Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

jeudi 26 octobre 2017

La chronique du blédard : De la diplomatie, de l’Algérie et du Maghreb

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Le Quotidien d’Oran, jeudi 26 octobre 2017
Akram Belkaïd, Paris

Dans la structure complexe, et parfois opaque, des institutions algériennes, la diplomatie occupe depuis longtemps une place à part et, pouvait-on dire jusqu’il y a peu, une place de choix. Déjà, durant la Guerre d’indépendance, ce fut l’un des principaux moteurs de la Révolution, peut-être même le plus efficace en raison de sa capacité à internationaliser la cause algérienne et à mobiliser des soutiens conséquents sur tous les continents. Par la suite, elle fut à la hauteur de l’ambition de faire de l’Algérie un acteur autonome et singulier sur la scène internationale. Au-delà de ses compétences, ce corps de métier avait l’obsession de se distancier à tout prix des passions populaires et de veiller à véhiculer la meilleure image possible du pays. Une volonté, parfois exagérée, de garder la tête froide dans les moments les plus chauds et, surtout, de ne pas céder à notre inclinaison berbéro-arabo-méditerranéenne (l’Afrique subsaharienne, elle n’a rien à voir avec cela) de donner libre-cours à un tempérament impétueux où l’invective et le gnon prennent le pas sur la raison et le dialogue.

Autrement dit, ce qui a longtemps caractérisé cette diplomatie, c’est une retenue, certes parfois sourcilleuse mais toujours sobre. Un souci évident de faire sérieux, sévère, limite revêche, et d’être toujours prompt à chapitrer l’agité qui userait d’un langage trop direct ou susceptible de paraître inconvenant. Cette ligne de conduite a façonné la fameuse période d’âge d’or de la diplomatie algérienne (1962-1981 *) auquel les temps actuels, et ce qu’ils génèrent comme accablement et nostalgie pour un passé magnifié, ne cessent de nous renvoyer.

Il est vrai que lorsqu’on agit pour faire du pays l’un des leaders du tiers-monde ou que l’on promeut un nouvel ordre économique international, on peut user d’une « diplomatie à arêtes vives » mais l’on ne s’abaisse pas à insulter telle ou telle nation. Reste que les temps changent, les ambitions internationales de l’Algérie ont été révisées à leur niveau le plus insignifiant et s’en prendre de manière triviale à nos voisins est ce que vient de commettre Abdelkader Messahel, le ministre des Affaires étrangères. Prenant la parole lors de l’université d’été du Forum des chefs d’entreprises (on est prié de réprimer tout sourire), ce responsable s’est livré à quelques malencontreuses divagations à propos de l’Egypte, la Libye, la Tunisie et, bien entendu, le Maroc accusé, entre autres, de blanchir, via ses banques, l’argent du haschisch en Afrique.

Voilà donc où nous en sommes… La construction maghrébine est déjà bien mal en point, utopique disent même certains, mais cela ne semble pas être assez. Pour occuper les deux peuples et les distraire des vrais problèmes politiques et économiques, faut-il provoquer un conflit entre l’Algérie et le Maroc ? Car tous les ingrédients sont réunis depuis longtemps mais l’on pensait que la retenue diplomatique jouerait le rôle de pare-feu. De part et d’autre de la frontière, il y a des pyromanes qui adorent jeter de l’huile sur le feu (on notera, que cette fois, ce n’est pas un obscur nervi du Makhzen qui décroche la palme du propos inconsidéré). Comme partout dans le monde, les réseaux sociaux sont devenus de formidables caisses de résonnance pour celles et ceux qui véhiculent les pires discours de division. Et contrairement à ce qui peut s’écrire ou se dire, le contentieux du Sahara n’explique pas tout.

Au fil des années, les jeunesses algérienne et marocaine ont été peu à peu conditionnées à se détester, à se défier. On ne leur sert que l’affrontement comme perspective. D’habitude, le football sert de catalyseur à ces mauvaises passions mais, dans le cas présent et pour ce qui concerne l’Algérie, le wanetoutrisme fait très bien son boulot. Ce nationalisme mortifère enlève toute lucidité et désigne à la vindicte populaire toute personne appelant à la retenue à l’intelligence et, osons ce mot galvaudé, à la fraternité.

Algériens et Marocains peuvent perdre leur temps en mettant en exergue les tares de l’autre. Chacun peut aussi faire preuve de mauvaise foi en réfutant les (rares) réussites du voisin. Ainsi, que M. Messahel le veuille ou non, les banques marocaines ont un degré de professionnalisme et de technicité inexistant en Algérie. Et il est vrai que l’Afrique subsaharienne est un terrain de croissance pour nombre d’entreprises du royaume, on pense notamment aux télécoms et à l’immobilier. De même, TangerMed n’est pas une simple zone-franche où quelques Marocains trouvent un emploi. C’est un beau pari industriel et logistique ou, du moins, c’est une tentative concrète de penser une politique économique de développement régional à l’aune du XXIème siècle.

Mais, à dire vrai, faire un tableau comparatif entre les deux pays n’est guère utile. Car si l’on prend un peu de hauteur, la bisbille algéro-marocaine ressemble surtout à une rivalité entre cancres. Sur les réseaux sociaux, il a été beaucoup été question du classement « Doing business » de la Banque mondiale où les trois pays maghrébins sont en queue de classement, l’Algérie étant le pays le moins bien noté. Oublions cette classification d’essence néolibérale et intéressons-nous à d’autres considérations. Prenons, par exemple, le classement de 2016 en fonction de l’Indice de développement humain (Idh). Cet indicateur conçu par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) est basé sur trois éléments principaux : l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’éducation et le niveau de vie. Là aussi, en 2016, comme pour les éditions précédentes, l’Algérie (83°) comme le Maroc (123°) (ou la Tunisie, 97°) ne brillent guère. Dès lors, on comprend, si besoin est, que c’est la nécessité de faire oublier cet échec, cette incapacité à améliorer la vie des Algériens (ou des Marocains) qui explique maintes manœuvres dilatoires et chauvines.



(*) Ardavan Amir-Aslani, « L’Âge d’or de la diplomatie algérienne », Editions du moment, Paris, septembre 2015, 237 pages, 19,95 euros.
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La chronique économique : La Chine et ses « talents » étrangers

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Le Quotidien d’Oran, mercredi 25 octobre 2017
Akram Belkaïd, Paris


Le Parti communiste chinois (PCC) a donc tenu son dix-neuvième congrès. A chaque fin de lustre, cet événement mobilise l’attention des observateurs internationaux qui attendent les signes d’une évolution politique ou, c’est plus souvent le cas sous la présidence de Xi Jinping, une réaffirmation du dogme du « socialisme chinois spécifique ». Autrement dit la poursuite d’une ouverture économique toujours d’inspiration libérale mais un rejet hermétique de toute ouverture politique.

Expertise importée

Ce fut encore le cas cette fois-ci. La Chine, a expliqué XI Jinping, entend continuer de jouer le jeu de la mondialisation et des échanges commerciaux. Mieux, elle promet de mieux ouvrir son marché intérieur aux entreprises étrangères. On le sait, Pékin est très critiqué pour son protectionnisme notamment en matière de défense des intérêts de ses entreprises publiques. Désormais, les autorités chinoises tiennent un discours économique à l’opposé de celui du président américain Donald Trump qui prône un retour à une plus grande régulation des échanges commerciaux.

Concernant la stratégie chinoise, on connaît le paradoxe qui alimente nombre de controverses. Sur le long terme, peut-on demeurer libéral sur le plan économique tout en cadenassant le champ politique avec une poigne d’acier ? En juillet dernier, la mort en prison de Liu Xiabo, le prix Nobel de la Paix 2010 a montré que le régime chinois n’entend rien céder aux dissidents alors qu’il fait assaut de séduction à l’égard des investisseurs étrangers. Même si le succès économique est au rendez-vous, on peut se dire que ce genre de stratégie ne dure qu’un temps et que si, d’aventure, la conjoncture se retourne, Pékin sera obligé de lâcher du lest pour assurer la pérennité du PCC. Mais cela fait trois décennies que ce genre de raisonnement est rabâché. Et rien ne change.

De fait, le verrouillage du champ politique sert même d’argument vis-à-vis des investisseurs étrangers qui, par exemple, trouvent en Chine un environnement où les syndicats officiels servent surtout à briser les grèves… Mais il y a plus important. De nombreux cadres internationaux confirmés n’hésitent plus à s’installer en Chine, attirés par le boom économique et les perspectives de carrière. Cela vaut aussi pour des étudiants étrangers pour lesquels un cursus en Chine est un avantage stratégique. Publié récemment, un rapport met en exergue le fait que le pays réalise une double performance (*).

La première, c’est qu’il attire des étudiants et des « talents » étrangers de tous les horizons, y compris des ressortissants américains. A ce sujet, aucun pays, hormis la Chine, n’a réussi la performance d’être à la fois un exportateur d’étudiants nationaux et un importateur d’expertises étrangères (lesquelles acceptent de travailler pour des entreprises locales). La seconde performance est la capacité à convaincre les nationaux partis étudier à l’étranger de rentrer chez eux pour y faire carrière.  Là aussi, rares sont les pays du Sud qui y arrivent.

Le prix du silence

Que penser de tout cela ? L’une des conclusions premières est que le fameux environnement des affaires, que l’on agite à bout de bras pour classer les pays selon leur attractivité, peut s’accommoder d’un régime autoritaire, pour ne pas dire dictatorial, si le reste est assuré. Le reste ? Des entreprises modernes ou en voie de modernisation, des universités reconnues et capables de concurrencer des établissements occidentaux, des marchés en croissance et, bien sûr, des rémunérations à la hauteur des ambitions de ces élites économiques. Mais la règle implicite est connue de tous. On travaille, on gagne (bien) sa vie mais on ne se mêle pas de politique. Si l’on est étranger, on tient sa langue. En Chine, plus qu’ailleurs, le silence et la soumission au pouvoir en place sont le prix du succès professionnel.


(*) « Rapport 2018 sur la mobilité mondiale de talents et la gestion de la richesse », Forbes et Wailan, Overseas Consulting Group.
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lundi 23 octobre 2017

La chronique du blédard : Désordre stratégique

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Le Quotidien d’Oran, jeudi 19 octobre 2017
Akram Belkaïd, Paris

Ce n’est pas une nouveauté. La situation internationale est marquée du sceau de l’incertitude ce qui n’est pas sans générer de l’inquiétude. Les problèmes globaux qui existaient il y a un an, c’est-à-dire avant l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, sont, non seulement persistants mais ils ont été aggravés par l’arrivée du milliardaire à la Maison-Blanche. Cela a pour conséquence d’empêcher que les grands de ce monde adoptent enfin une approche commune, fut-elle à minima. Nombre de politistes ont une formule pour désigner cet état de fait : il s’agit d’un « désordre stratégique » à grande échelle. Face à des problèmes récurrents, qu’ils ont parfois eux-mêmes créés, ces grandes puissances sont incapables de trouver une solution. Elles n’arrivent pas à mettre en place des stratégies efficaces.

La question de la prolifération nucléaire en est la bonne illustration. Au début des années 2010, les autorités iraniennes de l’époque ont fait le constat suivant : l’Irak de Saddam Hussein n’a pu être envahi en 2003 par les Etats Unis et leurs alliés que parce qu’il ne possédait pas d’armes de destruction massive (qu’on lui reprochait de dissimuler…). A l’inverse, la Corée du nord, a su poser un défi insurmontable à Washington mais aussi à ses voisins chinois, japonais et coréens du sud, en n’abandonnant jamais son programme nucléaire. On pensait que l’accord conclu en juillet 2015 entre les grandes puissances et Téhéran pour la suspension du programme civil iranien sonnerait le début d’une nouvelle phase. Cela devait montrer que les grands de ce monde pouvaient œuvrer pour la mise en place d’une solution pacifique et négociée susceptible d’empêcher que la tentation du nucléaire militaire se diffuse dans le monde. C’était sans compter avec la récente volonté américaine, mais aussi israélienne (permanente quant à elle), de torpiller cet accord.

Si les choses restent en l’état (Trump refuse de certifier l’accord) et que les Etats-Unis décident d’aller plus loin dans la dénonciation de ce qui a été conclu en 2015, il est évident que Téhéran relancera son programme, lequel, rappelons-le, demeure officiellement cantonné au nucléaire civil. Face à l’incertitude engendrée par le comportement erratique du président américain et l’attentisme électoral du Congrès (les élections de mi-mandat ont lieu dans un an, c’est-à-dire demain), le régime iranien peut décider que sa seule protection est d’imiter la Corée du nord. Un Iran avec la bombe ou sur le point de l’avoir sera plus difficilement attaquable. Et cela aura des conséquences pour toute la région. L’Egypte, La Turquie ou même les pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, seront tentés eux aussi d’entrer dans le cercle fermé des pays détenteurs de l’arme atomique. Certes, jusque-là, leur parrain américain les en dissuade. Mais avec Trump aux manettes, rien ne peut être exclu.

Il y a autre chose d’inquiétant en ce qui concerne l’arme nucléaire. Jusqu’à présent, le grand mot pour ses détenteurs (officiels et officieux) était la dissuasion. En gros, il s’agirait de ne l’utiliser qu’en cas de légitime défense face à une attaque atomique. Or, on assiste depuis plusieurs mois à des dérapages verbaux aux Etats-Unis comme en Russie mais aussi en Inde et au Pakistan. A chaque fois, des officiels laissent entendre que bombes ou missiles nucléaires sont susceptibles d’être utilisés lors de conflits conventionnels. On reparle ainsi de plus en plus de « frappes tactiques » et cela renvoie à un passé (la guerre froide) que l’on croyait définitivement révolu. La grande peur aujourd’hui est le dérapage ou l’incident armé qui créera un précédent. La situation est d’une telle gravité qu’elle exige que l’ONU s’empare de la question mais que peut faire cette organisation quand on sait que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (tous détenteurs de l’arme atomique) ont des approches différentes vis-à-vis de cette question.

La question du réchauffement climatique et de ses conséquences est un autre exemple du désarroi stratégique global. En août dernier, Donald Trump a adressé à l’ONU la notification du désengagement de son pays du traité international de lutte contre le réchauffement scellé lors de la COP21 (« Conferences of the Parties ») qui a eu lieu en décembre 2015 à Paris. Contrairement à ce que l’on peut lire ici et là, ce désengagement est un fait d’une grande gravité. Qu’est-ce qu’une stratégie de lutte globale contre le réchauffement climatique sans la présence du second pollueur mondial derrière la Chine ? Qui va convaincre d’autres pays récalcitrants (Brésil, Inde, monarchies du Golfe) de tenir leurs promesses en matière de réduction des gaz à effet de serre ? On est en train de découvrir que le réchauffement climatique n’est pas simplement la perspective d’événements météorologiques extrêmes (sécheresses, inondations, tempêtes) c’est aussi un facteur de guerre et de désordres qui appelle une réponse coordonnée laquelle semble désormais impossible à mettre en place.

On terminera par ce qui occupe l’attention de nombre d’entre-nous. La situation au Proche-Orient est une succession ininterrompue de conflits. Après la guerre civile syrienne marquée par l’intervention russo-iranienne sans oublier la guerre menée par la coalition internationale contre l’Organisation de l’Etat islamique (OEI), on se dirige vers une nouvelle phase. Les risques de conflit sont multiples : gouvernement irakien contre le Kurdistan autonome, Turquie contre le « Kurdistan » syrien (appelé aussi Rojava) sans oublier la persistance de la guerre entre Ankarra et le PKK. A cela s’ajoute la perspective d’une attaque militaire israélienne contre le Hezbollah voire, directement contre l’Iran. En un mot, l’incendie en cours peut se transformer en brasier encore plus violent. Mais les jours passent et tout laisse à penser qu’il existe un consensus général pour lâcher la bride aux événements.
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La chronique économique : Aramco, suite et pas fin…

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Le Quotidien d’Oran, mercredi 18 octobre 2017
Akram Belkaïd, Paris

La semaine dernière l’Arabie saoudite a annoncé une baisse de sa production de 560 000 barils par jour à partir du mois de novembre. Pour les observateurs, cela signifie que Riyad entend favoriser le prolongement de l’accord de limitation des pompages (1,8 million de barils par jour) conclu au sein de l’Organisateur des pays exportateurs de pétrole (Opep) en novembre 2016. La phase entamée en 2014 où l’Arabie saoudite entendait d’abord défendre ses parts de marché (au détriment des cours) est donc révolue. Avec une telle réduction, le royaume veut favoriser le retour du prix du baril dans une fourchette comprise entre 60 et 70 dollars en moyenne.

Convergence avec la Russie

Les déficits enregistrés par ce pays au cours de ces dernières années ne sont pas la seule explication de ce changement de stratégie. Riyad a un besoin urgent de fonds pour financer la diversification de son économie mais aussi pour continuer à la fois d’acheter la paix sociale et de poursuivre la guerre au Yémen. Il est évident qu’un baril à 60 dollars vaut mieux qu’un cours à 30 ou 40 dollars, niveaux où l’or noir serait certainement sans deux faits majeurs. D’abord, la réduction décidée en 2016 par l’Opep mais aussi la bonne entente entre l’Arabie saoudite et la Russie. Il est d’ailleurs intéressant de relever que les deux pays n’ont pas la même politique au Proche-Orient, Moscou soutenant le régime syrien de Bachar al-Assad tandis que Riyad continue de vouloir sa chute. Cela vaut aussi pour l’Iran, la Russie étant un proche partenaire de ce pays tandis que la « guerre froide » entre le royaume wahhabite et la République islamique est à l’origine de nombre de conflits dans la région. Ces divergences n’empêchent donc pas une coopération en ce qui concerne le pétrole.

L’Arabie saoudite souhaite aussi favoriser la hausse des cours parce que c’est une condition importante pour réussir l’entrée en Bourse de 5% du capital de l’Aramco, son entreprise publique pétrolière. Cette dernière est prévue pour le second semestre 2018 et les grandes places que sont le London Stock Exchange (LES) et le New York Stock Exchange (NYSE), autrement dit la City et Wall Street, rivalisent pour attirer ce qui devrait constituer, dans l’histoire, la plus importante des « IPO » (initial public offering, terme consacré pour désigner une entrée en Bourse). En effet, la valorisation de l’Aramco (laquelle déterminera ce que débourseront les investisseurs) se fera à la fois sur la base de ses réserves prouvées de pétrole mais aussi de son chiffre d’affaires avant taxation sans oublier, bien sûr, ses bénéfices. Plus le baril sera élevé et plus la valorisation sera haute et ce, pour le plus grand bien des finances saoudiennes.

Vers un placement direct ?


Pour autant, il existe de sérieux doutes sur la possibilité que cette IPO se fasse dans les temps. Les règles de Wall Street et de la City sont très rigoureuses en ce qui concerne les nouveaux entrants. Pour être cotés dans les plus prestigieux segments de ces marchés, il faut un minimum d’ouverture du capital (au moins 20%), des bilans comptables et financiers remontant à plusieurs années et certifiés cela sans oublier un descriptif clair de la gouvernance de l’entreprise. Or, l’Aramco est une entreprise d’Etat, opaque dans son organisation, et ses chiffres ne sont pas rendus publics dans leur totalité. A cela s’ajoute le fait que Riyad ne veut mettre que 5% de son capital sur le marché. Voilà pourquoi une IPO reste encore incertaine d’où la piste d’un placement direct auprès d’investisseurs de références : les entreprises pétrolières et chinoises seraient déjà sur les rangs en attendant d’autres prétendants. Le feuilleton Aramco ne fait donc que commencer…
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