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lundi 2 novembre 2015

La chronique économique : Un Japon bien en peine

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 28 octobre 2015
Akram Belkaïd, Paris

Après les grandes espérances et le discours volontariste, c’est le retour à la réalité. Arrivé au pouvoir en 2012, le Premier ministre Shinzo Abe est loin d’avoir atteint son but, c’est-à-dire relancer une économie qui stagne depuis plus de deux décennies. Produit intérieur brut (PIB) en recul, inflation négative, consommation en berne, les fameux « Abenomics », autrement dit les réformes et mesures incitatives mises en place par le gouvernement japonais, n’ont pas conduit à un franc redémarrage.  

La force de l’épargne locale

En septembre dernier, l’Agence Standard & Poor’s a confirmé le diagnostic général en dégradant la note souveraine de l’Archipel de AA- à A+. Certes, cet abaissement est assorti à une perspective « stable », ce qui exclut toute dégradation à court terme, mais le message est clair. Personne ne croit le Japon capable de retrouver le chemin d’une forte croissance et d’une amélioration de ses comptes publics. Pour mémoire, le pays ne bénéficie plus du fameux triple A (AAA) depuis le début des années 2000. En prenant ses fonctions, Shinzo Abe n’avait pas promis que cette note serait récupérée mais il avait insisté sur l’engagement de son pays dans le cycle vertueux de la croissance couplée à un assainissement des finances publiques.

Pour l’heure, et c’est ce qui inquiète les agences de notation, la dette du pays demeure équivalente à 247% du PIB national. Dans de nombreuses autres nations, un tel niveau provoquerait des dégradations successives et un « rating » plus risqué. Mais le Japon, troisième économie mondiale, a un avantage majeur qui l’a mis à l’abri depuis des années. Il s’agit du niveau élevé de l’épargne locale (l’équivalent 10 315 milliards d’euros soit 2 fois et demi le PIB) couplé au fait que 90% de la dette publique japonaise est détenue par des Japonais. En clair, l’épargnant nippon croit en son pays et estime normal de financer le déficit budgétaire (7% du PIB en moyenne). Cette cohésion est donc fondamentale et exclut tout dérapage à court terme.

Mais la question est évidente. Que se passera-t-il si l’épargne locale diminue, notamment du fait du vieillissement accru de la population ? Que se passera-t-il aussi si le yen perd de sa valeur, dépréciant ainsi les avoirs des épargnants et érodant les réserves de change qui se situent actuellement autour de 10 315  milliards d’euros (soit plus de 50 fois les réserves algériennes) ? Selon les prévisions, le Japon sera obligé de se tourner vers les prêteurs étrangers à partir de 2020. Une perspective qui change la donne car le recours à la dette extérieure mettra Tokyo sous pression. Contrairement aux investisseurs locaux, les bailleurs extérieurs seront plus exigeants en matière d’évolution des comptes publics et le gouvernement devra consentir plus d’efforts en matière de baisse des dépenses (ou de hausse de la fiscalité).

Le recours à l’immigration reste tabou

Pour certains économistes, l’une des raisons essentielles de la stagnation japonaise n’est pas économique mais avant tout démographique. Dans un contexte de vieillissement continu de la population, la solution serait le recours à l’immigration. Outre le fait d’une revitalisation de la natalité, cela permettrait une hausse de l’activité, notamment d’une consommation mise à mal par la hausse récente de la TVA (elle est passée de 5% à 8%). Pour autant, ce recours à l’immigration demeure un tabou et une option inenvisageable par la classe politique japonaise. 
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