C’est un fait. La lettre
adressée par Hocine Malti, ancien vice-président de Sonatrach (1972-1975)
au général Mohamed Médiène alias Toufik, est un événement majeur et ô combien
inattendu dans l’actualité algérienne. D’abord, parce qu’il est exceptionnel
que le patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le
service de renseignements algérien, soit interpellé de la sorte. Ensuite, parce
que la presse algérienne a fait écho de ce courrier, le quotidien El Watan l’ayant
même publiée de manière intégrale (et cela contrairement à ce que semblait
penser l’auteur de la lettre). Le sujet
de la missive est lui-même explosif puisqu’il concerne un nouveau scandale à
propos de pots-de-vin que des responsables algériens auraient touchés de la
part de la compagnie pétrolière italienne Saipem. Tout cela se passant dans un
contexte plutôt inquiétant où les apparitions du chef de l’Etat algérien
Abdelaziz Bouteflika sont de plus en plus espacée (il a fallu attendre plus de
vingt jours avant sa réaction à la prise d’otage de Tiguentourine…).
Que va-t-il donc se passer ? A Alger, la justice
algérienne vient de se manifester en estimant de son devoir d’enquêter sur ce
qu’il convient désormais d’appeler l’affaire Sonatrach 2. On comprendra que l’homme
de la rue soit plutôt réservé quant aux suites de cette enquête qui ne concerne
pas que du menu-fretin. Mais, sait-on jamais. Les révélations de la presse
italienne sont loin d’être terminées et il faut s’attendre à d’autres
surprises.
On est en droit aussi de se demander pourquoi une telle
lettre a pu être publiée dans la presse algérienne et cela sans – du moins
jusqu’à présent – représailles. Interpellé de manière vigoureuse, le
général Toufik a-t-il donné son feu vert pour une telle publication ?
A-t-il jugé que les éléments cités dans le courrier contribuent surtout à
pointer un index accusateur en direction du clan présidentiel ? Ce
dernier, affirme la rumeur algéroise, étant décidé à obtenir un quatrième
mandat ? Faut-il aussi penser que le général Toufik, « dieu de l’Algérie »
comme l’a martelé Hocine Malti, n’a pu empêcher la publication d’un tel
courrier ? Ce qui tendrait à mettre en évidence l’existence de divisions
au sein même du cœur du pouvoir algérien ?
Ces questions restent posées et elles traduisent bien le
climat politique délétère qui règne actuellement en Algérie. Un calme factice
qui cache des manœuvres de fond dont personne ne sait sur quoi elles vont
déboucher. Mais, une chose est certaine, rien n’est encore joué pour l’élection
présidentielle de 2014.
Akram Belkaïd
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