Le Quotidien d’Oran, mercredi 30 novembre 2016
Akram Belkaïd, Paris
Certains mécanismes de marché sont souvent automatiques ou,
du moins, le plus souvent prévisibles. On sait, par exemple, qu’une annonce de
baisse des taux va provoquer la hausse des cours obligataires. Or, ces derniers
temps, certaines corrélations ne semblent plus fonctionner ou alors elles
tardent à se réaliser. L’élection surprise de Donald Trump semble avoir semé
une confusion extrême sur les places financières.
Quand l’inflation
monte, l’or...
Un exemple, parmi tant d’autres, est celui de l’once d’or
(près de 31,1 grammes). On sait que le président élu veut mettre en place un
plan de relance budgétaire de grande ampleur et cela pour, notamment, financer
de nouvelles infrastructures. Il veut aussi baisser les impôts de manière à
relancer les dépenses de consommation. Dans les deux cas, il s’agit de mesures
qui auront – normalement – pour conséquence une hausse de l’inflation. Dans ce
genre de configuration, l’un des moyens de se prémunir contre les poussées
inflationnistes est d’acheter des actifs tels que l’or. Relevons d’ailleurs que
le métal précieux est aussi censé être un achat prioritaire en temps troublés.
Or, loin d’augmenter, l’once d’or connaît actuellement une importante tendance
baissière et a même cassé le plancher des 1200 dollars. Autrement dit, le métal
jaune ne joue pas son rôle de valeur refuge.
Certes, l’once a bondit après l’annonce de la victoire de
Trump mais cela n’a guère duré et le reflux est venu rapidement. On peut penser
que la décision de l’Inde – grand acteur du marché – de geler ses importations
jusqu’en mars 2017 a favorisé ce repli mais, dans un schéma normal, la
perspective d’un retour à l’inflation (et donc à la hausse des taux d’intérêts)
aurait du provoquer une hausse des prix de l’or. Si les explications manquent à
propos de cette situation, de nombreux experts se demandent s’il n’est pas
temps d’investir dans le métal précieux en pariant sur un retour aux
comportements normaux de marché et donc de placements dans l’or.
Quand le dollar
monte, le pétrole...
Un autre exemple concerne le pétrole. Tout nouveau venu dans
une salle de marchés apprend deux choses : D’abord, que le prix des
obligations varie en sens inverse des taux d’intérêts. Ensuite, que le dollar
et les cours du pétrole évoluent le plus souvent en sens opposés. Actuellement,
et c’est une conséquence de l’élection de Trump, le dollar est dans une
tendance haussière. Cela aurait dû coïncider avec un repli du baril. Ce dernier
pourtant continue de résister. L’explication, dans ce cas, est liée aux efforts
de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de s’entendre autour
d’une réduction de l’offre (pour limiter la baisse des prix). Autrement dit, la
résistance des cours du brut se maintiendra tant que le marché espérera que
l’Opep trouve un accord. En cas d’échec, la baisse des prix du baril risque
d’être violente : à la déception liée à l’absence d’un accord de réduction
des pompages s’ajoutera l’effet mécanique relevant de la hausse du dollar.
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