"Exhibé en public,
le pain au chocolat peut générer des comportements violents"
Piotr G. Champepeo
(*)
Le Professeur Piotr G. Champepeo est spécialiste de tout,
de plus encore et d’ailleurs. Nous revenons avec lui
sur la question du fameux pain au chocolat.
L’intervieweur.- Bonjour
Professeur...
Pr. Piotr G.
Champepeo.- Bonjour, je suis aussi Docteur en sciences politiques.
Bien Docteur, que pensez-vous des
déclarations de Jean-François Copé à propos des pères de familles excédés par
le fait que l’on ait volé le pain au chocolat de leur enfant pour le punir de
ne pas observer le ramadan ?
Ecoutez, je ne reviendrai pas sur la polémique provoquée
par cette affaire. Mais, il y a un élément qui mérite d’être signalé. Dans
certains pays au Sud de la Méditerranée, le pain au chocolat est révélateur des
carences des systèmes en place. De nombreux boulangers-pâtissiers trichent avec
la quantité de chocolat utilisée et les consommateurs en éprouvent de la
frustration et de la colère. Mettez-vous à leur place : ils achètent un
pain au chocolat qui ne s’avère être que de la pâte avec quelques traces de poudre
de cacao ! Dans d’autres cas, les boulangers en profitent pour écouler
leurs vieux stocks de Cobiscal, ce qui a certainement des effets négatifs sur
le plan de la santé de leurs clients.
Il ne faut donc pas s’étonner que les
populations d’origines étrangères soient aussi concernées par les pains au
chocolat vendus en France. Cela leur rappelle de mauvais souvenirs et peut les
pousser à mal réagir. Ainsi, le pain au chocolat, lorsqu’il est exhibé en
public, peut générer des comportements violents lesquels relèvent certainement
d’un stress post-traumatique qui n’a pas dit son nom. Voilà donc dans quel
contexte il faut restituer cette tension autour d’une viennoiserie qui, par
ailleurs, attend encore sa normalisation par la Commission européenne (poids,
dimensions, teneur en chocolat noir, etc…). Une fois réalisée, cette
standardisation métrologique mais aussi chimique pourrait faire l’objet de
négociations entre Bruxelles et les pays du Sud de la Méditerranée dans le
cadre de la non-politique de voisinage. Cela contribuerait à apaiser les frustrations
que je viens d’évoquer et à faciliter une compréhension commune de la
dégustation du pain au chocolat.
Propos recueillis par Aziouz F. Douglass
(*) Université d’Abilene. Dernier ouvrage : La
géopolitique gustative dans l’œuvre de Christine Angot (Editions du Festi).
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