A lire nombre de réactions d’internautes algériens, mais
aussi tunisiens, on se rend compte que le Qatar ne laisse personne indifférent.
Ainsi, des centaines de messages fustigent-ils la transmission du pouvoir entre
l’émir et son fils, une transmission pacifique qu’ils qualifient avec virulence
de parodie démocratique.
De même, les observateurs et analystes qui saluent cet
événement, ne serait-ce que parce qu’il est d’une rareté absolue dans un monde
arabe habitué aux coups d’Etat sanglant et aux longues agonies des zaïm, sont accusés d’avoir
été achetés et arrosés par la manne gazière de l’émirat. Rien de moins !
Le moindre commentaire nuancé, voire positif, sur cet événement est qualifié de
traîtrise et de prostitution.
Fatigue… Car, disons-le, il y a beaucoup de suffisance et d'arrogance dans ces réactions. C'est un peu l'hôpital qui se moque de la charité. Ou alors c'est celui qui a le derrière à l'air qui se moque de celui qui n'a pas de chaussures...
Entendons-nous bien. Il ne s’agit pas de défendre le
Qatar ou de prétendre que cette monarchie est soudainement devenue une démocratie.
Rappelons donc (liste non exhaustive) que les partis politiques y sont interdits, qu’on n’y vote guère
et qu’un poète y est actuellement emprisonné pour avoir chanté les louanges du
Printemps arabe.
Mais, convenons tout de même que ce qui vient de s’y passer
est intéressant. C’est la première fois depuis au moins deux décennies,
qu’un monarque de la région est remplacé de son vivant et sans qu’il ne s’agisse
d’un coup d’Etat. Certes, ce n’est pas une élection. Certes, on peut se
demander quel est le rôle de l’administration Obama derrière ce passage de
témoin annoncé depuis plusieurs semaines. Mais tout de même ! Quel pays
arabe peut s’enorgueillir d’avoir vécu une transition aussi pacifique ?
Il n’est donc pas interdit de critiquer le Qatar (et l’auteur
de ce blog ne s’en prive pas). Mais, il faut tout même savoir balayer devant sa
porte. Les Algériens ont vu le président Boudiaf se faire assassiner sans
réagir. Ils ont accepté trois mandats de Bouteflika sans réagir. Ils ont
gobé une révision constitutionnelle qui lui offrait des présidences à
répétition sans réagir. Ils se préparaient à avaler un quatrième mandat sans
réagir. Pire encore, et sans un certain avc, il est même possible qu’ils
auraient dû se préparer par la suite à voir le frère succéder au frère, à l’image
de ce qui se passe en Arabie Saoudite.
Alors, comme on dit chez nous : chouia… Un peu de retenue dans le
persiflage ne fera de mal à personne surtout quand on est dans une situation qui n'est guère plus glorieuse que celle des monarchies absolues du Golfe…
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