Le Quotidien d'Oran, mercredi 5 juin 2013
Akram Belkaïd, Paris
Comment entériner
et relativiser l’échec d’un programme de développement ? La réponse est
simple : en en lançant un nouveau avec des objectifs plus ambitieux de
façon à faire oublier que les précédents n’ont pas été atteints... C’est ce qui
se passe avec les fameux objectifs dits du Millénaire (ODM) en matière de
réduction de la pauvreté et dont le bilan sera établi en 2015. On sait d’ores
et déjà que ce dernier sera négatif même si 500 millions de personnes dans le
monde ont quitté la catégorie de la pauvreté extrême pour ne pas dire de la
misère. Une catégorie définie souvent par un revenu quotidien inférieur à 1,25
dollars. Pour autant, il reste près de 2 milliards d’êtres humains pauvres qui
restent à l’écart du développement et dont plus des deux tiers ne font qu’un
seul repas par jour.
Une
nouvelle feuille de route
Dans le détail, ce
document auquel ont contribué la reine Rania de Jordanie, l'épouse de Nelson
Mandela Graça Machel, ou l'ex-directeur général de l'Agence française de développement
Jean-Michel Severino, propose de définir 12 priorités pour le développement.
Outre la lutte contre la pauvreté, il prévoit la mise en place de stratégies
pour l’égalité homme-femme, pour le développement de l’éducation, notamment
chez les enfants, pour la santé, la sécurité alimentaire et l’accès universel à
l’eau.
Fidèle aux
préconisations des scientifiques en matière de lutte contre le réchauffement
climatique, la feuille de route propose aussi le doublement de la part de
l’énergie renouvelable dans le système énergétique mondial. De même, les pays
riches sont appelés à consacrer 0,7% de leur Produit national brut (PNB) à
l’aide au développement dont 0,15% à 0,20% seraient destinés aux pays les plus
pauvres. A ce jour, il faut noter que rares sont les pays riches qui respectent
ce taux de 0,7% cela d’autant que la crise économique de 2008 et ses
conséquences ont poussé la majorité d’entre eux à réduire leur aide de manière
plus ou moins assumée.
Une petite avancée
A lire le document
en question, on peut penser que les mêmes vœux pieux continuent à être énoncés
à propos du développement comme celui qui consiste – quelle trouvaille - à
appeler à la réduction des conflits afin d’améliorer le bien-être des
populations. Mais, dans le même temps, il faut tout de même relever que le
rapport écrit noir sur blanc qu’il est nécessaire de lutter contre les flux
illicites de capitaux et la fraude fiscale. Certes, ce n’est pas une mise en
accusation directe des firmes transnationales dont le rôle en matière de frein
au développement et de destruction de l’environnement n’est toujours pas
reconnu par l’ONU. Mais, en pointant du doigt la fraude fiscale, activité dans
laquelle les multinationales excellent, les experts ayant rédigé le rapport
osent une critique implicite bienvenue. Il reste désormais à espérer que le
plan 2015-2030 sera plus efficace que son prédécesseur.
_
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire