Le Quotidien d'Oran, mercredi 16 septembre 2015
Akram Belkaïd, Paris
« Couper dans la chair… » C’est l’expression
employée par les responsables brésiliens pour décrire le plan d’austérité
qu’ils viennent de mettre en place afin d’amortir la récession qui frappe la
septième économie mondiale. En effet, Brasilia a annoncé des coupes dans les
dépenses publiques – mais aussi des hausses d’impôts – pour éviter que le
budget 2016 ne soit déficitaire. Une perspective qui, si elle se concrétise,
aggraverait la défiance des prêteurs, ces derniers ayant déjà été alerté par le
fait que l’agence Standard & Poor’s place désormais la dette souveraine
brésilienne dans la catégorie « spéculative » (autrement dit à fort
risque de non-remboursement ou de défaut).
Coupes dans les
dépenses
Dans le détail, le ministre de la planification, Nelson
Barbosa, a indiqué lundi 14 septembre, que le plan d’austérité se montera à
64,9 milliards de reals (15 milliards d’euros) et qu’il se traduira par un gel
des hausses de salaires et des embauches dans le secteur public. Dix ministères
sur trente-neuf seront tout simplement supprimés et le gouvernement envisage
aussi des coupes dans les dépenses sociales comme le logement et la santé. De
quoi aggraver l’impopularité grandissante de la présidente Dilma Roussef dont
la formation politique, le Parti des Travailleurs, a toujours bâti ses succès
électoraux depuis douze ans sur la justice sociale ainsi que la lutte contre
les inégalités et la pauvreté. Déjà éclaboussée par une affaire de corruption
au sein de la compagnie pétrolière Petrobras et qui concerne plusieurs membres
de sa majorité, l’ancienne militante révolutionnaire tourne ainsi le dos à sa
base électorale.
C’est devenu un lieu commun mais cette crise économique
qu’endure le Brésil confirme que la phase d’ascendance des pays émergents est
terminée. Aujourd’hui, Brasilia en est réduite à appliquer un plan digne des
préconisations les plus sévères du Fonds monétaire international (FMI). Cela
dans un contexte où la prochaine hausse des taux aux Etats-Unis risque de
provoquer une fuite des capitaux des principales places émergentes, dont le
Brésil, vers les marchés américains. Autrement dit, le Brésil fait partie de
cette liste – de plus en plus longue - de maillons faibles qui pourraient être
à l’origine de la prochaine grande crise financière que nombre de spécialistes
annoncent comme imminente.
Des JO pour
rien ?
Un autre point qui mérite d’être rappelé est que la Coupe du
monde de football de 2014 n’aura finalement guère réussi au Brésil. Eliminé
sportivement après avoir été humilié par l’Allemagne (7 buts à 1 en
demi-finale), le géant sud-américain n’a guère pu compter sur un effet positif
en matière de croissance. Bien au contraire, le pays s’enfonce dans la
récession et l’inflation reprend des forces. Dans cette optique, on est en
droit de se demander si les Jeux Olympiques de Rio l’été prochain ne vont pas
engendrer la même déception. Une chose est certaine, le patient brésilien est
surveillé de près par les agences de notation, une nouvelle dégradation de sa
note souveraine n’étant pas exclue à moyen terme.
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