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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

vendredi 20 septembre 2019

La chronique du blédard : Trump, guerre ou paix ?

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Le Quotidien d’Oran, jeudi 12 septembre 2019
Akram Belkaïd, Paris

Nombre de spécialistes des États-Unis l’affirment : l’administration Trump est complètement imprévisible et il est très difficile d’anticiper ses positions à venir. Pour bien étayer leur propos, ces experts rappellent que, dans le passé, les locataires de la Maison-Blanche tenaient compte des grandes orientations voulues par l’appareil étatiquo-administratif américain, ce que certains désigneraient par l’expression valise d’État profond. De Bush père à Barack Obama en passant par Clinton, il y a eu certes des différences, notamment en matière de politique sociale, mais tous ont respecté, entre autres, un grand principe : assurer et conforter le leadership américain sur la planète tout en feignant de respecter les formes de la diplomatie internationale et les règles d’un monde censé être multipolaire.

Donald Trump, lui, s’affranchit de toute contrainte y compris formelle. L’un de ses passe-temps préférés est d’ailleurs de contourner le Département d’État (le ministère des Affaires étrangères) en annonçant directement ses décisions par le biais du réseau social Twitter. Du jamais-vu. C’est à l’aune de cette réflexion qu’il faut examiner le récent limogeage de John Bolton de son poste de conseiller à la sécurité nationale du président américain. Certes, Bolton, nommé en mars 2018, prétend avoir démissionné de son propre chef mais là n’est pas le plus important. Ce qui compte le plus, c’est que Trump finit toujours par se débarrasser de tout possible contradicteur voire de tout contre-pouvoir. Et le « moustachu belliciste » en était un au sens de sa volonté de croiser le fer avec tous les « ennemis » des États-Unis : Afghanistan, Chine, Corée du nord, Iran, Russie et Venezuela pour ne citer que le premier cercle des cibles de l’Empire.

On sait que Bolton, soutenu par une grande partie des néoconservateurs, est un partisan de la manière forte. Il n’y a qu’à lire les lamentations des ultra-droitiers éditorialistes du Wall Street Journal après son départ pour comprendre qu’il était l’homme de la guerre à venir, ou plutôt des guerres à venir, au sein de l’administration Trump. Lui parti, la pression retombe un peu, les risques de conflit diminuent et même les marchés financiers saluent l’événement. Il est désormais possible, à moins d’un tweet rageur surprise, que le dialogue reprenne avec la Corée du nord, la Russie ou l’Iran. Cela vaut aussi pour l’Afghanistan même si, là aussi, Trump a surprit tout le monde en rompant les négociations « secrètes » (la planète entière était au courant…) avec les Talibans. Ouvrons ici une parenthèse pour relever que dix-huit ans après les attentats du 11 septembre et l’intervention occidentale en Afghanistan, rien n’est réglé dans ce pays où les armes et les explosifs dictent toujours leur sanglante loi. Les soldats américains sont toujours sur place et la seule perspective qui se dessine, c’est un retour au pouvoir des Talibans chassés en 2001… Tout ça pour ça. Fin de la parenthèse.

Revenons à Trump. Le voici donc débarrassé de tout avis divergent. Mais, au-delà de ses slogans chauvins et de ses tweets égotiques, que veut-il exactement en matière d’affaires étrangères ? La seule certitude concerne Israël. Le locataire de la Maison-Blanche soutiendra tout ou presque de ce qui viendra de Tel Aviv y compris l’annexion de la Cisjordanie que prépare Benjamin Netanyahou (les deux hommes auront néanmoins une divergence concernant l’Iran). Pour le reste, c’est le flou le plus total. La Corée du nord ? Beaucoup de blabla, une rencontre avec Kim Jong-un, certes historique, mais surtout destinées aux caméras et aux photographes mais dans le fond, rien n’est réglé. Au Venezuela, le régime de Maduro n’est pas tombé et Washington se voit contraint de renouer tôt ou tard le dialogue. L’Iran ? L’objectif de Trump est de rencontrer Hassan Rohani, son homologue iranien mais Washington n’a émis aucune proposition concrète susceptible de relancer les négociations sur le sujet du nucléaire et des sanctions imposées à Téhéran.

On sait que les néoconservateurs et le lobby pro-israélien veulent une guerre contre l’Iran. Trump, de son côté, pense d’abord à sa réélection en 2020. A en croire la presse américaine, il serait obsédé par ce rendez-vous où son orgueil démesuré lui dicte de faire aussi bien que ses trois prédécesseurs. Or, une grande partie de son électorat l’a élu pour qu’il mette fin aux interventions militaires américaines à l’étranger. C’est ce qui explique les négociations avec les Talibans et les appels répétés pour un dialogue direct avec Téhéran. Quelques heures après le départ de Bolton, Donald Trump s’est ainsi dit prêt à une « rencontre sans préalable » avec Hassan Rohani. Pour l’heure, les Iraniens ne sont guère pressés et on les comprend puisque c’est ce même Trump qui a torpillé l’accord sur le nucléaire conclu en juillet 2015.

Il y a un an, le tout Washington affirmait que Donald Trump voulait « sa » guerre. Aujourd’hui, échéance électorale oblige, la donne a changé. Pour autant, le monde est-il plus sûr ? Avec un homme aussi imprévisible à la tête de l’armée la plus puissante du monde, ce n’est guère certain.
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