Le Quotidien d'Oran, mercredi 28 mai 2013
Akram Belkaïd, Paris
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) aura donc un nouveau Directeur général à partir du 1er septembre prochain. Il s’agit du brésilien Roberto Azevedo, élu à ce poste au début du mois de mai. La mission de celui qui succède au français Pascal Lamy est d’ores et déjà connue. Réduire les mesures protectionnistes dans le monde et, de façon plus générale, relancer le processus de libéralisation du commerce mondial qui stagne depuis la Conférence de Doha en 2001.
Protectionnisme et cycle de Doha
Avec la crise de 2008, de nombreux pays ont mis en place des mesures de protection de leurs économies ce qui a ralenti les échanges commerciaux mondiaux. Hausse temporaire des droits de douane, restriction aux exportations et aux importations, taxation accrue des investissements étrangers jugés spéculatifs, mise en place de règlementations restrictives en matière d’ouverture du capital des entreprises nationales aux opérateurs étrangers : selon l’OMC, 20% de ces mesures ont d’ores et déjà été retirées. Roberto Azevedo aura donc la charge de faire éliminer ou de réduire les 80% restants. Une mission qui n’est pas jouée d’avance puisque la crise subsiste dans de nombreux pays et que, partout, montent de partout les tentations protectionnistes. Pour convaincre des bienfaits de l’ouverture, l’OMC rappelle que ce processus de fermeture et de repli sur soi a conduit à plusieurs guerres, économiques ou militaires, durant le XX° siècle. Un argument de taille mais il n’est pas dit qu’il suffira à changer la donner.
Mais si le nouveau patron de l’OMC devrait arriver à des résultats concrets dans sa lutte contre le protectionnisme, il est une autre mission où il aura beaucoup de mal. On l’aura compris, il s’agit de la relance du cycle de Doha, en panne depuis douze ans en raison de fortes divergences entre plusieurs géants commerciaux. Parmi les motifs de discorde on peut citer les subventions agricoles (notamment en Europe et aux Etats-Unis), les entraves à la libéralisation des services (pays émergents) cela sans oublier toute une palette de mesures protectionnistes déguisées. Réaliste, Roberto Azevedo s’est dit « pessimiste » tout en assurant qu’il fera tout pour que la Conférence ministérielle de Bali prévue pour le moins de décembre prochain soit un succès.
L’exemple par la Suisse
Mais, à dire vrai, personne ne croit que l’OMC va réussir à clore le cycle de Doha. Du coup, les pays dont l’économie dépend fortement des échanges commerciaux se sont engagés dans une approche privilégiant les accords bilatéraux. C’est le cas de la Suisse dont les autorités viennent d’annoncer leur volonté de mettre à jour et d’étendre les 27 accords de libre-échange (ALE) déjà conclus par le passé, le plus ancien étant celui scellé en 1973 avec l’Union européenne. Dans ces négociations avec la Turquie, le Canada, la Corée du Sud, Singapour et le Mexique, Berne veut inclure les services, les contrats publics, les investissements directs, le développement durable et la facilitation du commerce. De même, la Suisse négocie-t-elle aussi de nouveaux ALE avec l’Inde, la Russie, le Vietnam, l’Indonésie et la Chine, un accord devant même être signé avec cette dernière en juillet prochain (ce qui ne manquera pas d’avoir un retentissement certain en Europe). Cette démarche bilatérale de la Suisse se retrouve dans d’autres pays et signifie que le processus de Doha n’est guère plus d’actualité.
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