Le Quotidien d’Oran, mercredi 7 mars 2018
Akram Belkaïd, Paris
Donald Trum va-t-il déclencher un conflit commercial
généralisé ? En annonçant que les Etats-Unis taxeront bientôt leurs
importations d’acier (+25%) et d’aluminium (+10%), le président américain n’a
pas simplement engendré la panique sur les marchés financiers. Il a provoqué
des réactions en chaine, le plus souvent négatives, à commencer par celles de
personnalités du parti républicain, une formation traditionnellement favorable
au libre-échange. Certes, on ne sait pas quand ces augmentations tarifaires
vont entrer en vigueur. On commence à prendre l’habitude des déclarations
tonitruantes du locataire de la Maison-Blanche, lesquelles déclarations sont
rarement suivies d’effet. Mais le doute et l’inquiétude sont là.
Représailles
commerciales
Si les Etats-Unis taxent l’acier et l’aluminium importé, ils
déclencheront des mesures de représailles de la part de la Chine mais aussi de
l’Australie et, bien sûr, de l’Union européenne (UE). Cette dernière a déjà
laissé entendre que des produits « made in USA » comme les motos
Harley-Davidson ou les jeans seraient taxés en retour. Ce à quoi Trump a
répondu que son pays réagirait en augmentant les tarifs douaniers sur les voitures
européennes. On le voit, le cycle de représailles et de contre-représailles
pourrait vite s’emballer.
Dans cette affaire, l’Organisation mondiale du commerce
(OMC) sera nécessairement impliquée ne serait-ce que parce que de nombreux
contentieux seront portés devant ses instances. On imagine aussi que les
diplomaties des pays concernés vont essayer de trouver un terrain d’entente
mais une chose est certaine, Trump vient de donner un sérieux coup de pied au
tabou de la mondialisation vertueuse par le biais du commerce international. En
affirmant haut et fort ses options protectionnistes, il ne fait pas simplement
un appel du pied à ses électeurs alors qu’il évoque déjà sa candidature pour
2020. Trump veut que les Etats-Unis imposent leurs intérêts dans la répartition
des flux commerciaux.
Ce n’est donc pas un hasard si, évoquant la hausse des
tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium, il a indiqué qu’il pourrait se
montrer accommodant à l’égard du Mexique et du Canada… à la condition que ces
deux pays se montrent plus souples dans les actuelles renégociations de
l’accord de libre-échange nord-américain (Alena). Entamées dès son installation
à Washington, ces discussions en sont à leur septième round et n’ont rien donné
de concret pour le moment. Ottawa comme Mexico ne concèdent rien à leur voisin
et Trump aimerait bien que la renégociation aboutisse pour clamer que l’une de
ses promesses électorales a été tenue.
Accord dans le
Pacifique
Quoiqu’il en soit, il serait faux néanmoins de penser que
Trump initie un mouvement de fond en faveur du protectionnisme. Hasard du
calendrier, c’est cette semaine que sera signé l’accord de libre-échange
transpacifique. Voulu à l’origine par les administrations Bush puis Obama, ce
texte libéralise les échanges entre onze pays : Australie, Brunei, Canada,
Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Singapour et Vietnam. Les
Etats-Unis, eux, se sont retirés de ce projet destiné à contrebalancer
l’influence chinoise dans la zone pacifique. Ce faisant, Donald Trump a créé
une situation inédite puisque le retrait de son pays crée un vide dont Pékin
pourrait bien profiter à moyen terme.
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