Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mardi 8 juillet 2014

L'écrivain sud-africain Mark Behr à propos de Nelson Mandela

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Mark Behr est un écrivain sud-africain (il écrit en anglais et en afrikaner). Il a été soldat et a combattu en Angola.

 
- « Si Nelson Mandela était considéré comme un terroriste par l’Afrique du Sud blanche, d’autres en faisaient autant. Trois ans avant sa libération, après vingt-sept années d’enfermement, Margaret Thatcher, première ministre britannique, parlait encore de l’ANC, dont il était le leader comme d’un ‘’exemple typique d’organisation terroriste’’.  (…)
- Maintenant que le nom de Mandela est universellement célébré, il est gênant de se rappeler que, il y a peu, c’était nous, les gens prétendument civilisés, qui utilisions ce langage pour justifier notre politique et nos guerres ; nous, dont les privilèges, le silence et les actes ont maintenu des gens comme Nelson Mandela en prison, et la majorité des Noirs d’Afrique en situation d’infériorité et de servitude légale. Nous étions des racistes. C’était même sans doute nous, les Blancs – moi compris – les vrais terroristes. (…)
- Sa [Nelson Mandela] volonté d’humaniser l’adversaire et tous ceux qui s’opposaient encore à l’égalité raciale et à la démocratie a changé la nature du discours politique à tout jamais. (…)
- Par ses paroles et ses actes, Nelson Mandela suggère que l’imagination et la responsabilité morale sont au cœur de toute démarche vertueuse. Chez Nelson Mandela, comme chaque jour dans ce pays, nous avons assisté à une libération du potentiel humain sous des formes qui obligent à se demander, parfois avec remords, honte et un sentiment nouveau de responsabilité, ce qu’aurait pu être l’Afrique du Sud – et le monde aussi, d’ailleurs – si l’on n’avait pas laissé le fléau du racisme souiller l’histoire de l’humanité pendant cinq siècles.
- La démocratie ne peut s’épanouir qu’au sein de civilisations ne fuyant pas le dialogue : un dialogue ancré dans le présent, mais qui cherche néanmoins à saisir les rapports entre passé et présent. (…)
- Nelson Mandela nous lègue la certitude que, sans cette forme d’empathie absolue – cet effort d’imagination pour se mettre à la place des autres, les marginaux, les pauvres, ceux qui n’ont toujours pas voix au chapitre, qui possèdent le moins -, il ne pourra y avoir aucun changement personnel, social ou politique, et, à coup sûr, aucune justice.

In Le Monde, 8 décembre 2013 (traduction de l’anglais par France Camus-Pichon)
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