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Aquí, en español, la letra de la canción "Casa del Mouradia". Himno de los partidarios de la USMA (el rojo y negro de Bab El Oued), un verdadero desafío al poder argelino.
Traducción de Yacine Belkaïd.
horas del alba, no concilio el sueño
consumiendo poquito a poco,
Porque será y quien voy a culpar?
Estamos hartos de esta vidilla
horas de alba y no concilio el sueño
consumiendo poquito a poco,
Porque será y quien voy a culpar?
Estamos hartos de esta vidilla
La primera (legislatura) vez vale
Nos la colaron con la decencia (negra)
la segunda, se desveló la jugada
La Casa d’El Mouradia [barrio del palacio presidencial]
la tercera el pais flaqueó,
Por los el interés (es) individual (es)
A la cuarta el muñeco murió,
Es es el asunto actual
La primera (legislatura/mandato) vez vale pasó
Nos la colaron con la decencia (negra)
la segunda, se desveló la jugada
La Casa d’El Mouradia [barrio del palacio presidencial]
la tercera el pais flaqueó,
Por los el interés (es) individual (es)
A la cuarta el muñeco murió,
Es es el asunto actual
horas del alba, no concilio el sueño
consumiendo poquito a poco,
Porque será y quien voy a culpar?
Estamos hartos de esta vidilla
horas del alba, no concilio el sueño
consumiendo poquito a poco,
Porque será y quien voy a culpar?
Estamos hartos de esta vidilla
La quinta (legislatura/mandato) viene detrás
Entre ellos la cosa resuelta
En el pasado archivarás
La voz de la libertad
En nuestra grada en privado de charlas
Lo conocemos cuando pota
El cole … y el CV necesitas
Una oficina de analfabetas
La quinta (legislatura/mandato) viene detrás
Entre ellos la cosa resuelta
En el pasado archivarás
La voz de la libertad
En nuestra grada en privado de charlas
Lo conocemos cuando pota
El cole … y un CV necesitas
Una oficina de analfabetas
horas del alba, no concilio el sueño
consumiendo poquito a poco,
Porque será y quien voy a culpar?
Estamos hartos de esta vidilla
horas del alba, no concilio el sueño
consumiendo poquito a poco,
Porque será y quien voy a culpar?
Estamos hartos de esta vidilla
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Blog au fil des jours, quand la chose et l'écriture sont possibles.
Lignes quotidiennes
mardi 26 mars 2019
jeudi 21 mars 2019
La chronique du blédard : Un peuple admirable, un pouvoir…
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Le Quotidien d’Oran, jeudi 21 mars 2019
Akram Belkaïd, Paris
« Ne
fais pas de ton impatience, un argument ». Ce conseil
paternel, je l’ai souvent entendu à l’adolescence ou en tant que jeune adulte.
Dans un pays comme l’Algérie où tout est question d’attente et de persévérance,
cela compte comme façonnage. Et ce conseil trotte de nouveau dans ma tête
depuis plusieurs jours, depuis que le peuple algérien dans sa grande majorité
attend du régime qu’il dégage. Attente, hélas, qui reste vaine. Car le temps
passe et les manœuvres dilatoires se multiplient. Pourtant, les choses sont
claires. De partout, fusent les mêmes mots d’ordre. Ils sont sans aucune
ambiguïté, ils ne supplient pas, ils ne quémandent pas un peu de liberté, une
poignée de devises ou un quignon de pain, de la semoule ou de l’huile. Ils
veulent le changement, le vrai. Ils exigent, oui, ils exigent, que Abdelaziz
Bouteflika s’en aille au terme de l’actuel mandat. Qu’une transition s’engage.
L’heure n’est donc pas aux tergiversations, aux revendications à minima. Et
pourtant…
On voit bien que le clan présidentiel ne veut
rien lâcher. Il joue la montre, cette bonne vieille stratégie éprouvée depuis
des décennies. Il lui faut occuper le terrain (médiatique, à défaut du vrai),
faire semblant et même improviser. À ce sujet, la capacité de nos dirigeants à
s’inventer une réalité parallèle est toujours aussi saisissante. La rue tonne,
des gens qui jusque-là se tenaient à l’écart de la politique se lancent eux
aussi dans la contestation, des cachiryatines
de toujours s’écharpent entre eux et s’apprêtent à leur emboîter le pas, le
nombre des manifestants s’approche peu à peu du quart de la population, mais,
rien ne bouge et la tentative d’enfumage se poursuit comme si de rien n’était.
Tout va très bien monsieur le Bey…
En avant donc la gasba et le bendir ! Flûte
et tambourin. Comme on essayerait d’endormir ou d’impressionner un enfant, on
nous parle d’un gouvernement en cours de constitution – alors qu’on s’en tape
-, de consultations pour la conférence nationale – alors qu’on s’en tape-, de
démarches « inclusives » - alors qu’on s’en retape. Le moufid, l’essentiel, ce qui est attendu, c’est l’annonce du départ
et l’abandon de ce projet scandaleux de quatrième mandat prolongé qui va à
l’encontre de cette pauvre Constitution qui ne cesse d’être piétinée. De son
côté, le vice-premier ministre s’en va faire un tour à Moscou et obtient de ses
interlocuteurs qu’ils mettent en garde contre une déstabilisation de l’Algérie.
La ficelle est grosse mais, sait-on jamais, des admirateurs de Vladimir Poutine,
et il y en a chez nous (hélas…), pourraient se dire que puisque les Russes le
disent, c’est donc vrai. L’histoire retiendra que c’est un représentant du
pouvoir qui, le premier, a sollicité une ingérence étrangère dans une affaire
algéro-algérienne.
La tactique est connue : endormir les
uns, faire peur aux autres en attendant les deux autres axes d’une stratégie
éprouvée sous d’autres latitudes : provoquer et réprimer. Tant de mauvaise foi,
tant de désinvolture à l’égard de la volonté populaire n’est pas chose
innocente. Il s’agit d’éprouver la patience des Algériens, de faire remonter à
la surface cette colère sourde que l’on sent parfois pointer dans les
déclarations des gens et que le pouvoir aimerait bien voir se transformer en
torrent dévastateur. Un dicton algérien dit E’ssamet
yerbah el qbih. Difficilement traduisible, il indique que le ssamet, celui qui ne lâche rien, le
fâcheux qui insiste, y compris lourdement, autrement dit l’opiniâtre zélé, le
collant, le ssamet donc, l’emporte
toujours sur le qbih, le vilain, le
moche, le méchant, l’insupportable. Ce que cherche le pouvoir, c’est à
transformer le peuple algérien en qbih.
Voilà le piège.
Ce qui me frappe depuis le 22 février dernier,
date historique s’il en est, c’est la persistance de cette morgue dont ont
toujours fait preuve nos dirigeants quand ils s’adressent au peuple. Je
n’oublierai jamais le discours télévisé de Chadli Bendjedid après la tuerie
d’Octobre 1988. Le cynisme et le mépris furent tels que les services furent
obligés de répandre la rumeur qu’il aurait eu du mal à s’exprimer en raison de
sanglots lui nouant la gorge. Festi… Du
pipeau. Et là ça continue. On flatte le peuple, on le félicite comme on le
ferait avec un sale garnement parce qu’il se comporte bien pendant les
manifestations mais on s’empresse de lui faire comprendre qu’il ne faut pas
dépasser certaines lignes, qu’il est des choses qu’il serait incapable de
comprendre.
La patience des Algériens est admirable. Voilà
un peuple qui a toutes les raisons de tout arracher, de tout casser. Que de
mensonges, que de trahisons, que de promesses jamais tenues. Feu Kateb Yacine
disait avec colère et amertume que le peuple algérien « marche avec un couteau dans le dos depuis l’indépendance ».
Aujourd’hui, il marche encore en gardant son calme et sa raison. Silmiya : pacifique. On définit
souvent l’Algérie par cette phrase lapidaire : Un pays riche mais un
peuple pauvre. Il y a une autre définition qui s’impose désormais : un
peuple qui vaut bien mieux que ceux qui le dirigent.
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jeudi 14 mars 2019
À propos d'Abdelaziz Bouteflika et des « décideurs » algériens
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« Pourquoi le système a-t-il favorisé l'élection de
Bouteflika en 1999 ? Comment un homme aussi peu compétent que « Boutef »
a-t-il pu abuser aussi facilement le pouvoir ?
Les réponses apportées par de multiples décideurs, dont le général Nezzar, ne
sont pas satisfaisantes. Ces derniers s’exonèrent un peu trop facilement et
laissent entendre que Bouteflika est une incongruité et qu’il ne saurait être
représentatif des hommes qui font le système algérien. Dans n’importe quelle
multinationale, un mauvais recrutement retombe toujours sur celui qui en est à
l’origine ; faire une « erreur de casting » est assimilable à
une faute de gestion et à une preuve d’incompétence. En faisant appel à
Bouteflika, les décideurs n’ont pas été abusés ni trompés. En réalité, ils ont
simplement choisi un homme à leur image, aussi incompétent et aussi peu apte à
diriger un pays qu’eux-mêmes. »
Akram Belkaïd
in Un Regard Calme en Algérie (Seuil, 2005)
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La chronique du blédard : Algérie, la féodalité contre le peuple
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Le Quotidien d’Oran, jeudi 14 mars 2019
Akram Belkaïd, Paris
La bonne nouvelle de cette semaine en Algérie, car il y en a
tout de même une au-delà des manœuvres dilatoires du pouvoir, c’est qu’il n’y
aura pas d’élection pour un cinquième mandat. Nous allons donc échapper au
cirque humiliant qu’aurait constitué un tel scrutin. Vous imaginez le
décor : Des « meetings » sans le principal concerné mais en
présence de son image encadrée, une poignée de courtisans multipliant les
génuflexions et les chants flagorneurs sans oublier une assistance survoltée
par la perspective d’avaler le sandwich cachir-mayonnaise offert aux frais du
contribuable. Pour le reste…
L’Histoire est en train de se dérouler sous nos yeux. Depuis
l’indépendance, jamais peut-être ce pays n’a été aussi près de s’affranchir de
la gangue qui l’enserre. Quand naît un tel élan populaire, le bon sens, la
raison, la volonté de se préserver et de préserver sa descendance, commandent
d’écouter ses revendications et d’y répondre. Cela ne signifie pas qu’il faille
tout céder mais qu’il s’agit au moins d’entamer un processus fait de retraits,
de concessions réelles et de négociations.
Une transition est un processus complexe et jamais unique.
Mais une chose est certaine, elle ne peut être menée par le seul régime. La
prolongation de facto du quatrième
mandat du président Abdelaziz Bouteflika, ce « glissement » comme on
l’a appelé en République démocratique du Congo (RDC) lorsque Joseph Kabila a
fait exactement la même chose en 2016 – est tout sauf le début d’une
transition. C’est une manœuvre tactique qui peut déboucher sur n’importe quelle
issue. Les termes de sa seconde lettre (en attendant la prochaine) sont
suffisamment vagues pour offrir de multiples perspectives au régime.
Il faut bien comprendre que tout est possible. Le mandat
« 4+ » peut tellement glisser qu’il peut tendre vers le
« 5 ». De même, la « conférence nationale inclusive »
(expression qui confesse l’existence, jusqu’à présent, d’une exclusion) risque
fort de ne rien donner. Il y aura des blablas, des discours interminables qui
finiront par ennuyer tout le monde et dont le premier impact sera de dégoûter de
la politique cette jeunesse qui défile en ce moment. Ce sera alors le bon moment pour qu’une
nouvelle figure du système prenne le relais. C’est de cela que beaucoup de gens
ont conscience.
« Je ne cesse pas de me demander pourquoi les
dirigeants des pays arabes continuent de prendre leurs peuples pour des crétins. »
C’est la question posée par un internaute via le réseau Twitter. Cette question
est fondamentale car ce qui caractérise nos dirigeants depuis si longtemps,
c’est leur mépris profond pour le peuple, pour celles et ceux qui
n’appartiennent pas au cercle fermé qu’eux et leurs pairs composent. A
l’indépendance, l’idée républicaine coulait de source dans les cercles du jeune
pouvoir algérien même si les langues se délient aujourd’hui et disent que
nombre de membres du Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA)
ou de l’état-major n’avaient, en réalité, aucune empathie pour le population
exposée à la violence d’une terrible guerre.
Au fil du temps, la réalité du pouvoir algérien s’est
transformée mais c’est Abdelaziz Bouteflika qui lui a donné ses contours définitifs :
ceux d’une « djoumloukiya » : une « répubnarchie », un
système mutant, déprédateur, fait de concentration excessive des pouvoirs et,
par conséquent, de l’absence de contre-pouvoirs réels. Quand on voit la manière
dont le Conseil constitutionnel a failli à sa mission au cours des dernières
semaines, quand on écoute les débats à l’Assemblée ou à la chambre haute, on ne
peut que réaliser que le pays est une féodalité qui se cache à peine derrière
des apparats pseudo-républicains et égalitaires.
Les Algériennes et les Algériens qui manifestent en ce
moment disent simplement qu’il est temps pour eux d’avoir voix au chapitre.
J’avoue être agréablement surpris par la qualité des interventions que je peux
happer ici et là. Qu’il s’agisse des échanges entre artistes, des forums
improvisés ou des papiers relayés par la Toile, tout cela traduit une richesse et
une maturité qui ne demandent qu’à être exploitées. Il faut souhaiter que cela
sera le cas.
L’inquiétant dans l’affaire, c’est que l’on sent bien
qu’avec son cynisme habituel, le pouvoir est tenté une nouvelle fois de chercher
noise pour cogner en retour. La deuxième lettre du président a provoqué la
colère de nombre d’Algériens. Le piège, immense, serait que cette ire prenne le
pas sur le caractère pacifique et civique des manifestations. Cela donnerait
des justifications pour réprimer les protestataires, pour crier au complot et
appeler à la préservation de la patrie. Bref, les habituels slogans destinés à
maintenir le statu quo.
Mais, quand bien même les Algériens viendraient à perdre
patience et à s’exprimer plus durement dans la rue, cela ne doit pas nous faire
oublier que ce serait le résultat immédiat de la sinistre farce à laquelle nous
assistons depuis plusieurs semaines. On dirait que tout est fait pour humilier la
population et l’obliger à réagir vigoureusement pour mieux la bastonner. Si
cela devait arriver, le coupable est connu et il ne pourra pas se cacher
derrière sa logorrhée chauvine. Il n’est pas question de laisser se reproduire
les drames du passé.
Que la paix accompagne les pas des marcheuses et des
marcheurs de ce vendredi 15 mars. Que leur voix soit entendue et que l’Algérie
soit enfin débarrassée d’un régime qui après l’avoir menée à l’échec semble
prêt à l’entraîner dans l’abime.
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jeudi 7 mars 2019
La chronique du blédard : Aux « décideurs » : le changement est la seule issue souhaitable
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Le Quotidien d’Oran, jeudi 7 mars 2019
Akram Belkaïd, Paris
Les moments où l’Histoire s’accélère sont rares. C’est ce
que vivent aujourd’hui l’Algérie et son peuple. Voilà l’instant que l’on
attendait depuis si longtemps, celui qui brave nos peurs, nos réticences et nos
scrupules. Depuis l’indépendance, les aspirations à l’État de droit et à
l’accès aux libertés fondamentales ont toujours été balayées par les dirigeants
et les événements. Ni Ahmed Ben Bella ni Houari Boumediene n’ont accepté l’idée
d’une émancipation de la population par le biais d’une ouverture politique. Chadli
Bendjedid n’a entériné la fin du règne du parti unique que parce que le sang
des victimes d’Octobre l’exigeait. Mais la transition née du premier printemps
démocratique était viciée dès le départ.
Il aurait fallu que Chadli et ses pairs s’en aillent tout de suite mais
l’on ne refait pas l’histoire. Pour ce qui est de la suite, il est inutile ici
de rappeler ce qu’a représenté la décennie noire comme forces d’empêchements et
comme corset de violences infligées à la population.
A bien y regarder, si l’on analyse les vingt années qui
viennent de passer, on se dit qu’il fallait peut-être du temps pour que la
société algérienne se reprenne, pour qu’elle se remette (un peu) sur pied et
qu’elle dise enfin haut et clair au système ce qu’elle a toujours pensé de lui.
Un ami marocain, en exil précoce pour échapper aux tracasseries permanentes de
la part des autorités de son pays et des nervis qui les servent, m’a dit un
jour qu’il a longtemps pensé que la seule manière pour lui de survivre était
d’éviter de trop souvent croiser les yeux du Makhzen. Ce n’est que récemment,
avec les événements du Rif dont il est originaire, qu’il a jugé qu’il avait eu
tort. Effectivement, il faut soutenir le regard de l’oppresseur, c’est la seule
manière de lui faire comprendre que c’en est assez. La vie, ses contingences,
ses exigences, ont fait que des centaines de milliers d’Algériens ont évité de
croiser le regard du pouvoir algérien. Les bonnes raisons ne manquaient pas. La
SM, le DRS, la DGSN, le parti… Il fallait attendre. Attendre de bâtir le pays,
attendre de lui donner des institutions, attendre le congrès du FLN, attendre
la démocratisation, attendre le retour à la paix civile, attendre le pardon,
attendre le développement, attendre le énième mandat…
En marchant dans les rues, de manière pacifique et civile,
les Algériennes et les Algériens ont clairement regardé le pouvoir dans les
yeux. Leur message est clair et dénué de toute ambiguïté : C’est non à un
cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Mais ce n’est pas que ça. C’est aussi
un non au système, à la manière dont l’Algérie a été dirigée et gérée depuis
des décennies. Un des slogans repéré dans les cortèges est « khams
3achriyat barakat ». Cinq décennies, ça suffit. Et il y a autre
chose : tous ces drapeaux sortis pour une occasion autre qu’une victoire après
un match de football, c’est l’amour clamé, assumé, pour un pays tant de fois
malmené. C’est l’esquisse d’une capacité à vivre ensemble un instant de
communion lié à des enjeux politiques graves et non pas à une quelconque
occasion festive.
Les foules disciplinées, civiques et gaies qui marchent, qui
continueront de marcher, ne sont pas « égarées ». Elles ne sont ni
crétines ni naïves. Elles ne sont pas le
jouet de « parties » qui conspireraient matin, midi, soir et after à
déstabiliser l’Algérie. Il y a chez elles de la maturité et la volonté de
préserver intacts les murs même s’il s’agit d’en chasser les propriétaires
autoproclamés. Bien sûr, les choses risquent de mal tourner, mais il n’y aura
alors aucun maquillage possible. Les responsables seront ceux qui ordonneront
d’ouvrir le feu pas celles et ceux qui marchent.
En Octobre 1988, l’Armée nationale populaire (ANP) a fait le
sale boulot en tirant à balles réelles sur la jeunesse. Effrayée par le
désordre et le saut dans l’inconnu, une grande partie de la société a
tacitement passé l’éponge sur ce séisme et cela d’autant plus facilement que
l’ouverture démocratique, du moins supposée telle, a immédiatement suivi. En
janvier 1992, l’intervention de l’armée pour interrompre le processus électoral
et annuler la victoire annoncée du Front islamique du salut (FIS) a bénéficié de
l’appui d’une importante partie de l’intelligentsia mais aussi de la société
algérienne effrayée à l’idée de voir les « barbus » prendre le pouvoir.
Durant les années 1990, l’armée, au premier plan des affrontements armés, a, là
aussi, pu compter sur le soutien de nombreux Algériens.
Mais aujourd’hui ? Qui défend un cinquième mandat
d’Abdelaziz Bouteflika ? Personne, exception faite de ses obligés et
autres mangeurs de cachir. Qui veut le statu quo ? Personne si ce n’est
celles et ceux qui en tirent profit. En clair, recourir à la violence contre
les protestataires ne pourra se fonder sur aucune justification politique,
stratégique, éthique ou morale. Le monde entier observe l’Algérie et sait que
la population veut que les choses changent vite (et pas après une
« conférence inclusive ») et qu’elle s’exprime de manière pacifique.
Toute violence exercée de manière directe ou indirecte contre les marcheurs ne
pourra être ni camouflée ni justifiée. Et, même si elle ne joue qu’un rôle
modeste dans ces grands bouleversements annoncés, la diaspora veillera à ce que
cela l’affaire prenne l’importance qu’elle mérite.
Les « décideurs » comme les appelait feu Mohamed
Boudiaf doivent écouter le peuple et son exigence de changement immédiat. C’est
la seule issue acceptable. C’est celle qu’il faut espérer pour l’Algérie.
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