Le Quotidien d’Oran, mercredi 7 février 2018
Akram Belkaïd, Paris
Près de 20 000 dollars en décembre, moins de 7 400 dollars
en début de semaine… Le moins que l’on puisse dire c’est que la chute du
bitcoin s’accélère. Pour nombre d’observateurs, on est dans la phase classique
de l’éclatement d’une bulle spéculative. Après les sommets, l’abîme. Reste à
savoir jusqu’où la crypto-monnaie vedette va tomber. Et, surtout, quelles
seront les conséquences financières et économiques de cet effondrement.
Offensive groupée
Il faut dire que les mauvaises nouvelles se sont multipliées
concernant cette monnaie. Plusieurs grandes banques américaines (Citigroup,
Bank of America,…) ont interdit à leurs clients d’acheter des bitcoins avec
leurs cartes de crédit. Ils peuvent néanmoins continuer à le faire en utilisant
des cartes de débits. Autrement dit, ces établissements financiers refusent
qu’un découvert, synonyme d’endettement, ne serve à acheter une monnaie dont la
valeur ne cesse de se déprécier. Autre coup dur, la décision du réseau social
Facebook d’interdire les publicités et autres « pratiques promotionnelles
fallacieuses et trompeuses » en faveur du bitcoin et d’autres
cryptomonnaies. La « bitcoinomania » a du plomb dans l’aile…
Il y a aussi la volonté affichée de la Chine de venir à tout
prix à bout de ce moyen de paiement qui échappe à toute régulation. Pékin veut
en finir avec le bitcoin d’où sa décision d’interdire l’usage ou l’accès aux
plateformes d’échange. Les autorités chinoises sont les plus en pointes dans la
mise en place de mesures dissuasives ou punitives pour tout utilisateur du
bitcoin. Cela est dû au fait qu’elles ne goûtent guère cette monnaie que sa
banque centrale ne peut contrôler et qui sert aussi à faire fuir des capitaux
de Chine. Autre raison, moins évoquée par les médias, le système bitcoin est un
grand consommateur d’énergie car il utilise des chaînes d’ordinateurs de
particuliers mobilisés pour leurs capacités de calcul. Pékin ne veut donc plus
que ses centrales de production d’électricité soient mobilisés par ces machines.
Enfin, plusieurs pays occidentaux, dont la Grande-Bretagne
et la France, estiment qu’il est temps de légiférer pour encadrer les
cryptomonnaies. La question sera même abordée lors du prochain G20 en mars.
Tout cela ressemble donc fort à une offensive en règle contre le bitcoin et
rappelle que les Etats, et les banques, n’aiment guère qu’on empiète sur leurs
prérogatives. Depuis des siècles existe l’idée de monnaies gérées par les
propres utilisateurs. Des monnaies ou alors des moyens de paiements alternatifs.
A chaque fois, les Etats ont fini par reprendre la main, parfois de manière radicale.
Retour au stade
initial
Le bitcoin est-il pour autant condamné ? Plusieurs de
ses partisans espèrent que cette purge sera salvatrice. Avec ce repli brutal, la
monnaie devrait être moins exposée à la spéculation et pourra peut-être
retrouver son statut initial de moyen de paiement alternatif. On peut aussi
penser que la technicité qui entoure le bitcoin empêchera la Chine et d’autres
pays de l’interdire totalement. Mais rien n’est moins sûr. Pour le bitcoin,
l’année 2018 est celle de l’épreuve de vérité.
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