Le Quotidien d'Oran, mercredi 3 avril 2013
Akram Belkaïd, Paris
Que va décider l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) le 31 mai prochain, lors de sa réunion semestrielle à Vienne ? Comme c’est souvent le cas, la question qui est posée concerne le plafond de production de l’Organisation. En décembre dernier, lors de sa dernière réunion, les pays membres ont maintenu ce dernier inchangé à 30 millions de barils par jour (mbj). Cet objectif a été plutôt atteint puisqu’en mars dernier, la production du Cartel a atteint 30,554 mbj contre 30,624 mbj au mois de février et cela selon les estimations de l’Agence Bloomberg.
Le Nigeria et le Kurdistan inquiètent
En réalité, ce n’est pas tant le thème de l’objectif de production qui intéresse les analystes mais la manière dont ce dernier va pouvoir être maintenu. Il existe en effet un consensus au sein de l’Opep pour que le niveau de pompage demeure autour de 30 mbj. Cela soutient les cours en empêchant que ces derniers tombent en dessous de 80 dollars, un niveau plancher par rapport auquel la majorité des pays membres ont bâti leur hypothèses budgétaires. Dans le même temps, ce niveau de 30 mbj satisfait pleinement les pays consommateurs qui craignent toujours que l’Opep ne descende en dessous de cette barre symbolique ce qui provoquerait immanquablement une hausse des cours. Ainsi, si d’aventure la production Opep passait à 29 mbj voire à 28 mbj, des niveaux qui furent les siens il n’y a pas si longtemps, le prix du brut pourrait bien dépasser à terme les 120 dollars.
En fait, l’interrogation concerne comme toujours la capacité de certains producteurs à maintenir intact leur niveau de pompages. C’est le cas notamment du Nigeria, le « grand homme malade » de l’Opep tant sa situation interne inquiète les milieux pétroliers. Sabotages d’oléoducs, détournement de cargaisons, menaces d’enlèvement contre le personnel des compagnies pétrolière présentes dans le delta du Niger ou en zone offshore : voici autant de raisons qui poussent les opérateurs à baisser leur production ou même à l’interrompre. Alors qu’il était l’un des principaux producteurs africains d’or noir, le Nigeria voit sa production sans cesse décliner puisqu’elle est désormais passée sous les 2 mbj avec une moyenne quotidienne de 1,8 mbj. Et, rien dans le contexte politique et sécuritaire de ce pays ne permet d’affirmer que la tendance va être inversée.
Le Kurdistan irakien est l’autre grand facteur d’inquiétude au sein de l’Opep. Depuis plusieurs mois, un bras de fer à la fois financier et politique oppose ce dernier au pouvoir central de Baghdad. La situation est tellement tendue que plusieurs analystes mettent en garde contre le risque d’un conflit armé entre les deux parties dont l’une des conséquences serait la baisse brutale de la production d’or noir irakien. A cela, s’ajoute l’instabilité politique à Baghdad où la contestation contre le gouvernement ne faiblit pas.
A ces deux incertitudes, il faut citer deux autres éléments. D’abord, une situation libyenne confuse, le gouvernement de Tripoli ayant du mal à asseoir son autorité sur tout le territoire et notamment les zones orientales d’exploitation pétrolière. Ensuite, une incapacité de l’Iran à déjouer totalement les effets de l’embargo imposé par les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) sur ses ventes d’hydrocarbures. Même si Téhéran reste soutenu par plusieurs de ses clients asiatiques, les défections récentes de l’Inde et d’autres acheteurs font que l’or iranien est moins présent sur les marchés.
L’Arabie Saoudite en ajusteur
La conséquence de tout cela, c’est que l’Arabie saoudite devrait une nouvelle fois compenser la baisse de production de ses partenaires au sein de l’Opep. Toute la question est de savoir si Ryad le fera en concertation avec les autres membres et si cet ajustement se fera de manière durable ou temporaire. On sait que le Royaume wahhabite est le véritable patron du Cartel mais, jusque-là, ses décisions d’étendre sa production n’ont pas toujours ravi les autres producteurs soucieux de préserver leurs parts mondiales de marché et de ne pas trop affaiblir les prix par une hausse trop importante des pompages.
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