Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

lundi 4 mars 2013

De l'anti-arabisme primaire...

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Ils lisent le titre du livre mais sans lire le livre. Ils voient le mot arabe, alors leur sang ne fait qu’un tour et ils m'insultent et me calomnient ; Ils se disent encore un ennemi des Berbères ! Encore un traître à la cause Amazigh, un « arabiste », un « islamo-arabiste », un que sais-je encore… Pauvres tarés. Sont-ils bêtes et rustres. Sont-ils aussi fainéants. Ils pourraient lire. Faire un petit effort. Prendre le temps de savoir ce qui y est écrit. Mais, malheureusement, ce n’est pas le cas. La tchaqlala est, pour eux, une manière d’être. Pourtant l’Avant-propos d’Etre Arabe Aujourd’hui est disponible sur Internet. Gratuitement.
Extrait :

« Je suis arabe mais je suis aussi berbère, comme l’est la grande majorité des habitants du Maghreb central. Si je le précise, c’est que j’ai bien conscience que la revendication d’appartenance au monde arabe est délicate dans un contexte où la question de l’identité algérienne, voire maghrébine (car cette question se pose aussi pour les Marocains), est loin d’être réglée en raison de l’antagonisme entre arabophones et berbérophones. Être berbéro-arabe – puisque telle est à mon sens la définition la plus juste de l’identité algérienne – et revendiquer sa propre part d’amazighité (l’identité berbère) ne m’empêche pas de me réclamer aussi d’un monde qui va du Maroc au sultanat d’Oman et dont l’héritage culturel et religieux mais aussi politique est d’une richesse immense. » (*)

Mais, peut-être est-ce le fait de refuser d’abonder dans le sens de celles et ceux qui aimeraient bien voir une partie de l’Algérie se détacher du reste du pays qui me vaut tant d'attaques anonymes et calomnieuses. Mon refus de voir une région d'Algérie devenir indépendante par la grâce d’aventuriers qui font insulte à leur peuple en fricotant avec les ennemis des Palestiniens en pensant  - naïfs qu'ils sont - que c’est ainsi qu’ils arriveront à leurs fins. Peut-être est-ce le fait de me moquer de celles et ceux qui s’inventent une autre nationalité que l’algérienne qui les fait enrager. Ah, hélas... La haine de soi, toujours et encore…

 

 (*) Etre Arabe Aujourd’hui, Avant-propos, page 19.
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2 commentaires:

mob_dz a dit…

Je vous crois capable de ressentir et de comprendre que les réactions en questions traduisent d'abord une douleur avant d'être une violence. La mutilation identitaire est d'abord ressentie par ceux qui sont porteurs des parts meurtries et amputés de notre personnalité, ceux qui se sentent exclus et laissés pour compte. D'un autre côté, je pense que les assimilationnismes arabe et/ou musulman sont bien plus choquants que les réactions indépendantistes qu'ils ont fini par susciter.

Nous continuons à vouloir nous différencier de l'ancien colonisateur, alors qu'il nous faudrait chercher à nous identifier simplement. À défaut de penser notre identité, nous adoptons des formules bricolées - genre triptyque identitaire - pour nous dire.

Nous sommes algériens, mais qu'est-ce que l'algérianité ? Un enchevêtrement où le plus grand légo serait religieux :l'islam, le seconds religieux et linguistique : l'arabe, et le plus petit, ethnolinguistique : Tamazight ?! Un tel édifice est bringuebalant, prêt à se dissoudre dans tout empire ou Califat. Alors, qu'est-ce que l'Algérianité ? Ce serait ces éléments pris dans un ordre inversé ? D'un autre côté, n'y a-t-il que ces éléments pour nous définir ? Et, s'ils ont cette force, pourquoi ne l'ont-ils pas fait avant 1830 - en vérité 1920 - ?

Notre unité ne s'est-elle pas affirmée dans l'opposition au colonialisme et au régime ségrégationniste auquel il nous a soumis ? N'est-ce pas dans ce combat que nous nous sommes approprié un territoire unifié, du nord au Sud, d'est en ouest ? Notre combat identitaire n'a-t-il pas été dès le départ la quête de la République et de la justice sociale ? Cette identité est indissoluble dans ce qui lui est antinomique, théocratie ou ordre féodal. Elle fait place à tout élément culturel, spirituel ou linguistique qui jouit d'un ancrage dans son histoire, continuum spatio-temporel qui fait place à tous les éléments (culturels, linguistiques, spirituels,…) qui ont participé de la sédimentation de l’Algérie.

Il urge que nous pensions ces questions, avant que ne s’affaisse cette construction artificielle qui nous tient lieu d’ « édifice national »

Akram Belkaïd a dit…

Merci pour cet excellent commentaire. Effectivement, cette violence peut aussi s'expliquer par une douleur. Vous avez raison.