Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mardi 15 mars 2016

La chronique du blédard : Une histoire de balance

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Le Quotidien d’Oran, jeudi 3 mars 2016
Akram Belkaïd, Paris

Hé, dis donc, t’avais pas le droit de raconter mon histoire. Mais si ! C’est celle de la femme corse qui gifle son mari kabyle parce qu’il a dit que la côte de Ziama était plus belle que toutes les plages de Porto Vecchio. Figure-toi qu’un gars a lu ta chronique et comme il connaissait l’anecdote, il a appelé son cousin qui a fait ses études de médecine avec le mari en question. Maintenant, avec facebook, tout le monde connaît tout le monde ! Au moins, avertis-moi la prochaine fois. J’achèterai le journal.

En tous les cas, j’en ai une autre à te raconter. Non, non, je te jure que ce n’est pas une série. Là, je regarde Baron Noir. Ya khô, c’est superbe ! Bon, ça n’a rien à voir avec House of Cards, mais c’est bien mené et Kad Merad est excellent. Un Algérien, mon frère ! Sidi Bel Abbes... Avant, il y avait la Légion, maintenant c’est le raï, Maïssa Bey et Kad Merad. Là-bas, tout le monde dit qu’il connaît sa famille. S’il y revient, c’est l’émeute. Ce serait bien de lui faire passer le message. Qu’il y passe quelques jours, comme Zidane en Kabylie…

Bon, l’histoire… En fait, il y en a deux. Ça raconte bien l’époque, frangin. La première, c’est dans une classe du primaire. En CM2 ou en CM1, je ne sais plus. L’instituteur, enfin maintenant on appelle ça un professeur des écoles, organise un vote pour je ne sait quoi. Le choix d’une sortie ou l’élection d’un délégué. Tu vois l’intérêt pédagogique : la citoyenneté, la République et tout le reste. Attends, accroche-toi bien : le problème c’est que le type explique à ses élèves que seuls ceux qui sont français ou européens ont le droit de voter. Et comme ça se passe dans une école en milieu plutôt populaire, la moitié des gamins est exclue ! L’histoire arrive aux oreilles de quelques parents qui décident de protester. Ils rencontrent la directrice qui convoque l’instit. Et qu’est-ce qu’il dit pour se défendre ? « Je n’ai fait qu’appliquer les lois de la République. »

Moi j’ai voté Hollande, mon frère. Pas pour ses promesses mais parce que j’en avais assez de Sarkozy et de son identité nationale. Je ne vais pas te mentir. Je ne savais même pas qu’Hollande avait promis le vote aux étrangers pour les élections locales. Mais, maintenant, avec l’histoire des binationaux et tout le reste, ça devient un truc incontournable chez moi. Il faut qu’il s’excuse de ne pas avoir tenu cette promesse et qu’il s’explique. C’est ce que j’ai dit aux militants PS que je croise au marché. Ça ne leur plaît pas. Il y en a même un qui m’a traité de communautariste. Alors, quand on m’a raconté cette histoire, ça m’a fait bondir. Il a fallu que je me calme et que je me dise que ça ne me regardait pas.

L’autre histoire est plus amusante. Là, ça se passe au collège, après un devoir surveillé en physique. Oui, de la physique au collège. Les gamins apprennent de ces trucs aujourd’hui. Tu sais qu’on leur explique ce qu’est un cardan ? Si, en technologie ! A des enfants de onze ans… Et ils sont obligés de le dessiner et tout… Au lieu de les laisser faire du sport, on leur bourre la tête de trucs inutiles… Le cardan : mais qui a pu avoir une idée pareille ? Bref, le devoir se termine mais deux jours plus tard, le prof annonce que tout le monde va devoir le refaire parce que des élèves auraient copié.

Là aussi, les parents s’en mêlent. Ils veulent des explications. Mais tiens-toi bien, ils ne demandent pas qui a copié mais comment le prof l’a su. Alors, pour avoir la paix, le type donne le nom de la pauvre gamine qui est venue se plaindre à lui en disant que ce n’était pas juste que d’autres aient une meilleure note qu’elle après avoir copié. Là où ça se complique, c’est que la gamine est d’origine russe. Tu devines les commentaires des autres parents… L’Europe de l’est, le Kgb et toutes ces réflexions faciles. Oui, c’est vrai, ils auraient dit des choses du même genre si elle avait été suisse. Comment ? Ah oui, d’accord, ils auraient dit les mêmes bêtises si elle avait été suissesse.

Mais ça ne se termine pas là… Un matin, cette fille se rend compte que quelqu’un a écrit au feutre indélébile « té kune balance » sur sa table. Avant, les gamins utilisaient le compas, les temps changent, hein ? Du coup, émotion générale. Pleurs de la concernée, la directrice qui déboule pour demander au coupable de se dénoncer. Comme personne ne moufte, elle sort son portable et prend une photo du graffiti en disant qu’elle va faire appel à un graphologue. Ça m’a rappelé des choses. Tu te souviens à l’Enita ? Le jour où tu as ajouté des noms imaginaires à la liste d’appel que le prof d’anglais voulait ? C’était un aspirant qui venait de rentrer des Etats Unis. Comme il n’arrêtait pas de parler de son Phd, tout le monde a fini par l’appeler Bhv…

Les faux noms en plus, ça l’avait mis fou de rage. Je me souviens de sa voix nasillarde. « The graphology est une science exacte maintenant », voilà ce qu’il répétait. Il passait son temps à mélanger le français et l’anglais… Des trucs comme « ça involve que… ». Bon, tu ne t’es pas dénoncé et on a tous été consignés pour le week-end. Par contre, la coupable qui a traité la petite belge de « balance », l’a fait. Oui, c’était une fille aussi… Ses parents ont fait un scandale en disant qu’il était inadmissible qu’elle soit punie ; que s’en prendre à une dénonciatrice était un acte courageux ; que la délation, c’est mal ; que les enfants n’ont pas à « balancer » parce que, demain, ça va donner naissance à une société policière. Bref, devant tout ce barouf, l’affaire a été plus ou moins étouffée et, finalement, personne n’a été puni. Moi, si j’avais été la directrice, j’aurais mis des claques à tout le monde. Oui, monsieur. Ça aurait remis tout le monde dans le bon chemin !
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vendredi 11 mars 2016

La chronique du blédard : En défense de BDS

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Le Quotidien d’Oran, jeudi 10 mars 2016
Akram Belkaïd, Paris

C’est une question de liberté d’opinion, de droit à l’expression et de droit à l’engagement citoyen. C’est aussi l’illustration de la médiocrité pour ne pas dire plus qui caractérise le discours politique officiel dans l’Hexagone. Depuis plusieurs mois, le Premier ministre français Manuel Valls ne cesse de fustiger celles et ceux qui s’opposent à la politique coloniale de l’Etat israélien. Tel une girouette, celui qui, il y a quelques années encore, réclamait avec vigueur une remise en cause des accords entre l’Union européenne et Israël afin de protester contre le sort fait aux Palestiniens, a donc changé totalement de registre… Pour lui désormais, se revendiquer antisioniste revient à faire preuve d’antisémitisme.

Ce genre de propos n’est pas neutre. Il vise d’abord à empêcher toute critique de l’Etat israélien. La ficelle est grosse et ancienne. Cela fait des décennies qu’elle est utilisée par la propagande de l’état hébreu et par ses nombreux soutiens dans les pays occidentaux. Faire peser le soupçon d’antisémitisme sur les voix pro-palestiniennes vise à disqualifier une solidarité dont la vigueur ne se dément pas. Dans un pays où les fantômes de la Seconde Guerre mondiale et du régime de Vichy continuent de hanter la vie politique, cela contribue à placer les amis des Palestiniens dans une position défensive, obligés qu’ils sont à toujours se justifier et à expliquer qu’ils ne sont ni antisémites ni judéophobes mais qu’ils mènent un combat honorable. Un combat qui consiste à revendiquer pour les Palestiniens, toujours privés d’Etat, les droits que leur dénie Israël.

Ensuite, il faut bien relever que la déclaration de Manuel Valls intervient dans un contexte de contre-offensive menée par le gouvernement israélien et ses soutiens à l’égard du mouvement BDS. Ce dernier qui prône le boycott, le désinvestissement et des sanctions contre Israël est très actif en Occident et il ne se passe pas une semaine sans que l’on apprenne que telle ou telle université ou universitaire américains a décidé de le soutenir si ce n’est de le rejoindre. Même si elles sont niées ou minorées, les pertes financières subies par l’économie israélienne en raison de l’essor de BDS inquiètent le gouvernement de Benjamin Netanyahou.

Dès lors, on comprend ce qui est en train de se jouer en France. Pour Manuel Valls, il ne s’agit pas simplement de faire en sorte que la critique d’Israël soit de plus en plus difficile et malaisée. Il veut passer à la vitesse supérieure et empêcher définitivement que ne s’expriment les appels au boycottage de ce pays et de ses colonies de Jérusalem et de Cisjordanie. Ce dernier point est le plus important. Fondamental même. Au regard de la justice internationale, les colonies qui ne cessent de s’étendre, sont illégales. Cela, Manuel Valls feint de l’oublier. Ni les Etats-Unis et encore moins l’Europe ne sont capables d’imposer à Netanyahou la fin de la colonisation et, encore plus, le démantèlement des colonies existantes.

Le mouvement BDS est donc légitime dans son action et ses objectifs. Contrairement aux divagations que l’on peut entendre et lire ici et là, il ne vise pas à délégitimer l’Etat d’Israël et encore moins le détruire. Son but est de l’obliger à revenir sur la politique coloniale du fait établi. Ce sont le boycott et les sanctions internationales qui ont obligé l’Afrique du sud raciste et ségrégationniste à remettre en cause l’apartheid. C’est ce que veut le mouvement BDS dont certains militants sont encore poursuivis en France. Des poursuites que Christiane Taubira, alors ministre de la Justice, s’est bien gardée d’annuler...

Appeler au boycottage d’un produit, d’une entreprise ou d’un pays est un droit. Cela relève de cette liberté d’expression dont on parle tant depuis plusieurs mois. Cela relève aussi de la conviction et de l’engagement politiques. Nier ce droit et, à l’inverse, l’assimiler à un délit est une démarche dangereuse. Non seulement, elle risque de radicaliser les positions mais, surtout, elle va renforcer l’idée que l’actuel gouvernement français est aux ordres de Benjamin Netanyahou. Bien sûr, on peut ergoter sur le fait qu’il serait plus judicieux, voire plus stratégique, de limiter le boycottage aux colonies mais ce serait ignorer que ces implantations, illégales on ne le répétera jamais assez, ne sont rien d’autre que le prolongement de la politique du gouvernement israélien. Ce dernier ne fait pas que les tolérer. Il les encourage et il les protège.

Il y a quelques années, feu Stéphane Hessel publiait son fameux « Indignez-vous » où il expliquait – à la grande fureur de nombre d’éditorialistes parisiens – que le motif principal de son indignation était le sort fait aux Palestiniens. Rien n’a changé depuis, bien au contraire. On peut effectivement continuer de s’indigner. Mais on peut aussi agir. C’est ce que propose BDS et de la manière la plus pacifique et la plus citoyenne qui soit. Et c’est cela que Manuel Valls entend contrecarrer. 
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jeudi 3 mars 2016

Allez voir "La Vache" de Mohamed Hamidi

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Conseil cinéma : Allez voir "La Vache" !!! 

Un film de Mohamed Hamidi avec Fatsah Bouyahmed, Lambert Wilson, Jamel Debbouze, Julia Piaton et Hajar Masdouki

Bon, au début, je me suis demandé si les Algériens et l'Algérie n'étaient pas les dindons de la farce de ce film. Impression vite dissipée. C'est une belle comédie. Allez-y vite. On se détend, on rit et on oublie les débats et les postures à deux sous du moment. Bravo à Mohamed Hamidi qui continue de tracer son sillon.
Ah, un conseil, ne regardez pas le trailer. Découvrez le film en direct, c'est mieux et hilarité garantie.
Et dites-vous bien que si ce n'est pas de votre faute, c'est celle de...

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mercredi 2 mars 2016

Their Sons in Gaol

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translated from French, by Kenneth BROWN (texte publié en langue française dans Le Jeudi d'Algérie, le 12 mars 1992)

 
Kolea [west Algiers]. Somewhere between the town hall in the centre of town and the surrounding hills there used to be, some years ago, a neighbourhood called Tombourouf. Who remembers it today? The small house where I am welcomed is sad. Nonetheless, the sky is blue and the smell of the mimosas  makes me think of spring. The family are all there to listen to their mother. To interrupt her, to make sure that she doesn't talk about certain things. The words they say, caught by my sensitive microphone, lend a breathing space to a period that's too short. A break in the middle of anxiety. A pause.
 
It's clear that the mother doesn't want to cry. Her weakness doesn't matter. The story is enough. An ode to someone absent.  "I knew that he'd be arrested sooner or later. As soon as people started talking about the arrests, I asked him to shave off his beard. His older brother even begged him to go to the countryside for a few days. You see, in June he stayed quietly at home. But this time he went out every evening. I don't even know where he went. He'd come back late at night. Sometimes, I didn't speak to him at all for two or three days. Ramadan without him is going to be sad. Politics? Of course, he was involved. Like all the boys in the neighbourhood. They're all FIS here. Except the children of the jeweller. Yazid, my boy, didn't get on with them much, because they preferred HAMAS. As for me, I don't understand anything. All I know is that he's down there in the south, and I don't know when I'm going to be able to see him.

The older brother explains things. Yazid was the most active and the most militant of all the boys. He makes an open gesture. "Of course, they left school too early. That's normal. I'm also FIS, but we never agreed on all points." Yazid was arrested at night as he was coming home. His family saw nothing, knew nothing. It was a neighbour  who told them. 
Sighs from the mother.
"It seems that he wanted to let me know, but the soldiers refused. I don't know if I should believe all that because the neighbour exaggerates.
"But why didn't they tell me? Even if he did a thousand stupid things, I've the right to go see him. And who knows if he's in good health? He's not even 20 years old, and I'm afraid for him.
 "Prison is Hell. Now I ask of everyone, even you, to make a prayer of supplication for him.  So that he return safe and sound..."

El-Biar, the infamous housing estate of Africana. Yesterday, people said that it was the territory of young delinquents, prowlers and car thieves; today, other things are said. The new term "Islamist" isn't used yet. 
A tiny two room apartment.
Curiously, there's nothing framed on the wall, not even a verse of the Quran. The mother's eyes are hostile. Her son told her that journalists always lie. 
"They came at ten o'clock in the evening. We were watching TV. From the way they knocked at the door, I understood. He did, as well, and he turned pale. At first, everything was alright. One of them told him to be cool and everything would be fine. And then my son called them Jews. The first time they pretended not to hear. Then he said it again, louder, and their chief slapped him. I screamed, because it was as if they had hit me

"His father tried to calm them, but it was too late. Even th neighbours came down to see what was going on. My son was screaming and so were they. They called him every kind of name, but other than that one slap they didn't hit him again. I don't even know what he did other than that he was with the khwanjiya—-the Muslim Brothers. Maybe it's because of that, but his father and I know nothing of what he and his brothers do. As for the girls, they stay at home. In their case at least we know, but when the boys go out it's finished. Maybe the imbecile did do something, but don't you think that's normal? Look how crowded we are. He wanted to get married this summer, and his father refused because it's impossible for one more woman to live here. So he started going out all  the time, went into politics and the mosque. I was happy because he wasn't going out to get drunk or into trouble. Tell me, do you think that the people who go to bars are also being sent to the south? 

"I'm scared. Because what they're doing will do no good. When he gets out, he'll start all over again. Because he has nothing else to do. They say that there's going to be work for all the young people, and housing. But if he stays down there too long, he'll miss all that. Do you think that he'll be able to get a job after all that?"
 
Hydra. The real neighbourhood of the smart set where Farid rode around in a VW Golf and had everything that a young hittiste—-a street-corner boy—-dreams about. Farid, the son of a bourgeois bureaucrat,  belonged to and was an active militant in the FIS. His story is much more common than one might think.
His mother is an English teacher. For the last year there has been a long hostile silence between her and her son. Then he was arrested. Her words are hard.
"He had become so intolerable that all I wanted was for him to leave the house. At first I thought he was going through a bad patch, but things got worse and he began to try to control our lives. 
"I didn't think that he'd get carried away. I suspected that he was close to the Islamists, that he was making lots of things available to them, like for example his computer; but to go from there to thinking that he was an activist... His father and I tried to find out where he was, but at those moments doors are closed and you can count your friends on one finger. So we waited. Do I seem worried? I am and I'm not, at the same time. I can't believe it. Not really. I think to myself that they just want to frighten them, that it's a lesson; but sometimes I imagine him alone and unhappy, and then I go to pieces. His father says that this will teach him a lesson. I don't know. Where he's at, they're all together, and I fear that when he comes back he'll be even further from us. They'd better not hurt him.

The father  intervenes, mentions the League for the Defense of Human Rights and Amnesty International. She's reassured, falls silent. The cigarette almost drops from her hand. She shakes her head. "The worst thing is that I'm sure that deep down inside himself he's happy about what has happened to him. He never stopped talking about Afghanistan. We did nothing for him to get a reprieve, and so he hasn't been able to get released. But, there, imprisoned with all those FIS people...That will be his future glory.
"I miss him, and despite all that I've just said my only wish is that he come back soon. Very soon."
The housing estate of La Montagne seems to sway under the rain. Life there takes on a predictable appearance. A serene facade. Nothing more to say, to write about this neighbourhood. Too many words, clichés. In this family there's another kind of unease.
Their son hasn't been arrested, at least for the moment. Their story is interrupted by sobs. "When Chadli resigned, my son became infuriated; then two or three days later he calmed down. His eyes were full of laughter. One evening, he prepared a basket, didn't say a thing, neither where he was going, nor what he was going to do; before leaving he spoke with his brother, that's all. He asked me to make an invocation to God for His blessing, and since then we've had no news. A friend of his who worked with him at the post office told me that he'd cashed in all his savings; he left me a bit of money, but he kept a lot of it. One morning the gendarmes came; they didn't want to believe me. They questioned all of the neighbours. You know, it's impossible to get on with everyone; perhaps some of them said something. I don't know what's going to happen.

"He could be anywhere, even in prison without our knowing when or why. I've no longer any desire to do anything, even for Ramadan.
"Luckily my sister's here to help me. For her, it's her husband; but at least she knows where he is, and maybe she'll go to see him. By talking to you, I hope that my son will read your newspaper and at least let us know where he is".
This woman's son has chosen to disappear. Maybe into the Kabylia, or maybe abroad. Who knows? Myths and rumours are already widespread; false papers, false passports, contacts for getting abroad. "Whatever he does, he's my son. And I'll defend him till the end. His brothers will stick by him in the same way."  

Khemis El-Khechna, or Algeria exposed. Here all of the bombastic slogans of yesterday, today, and tomorrow snap and break into a thousand pieces. The people living here are accustomed to uniforms. First of all there are those who regularly pass through in lorries on their way to training in the mountains, and then there was the Bouyali Affair. The police roundups. October, June, and now again. At present all that is of no special interest to a mother whose son wasn't involved. In February 1991, there was a sad story in Dellys. A brawl between the bearded and the unbearded. He was one of those arrested. A verdict of 18 months in prison. Another long story to tell. "He knew nothing, not even about what was going on at the time. In prison, he was with common prisoners. He wanted to be moved.  In August he asked to be moved to Blida with the sheikhs, the Islamist leaders. His lawyer told me it was impossible. Then, after the October mutiny, they transferred him from El-Harrach to Constantine.  I know nothing about all this. I don't understand. 

"All I know is that life is difficult. Prices are high. Life in this world is expensive. My son, he wanted all of this to change. They must forgive him. They should pardon the lot of them. They are their own children. The people of the government, some of them participated in the war of liberation, they have to pardon these kids. A little mercy."  

Boufarik, the oranges, the doughnuts, and the trabendo—-the blackmarket in agricultural goods. A few years ago their son was a local hero, at least in the neighbourhood called Afghanistan.
His return there just before October 1988. The euphoria of military battle. And then Iraq. That strange war and the volunteers for the Battalion of Islam. His arrest was expected, inevitable. There was a sense of relief for his mother, relief from fear. "His travels, his reputation, all that had gone to his head. I'm sure that he would have done ...things. In June 1991 he came home wounded. Yes, wounded.  Bleeding. We were frightened.
"We didn't want him to go to the hospital, so a cousin tried to take care of him. I'm sure he would have done the same thing again. At least for a while now he'll be calmed down, and his younger brother is going to school rather than wanting to be like him.  Maybe now everything will be alright, but do you think they'll pardon him and the others? After all he's no thief."  
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