Le Quotidien d'Oran, mercredi 24 mai 2017
Akram Belkaïd,
Paris
La
mondialisation ne cesse de faire débat et ce depuis que ce terme connaît la
popularité que l’on sait. Remarquons d’abord que les premières discussions
étaient plutôt d’ordre académique. Au début des années 1990, les économistes et
les chercheurs s’interrogeaient sur la réalité concrète de cette transformation
de l’économie globale. Vint ensuite la crise asiatique (1997) et les
protestations populaires contre les projets de l’Organisation mondiale du
commerce (OMC) avec, notamment, les manifestations de Seattle en 1999. Dès
lors, la mondialisation est devenue aussi une affaire d’opinions publiques et
donc, de discours politiques.
Gagnants et perdants
La question
habituelle est connue : la mondialisation est-elle heureuse ? En
réalité, le questionnement a quelque peu évolué et c’est tant mieux.
Aujourd’hui, la question fondamentale est la suivante : pourquoi la
mondialisation n’est-elle pas heureuse pour tous ? Pourquoi crée-t-elle
autant d’inégalités quand tant d’heureux élus en profitent aussi largement. Les
gagnants sont plus ou moins identifiés. Ils s’agit d’acteurs dans les activités
où les frontières ne sont plus (ou presque). Voilà déjà plus de deux décennies
qu’ils tirent leurs épingles du jeu à l’image du secteur financier. Plus
encore, c’est le cas des grandes multinationales et leurs cortèges de cadres
qui sillonnent le globe ou pour qui une vidéo-conférence matinale avec des
collègues d’Asie et d’Amérique est une routine.
Les perdants
sont, entre autres, celles et ceux qui vivent du mauvais côté des flux
économiques. On le sait, l’une des caractéristiques de la mondialisation est
que l’on assiste à d’importants déséquilibres entre zones de production et de
consommation. Les premières sont incapables de capter une part plus importante
de la valeur ajoutée de ce qu’elles produisent pour des marchés extérieurs. De
même, dans les zones de consommation, la délocalisation d’activités vers des
sites de production à bas coûts entraine la dégradation du marché de l’emploi
et la hausse des inégalités. Les défenseurs de la mondialisation estimaient que
ce déséquilibre ne durerait pas et que les bienfaits des échanges commerciaux
ouverts profiteraient à tous. Ils reprenaient en cela la théorie de David
Ricardo (1772-1823) mais la réalité est différente.
Certes, la
mondialisation contribue à faire sortir des pans de populations de la pauvreté
comme c’est le cas en Chine. Mais les classes moyennes, elles, sont durement
affectées y compris dans les zones de consommation que sont l’Europe ou
l’Amérique du nord. Pour y remédier, des économistes avancent les pistes de
relocalisations partielles. Dans un contexte où les discours sur le
protectionnisme sont polarisants, il s’agirait d’un compromis destiné à
atténuer les bouleversements engendrés par la globalisation.
Le poids des multinationales
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