Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

lundi 25 juin 2018

Au fil du mondial (11) : Le temps des regrets

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Il est donc temps pour certaines équipes de plier bagages et de quitter la compétition. Pour certaines, c’est chose normale. On pense au Panama, trop faible pour être à la hauteur. On pense aussi à l’Arabie saoudite ou à la Tunisie et même à l’Egypte arrivée en Russie avec une cote visiblement surévaluée. Tel n’est pas le cas pour l’Iran et le Maroc. Ces deux équipes peuvent vraiment avoir des regrets car les huitièmes de finale n’étaient pas inatteignables pour elles. Il est dommage que le Maroc ait raté son match contre l’Iran. Il est dommage que cette équipe ait été brimée par un arbitrage scandaleux contre le Portugal. L’Iran aussi aurait pu passer en mettant dehors le Portugal (ou l’Espagne).

Cette fin de première poule laisse donc un goût habituel, celui de l’inachevé. Et, malheureusement, il n’est pas nouveau. En 1978, la Tunisie n’est pas passée loin de l’exploit avec sa victoire contre le Mexique (3-1), son nul contre la RFA (0-0) et sa courte défaite contre la Pologne (0-1). Idem pour l’Algérie en 1982 (on reparlera du match de la honte RFA - Autriche dans une prochaine chronique). Même chose pour le Maroc en 1986 qui a réussi à passer le premier tour mais qui n’a pas pu aller plus loin malgré une équipe séduisante.
Comment expliquer ces échecs ? Les raisons sont multiples. Certaines de nos équipes, je parle de celles du « Sud », débutent mal le tournoi ou ont du mal à garder la même intensité sur plusieurs rencontres. D’autres sont les victimes d’un arbitrage qui ne leur fera aucun cadeau. L’encadrement de l’équipe marocaine a d’ailleurs raison de dénoncer la partialité des arbitres, y compris ceux en charge de la vidéo, et les Iraniens peuvent s’étonner que Ronaldo n’ait pas été exclu du jeu après avoir frappé un adversaire. Ces deux équipes peuvent aussi regretter d’avoir été trop prudentes dans leur jeu. D’avoir presque joué contre nature.
Mais il y a une raison que l’on cite peu souvent. Pour progresser, les équipes maghrébines, en particulier, et africaines, en général, ont absolument besoin d’expérience pour relever leur niveau cela d’autant que leurs championnats sont d’une faiblesse insigne. Jouer une coupe du monde de temps à autres ou même tous les quatre ans ne suffit pas à hausser son jeu. On dira que de nombreux joueurs évoluent en Europe dans des championnats étoffés. C’est vrai mais cela ne suffit pas. On parle ici de l’expérience à acquérir par toute une équipe lors de face-à-face réguliers avec plus forts qu’elles. Ce n’est ainsi que l’on progresse.
L’idéal serait de jouer une compétition relevée tous les deux ans. Je ne parle pas ici de la Coupe d’Afrique des Nations qui se déroule souvent dans les conditions que l’on sait… Il y a vingt ans, l’idée d’inviter une ou deux équipes africaines à participer au championnat d’Europe des nations avait été brièvement avancée avant d’être oubliée. Pour progresser et être encore plus fortes, des équipes comme celles du Maroc doivent multiplier les matchs difficiles en Europe et en Amérique du sud. Cela peut être des matchs amicaux même si l’intensité n’est pas la même. Bien sûr, les considérations financières peuvent peser. En fait, l’idéal serait un championnat mondial transcontinental annuel mais cela reste utopique.
Finalement, le meilleur compromis serait de disposer des joueurs durant plusieurs longues périodes. Cela améliorerait la cohésion sans toutefois remplacer l’expérience offerte par la succession des matchs.
Akram Belkaïd, lundi 25 juin 2018
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