Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mercredi 21 décembre 2011

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La chronique foot (2): Le football français est ennuyeux  

 
Il paraît que David Beckham arrive au Paris Saint-Germain (PSG). Voilà une information qui, si elle est confirmée, va donner un peu d’intérêt au championnat de football français. Bien entendu, on peut se demander si l’arrivée du Spice Boy va servir à quelque chose sachant que l’ancienne vedette de Manchester United et du Real de Madrid est plutôt proche de la retraite sportive. Peut-être servira-t-il, comme cela se dit ici et là, à vendre quelques maillots floqués et d’autres babioles à son effigie. On espère toutefois le voir de temps à autre sur le terrain, car même vieilli, Beckham saura certainement donner un peu de passion à un football français qui en a bien besoin.

Disons-le sans précaution aucune. Le championnat de France de football est d’un ennui total. Regarder un match de Ligue 1, c’est être sûr de perdre son temps. Rien à voir avec la Ligua espagnole et encore moins avec le championnat anglais, et je ne parle pas uniquement des matchs vedette. C’est un fait, mieux vaux assister à un Newcastle – Wolverhampton  qu’à un PSG-Lille ou même à un OM-Lyon. Il y a bien longtemps que le foot français est devenu routinier et sans surprise. La faute à qui ? Aux joueurs, affirment nombre de mes confrères. Je n’en suis pas si sûr. Si problème il y a, il faut le chercher du côté des dirigeants et des entraîneurs qui ont oublié ce que l’expression « beau jeu » veut dire.
Il fut un temps où des équipes comme le FC Nantes ou encore l’AJ Auxerre offraient du beau spectacle et ravissaient à la fois leurs supporteurs et l’observateur neutre. Aujourd’hui, on est bien en peine de citer une équipe de Ligue 1 ayant consacré l’offensive comme philosophie de jeu. Le foot français, c’est l’interdiction de la fantaisie ou du beau geste. C’est la prohibition du drible et la consécration du dégagement vers l’avant. Voici ce qu’a déclaré à ce sujet le Marseillais Alou Diarra au mensuel So Foot. «Moi, aujourd’hui, quand je récupère un ballon, je dois tout de suite faire la passe. On m’a fait un lavage de cerveau. On m’a dit: ‘tu récupères, tu passes.’ Donc je récupère et je passe (…) On m’a formaté ! Moi, je voudrais bien jouer [au] football olé olé, mais ce n’est pas possible. Le football, ce n’est plus du plaisir. C’est du business. On nous formate à faire des choses pour prendre le minimum de risques. Surtout à des postes importants. Moi, j’ai un poste important où je ne peux pas tenter n’importe quoi, n’importe quand. Ce n’est pas par hasard qu’on met moins de buts en France que dans d’autres championnats, hein ! (…) En France, on pense à ne pas perdre avant de penser à gagner. »

Penser à ne pas perdre avant d’essayer de gagner… Voilà pourquoi l’on s’emm… en regardant les matchs de Ligue 1. Voilà pourquoi un Pastore va décliner. Voilà pourquoi faire appel à Beckham ne servira à rien si ce n’est à contenter l’appétit bling-bling des qataris qui possèdent le PSG. Voilà pourquoi même un joueur comme Messi serait malheureux dans le championnat français. Son entraîneur, un ancien défenseur ou milieu défensivo-destructeur (du style de Deschamps), lui imposerait de ne pas sortir d’une zone bien délimitée et donc de ne jamais dézoner et de ne jamais rien tenter en dehors des consignes (défensives et très sérieuses) d’avant-match. Dans le pays des Guillou, Platini, Giresse, Tigana et autres Cantona, cela montre bien la régression du football français…

Akram Belkaïd
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