Le Quotidien d’Oran, mercredi 14 février 2018
Akram Belkaïd, Paris
2018, année du grand krach boursier ? Dix ans après la
crise financière provoquée par la débâcle des subprimes, l’idée est dans toutes
les têtes. C’est d’autant plus vrai que les marchés ont connu de grosses
turbulences la semaine dernière et que la hausse modeste qui a suivi la purge
ne rassure personne. Quand, comme ce fut le cas le 5 février dernier, le Dow
Jones, indice principal du New York Stock Exchange (Nyse) perd plus de 1600
points en séance (un record historique), cela frappe les esprits même si
l’index s’est (un peu) repris avant la clôture.
Peur de l’inflation
Les analystes qui veulent garder leur calme rappellent, à
raison, que les arbres ne montent jamais au ciel. Cela fait maintenant neuf ans
que les Bourses sont globalement orientées à la hausse. Alors que l’économie
réelle a mis du temps à digérer la crise de 2008, les marchés d’actions, eux,
se sont vite nourris de projections optimistes et ont enregistré records sur
records à l’image de l’indice S&P 500 (cinq cent principales
capitalisations boursières aux Etats Unis) qui a pratiquement quadruplé de
valeur. Il était donc inévitable que les marchés corrigent d’eux-mêmes cette
hausse continue. Une correction, estiment les analystes, nécessaire avant que
la marche en avant ne reprenne…
La chute du bitcoin, évoquée dans ces colonnes, a aussi sa
part de responsabilité. Le phénomène a peu été commenté mais les particuliers
américains ont bel et bien repris le chemin de la Bourse depuis quelques
années. Echaudés par les crises de 2001 et de 2008, ils avaient pris le large
mais la croissance des Bourses et les facilités offertes pour opérer à son
compte (désormais un simple ordinateur suffit…) les ont convaincus de retenter
leur chance sur les marchés d’actions. En perdant de l’argent à cause de la
chute du bitcoin, certains d’entre eux ont été obligés de se défaire d’une
partie de leur portefeuille de valeurs mobilières ce qui a accentué les pertes des Bourses.
Mais la vraie raison de cette instabilité boursière est liée
aux intentions de la Réserve fédérale (Fed). Cela fait des années que les
marchés s’enivrent, d’autres diraient se goinfrent, grâce à la politique
monétaire accommodante de la Banque centrale américaine. Taux d’intérêts peu
élevés et rachats sur le marché d’obligations, ce sont des milliards de dollars
de liquidités qui se sont déversées sur les marchés, créant, ici et là
d’importantes bulles spéculatives. Tout le monde sait que la fête ne peut pas éternellement
durer et que, tôt ou tard, l’orchestre s’arrêtera de jouer. Alors, à chaque
fois qu’un événement est susceptible d’accélérer le mouvement de hausse de
taux, les marchés anticipent et paniquent.
Le bal continue
L’annonce d’une augmentation de salaires de 2,9% aux Etats
Unis a fait partie de ces catalyseurs. Pour les marchés boursiers, un salaire
qui augmente ce n’est pas une bonne nouvelle même si ce genre d’augmentation
est susceptible de doper la consommation (deux tiers de l’économie américaine).
C’est surtout vu comme un risque de résurgence de l’inflation. Et qui dit
inflation dit hausse des taux d’intérêts. On en est là. L’image habituelle déjà
évoquée dans ce qui précède demeure pertinente. Le bal se poursuit mais
l’orchestre commence à donner de sérieux signes de fatigues.
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