égard de la santé de la zone euro, les personnes interrogées estimant que l’effet de contagion reste possible et cela surtout depuis le résultat des récentes élections italiennes où aucune majorité n’a pu se dégager. C’est une évidence. Une nouvelle alerte sur la santé financière de l’Italie, de l’Espagne ou de la France pourrait de nouveau inciter les ménages allemands à épargner plus et donc, à réduire leurs dépenses de consommation.
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