Extrait de « L’Esthétisation du monde », de Gilles Lipovetsky et Jean Serroy, Gallimard, 2013.
« On ne compte plus les objets qui se présentent comme des hybrides (…) Avec le design de Xavier Moulin et Aldo Cibic, meubles de maison et appareils sportifs peuvent s’échanger (…) Même l’automobile n’échappe plus à cette logique : la Smart présente un look de BD, elle est une voiture-jouet, tout à la fois pratique, ludique et écologique. (…) au principe des nouvelles hybridations se trouvent avant tout la volonté et l’exigence de surprendre le consommateur ‘blasé’. (…)
« Cette dynamique n’est pas propre au design. Partout s’affirment les esthétiques de l’hybridation, le mixage des catégories et des genres, des pratiques, des matières et des cultures. (…) Les métissages musicaux prolifèrent ; la cuisine fusion mixe tous les aliments et toutes les saveurs. Les architectures de Frank Gehry ressemblent à de fantastiques sculptures poétiques. Les croisements entre le théâtre et la danse (Pina Bausch), théâtre, peinture et cinéma (Bob Wilson) s’intensifient. Les émissions à la télévision se multiplient qui mélangent les genres, qui mêlent culture et divertissement, politique et mode, écrivains et top-modèles, philosophes et chanteurs de variétés, sérieux et trivialité, haute culture et culture populaire. L’âge hypermoderne est contemporain des créations croisées, répondant au vœu de John Cage d’« une interpénétration sans obstruction ». Comme l’a dit Andrea Branzi, l’hybridation est le maître mot de notre seconde modernité.
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